«Un très proche avenir» ! Pour l'heure, c'est à cette date incertaine que renvoie la Conférence nationale inclusive, celle-là même qui devrait venir en prélude du départ d'Abdelaziz Bouteflika. Incertaine est aussi la date de départ du président algérien alors que son mandat actuel expire le 28 avril prochain.
Mais Abdelaziz Bouteflika semble bien décidé à prolonger son bail constitutionnel au-delà de sa limite légale, comme il le confirme dans son message de ce lundi 19 mars 2019 à l'occasion de la Fête de la Victoire. Une occasion saisie pour répondre aux exigences de changement des manifestations dans les rues du pays.
Nouveau processus électoral pour élire un nouveau président
«Notre pays s'apprête à changer son régime de gouvernance et à renouveler ses systèmes politique, économique et social à la faveur de la Conférence nationale inclusive (...). La mission de cette conférence est d'autant plus sensible, que c'est à elle que revient la tâche d'émettre des décisions cruciales, à même d'opérer le bond qualitatif que réclame notre peuple, notamment les jeunes, un bond que cristallisera une révision constitutionnelle globale et profonde, laquelle sera soumise par référendum à l'approbation du peuple (...)qui préludera à un nouveau processus électoral qui verra l'élection d'un nouveau président», écrit le président algérien dans son message repris en intégralité par la presse locale
Acculé par une rue scandant le changement, Abdelaziz Bouteflika avait ouvert la voie à une alternance à la tête de l'Etat lorsqu'il avait annoncé dans un précédent message, le 11 mars dernier, qu'il renonçait à se représenter pour un cinquième mandat. Dans la foulée, le chef de l'Etat algérien avait reporté sine die, la présidentielle du 18 avril dont la date serait communiquée à l'issue de travaux d'une Conférence nationale inclusive qui déciderait d'une révision de la constitution. Pour calmer la rue, l'exécutif a nommé Noureddine Bedoui au poste de Premier ministre, chargé d'un casting plus jeune et plus inclusif.
Bouteflika s'essaye à la méthode Kabila?
Des dilatoires qui retardent le départ d'Abdelaziz Bouteflika de son fauteuil de la présidence pour au moins une année. Toutes proportions gardées, le président algérien semble emprunter à Joseph Kabila, une stratégie bien connue des Congolais: le «glissement». Le terme recouvre cette propension du chef de l'Etat à prolonger la durée de son mandat au-delà de la limite constitutionnelle, parfois en dehors de toute base légale.
Dans la contestation, la RDC a pu réussir la première transition démocratique pacifique de son histoire à la présidentielle du 30 décembre 2018, avec plus de... deux ans de retard. Arrivé à terme le 19 décembre 2016, le mandat de Joseph Kabila, avait été prolongé, malgré une contestation parfois violemment réprimée, grâce à l'Accord de la Saint-Sylvestre avec l'opposition mais aussi par les faux-fuyants du pouvoir.
Des similitudes avec le cas algérien ? On en est encore loin. En RDC, Félix Tshisekedi a succédé à Joseph Kabila. En Algérie, l'incertitude demeure aussi bien sur la date de la transition tout comme sur les personnalités suffisamment consensuelles pour incarner cette transition. La probabilité de voir Abdelaziz Bouteflika quitter son fauteuil du Palais de la Mouradia est comme la date de cette conférence, incertaine jusqu'à preuve du contraire. Sans doute, le président algérien emprunte-t-il cette stratégie du glissement pour devenir le nouveau Kabila.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !