Paix en Centrafrique : Firmin Ngrebada, un Premier ministre sur la sellette

Son avenir politique se joue peut-être au cours des négociations qui se sont ouvertes à Addis-Abeba pour tenter de sauver l’Accord de paix signé à Khartoum entre le gouvernement de Faustin Archange Touadéra et les groupes armés. Ces derniers critiquent ouvertement le gouvernement inclusif du Premier ministre Firmin Ngrebada dont l’équipe est jugée non inclusive. Désormais les groupes armés réclament son départ, moins d’un mois après sa nomination.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Parmi les thèmes abordés lors des plénières en marge des (re)négociations de l'Accord de paix en Centrafrique, un conclave va particulièrement retenir l'attention. Réunis à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, des représentants du gouvernement centrafricain et des groupes rebelles ouvrent leur première discussion ce mercredi 20 mars sur... la taille du gouvernement !

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Gouvernement inclusif, point d'achoppement de l'Accord de paix

C'est le principal point d'achoppement qui risque de faire capoter l'Accord pour la paix en Centrafrique. Nommé Premier ministre fin février dernier, Firmin Ngrebada avait fini par dévoiler une équipe gouvernementale de 36 ministres qui avait ouvert la porte à plusieurs groupes rebelles signataires de l'Accord de Khartoum. Mais la publication de la liste des membres avait déclenché une série de claquages de portes qui remettait en cause l'accord arraché après de longues négociations.

Aujourd'hui, la nervosité est palpable du côté des groupes armés qui remettent en cause la crédibilité du Premier ministre et le manque d'inclusion de son gouvernement.

Dans un communiqué commun cité par l'AFP, onze d'entre eux exigent formellement le départ du Premier ministre Firmin Ngrebada, arrivé à ce poste moins d'un mois plus tôt, le gouvernement qu'il a formé étant jugé non inclusive.

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«Firmin Ngrebada n'est plus crédible, il ne fait donc plus office d'interlocuteur pour la suite du processus et doit être remplacé aux fonctions de Premier ministre», écrivent en chœur les signataires parmi les 14 groupes armés participant à des discussions ouvertes depuis le 6 mars dernier à Addis Abeba en Ethiopie pour tenter de sauver et faire respecter les termes de l'accord de paix.

Nouveau gouvernement, négociation directe avec Touadera, exigences des groupes

La suite des exigences couchées dans leur communiqué est beaucoup plus extrême: la (re)formation d'un gouvernement d'union nationale plus inclusif et l'ouverture de négociations directes avec Faustin Archange Touadera, le président centrafricain.

La conséquence de la première serait le départ de Firmin Ngrebada pour laisser sa place à une nouvelle tête. A sa décharge, cet ancien directeur de cabinet de l'actuel chef de l'Etat a tenté tant bien que mal de mettre en avant, l'effectif pléthorique s'il accorde 5 postes ministériels chacun dans le gouvernement, sans véritablement convaincre.

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La conséquence de la seconde exigence de groupes armés serait une mise au ban de la communauté internationale. Dans l'attente d'une solution de rechange sur le gouvernement inclusif, elle tente de sauver l'accord en voulant décrocher des avancées sur les autres points de l'accord notamment l'organisation de la réconciliation, la justice transitionnelle ou encore le processus de Désarment Démobilisation Réinsertion (DDR). En face, il semble que ces sujets prépondérants pour les groupes armés soient la taille du gouvernement et les postes qu'ils pourraient y occuper.

Ibrahima Bayo Jr.

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