« Le Maroc est le premier pays à acheminer, par cet itinéraire terrestre inédit, son aide humanitaire et qui sera livrée directement aux populations bénéficiaires », souligne le communiqué du ministère des Affaires étrangères, rendu public ce mardi 12 mars.

À l'heure où les appels de l'ONU se multiplient pour que l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza passe par la voie terrestre au lieu des largages aériens ou par la mer, le Maroc l'a fait. Il a ainsi été le premier pays à acheminer ses aides sans pour autant risquer la destruction des denrées ou bien la chute des cargaisons.

Soutien « indéfectible » au peuple palestinien

Le royaume chérifien, qui a l'habitude de se mobiliser pour le peuple palestinien, organise cette année une opération humanitaire de grande envergure qui se déroule dans un contexte de guerre et de blocus total sur Gaza. « Cette aide, qui coïncide avec le début du mois sacré du Ramadan, intervient pour apaiser les souffrances des populations palestiniennes, et notamment leurs catégories les plus vulnérables », indique la diplomatie marocaine, en mettant en avant la teneur symbolique de cette initiative au premier jour du Ramadan.

L'objectif est de répondre aux besoins urgents de la population gazaouie, en l'absence de perspective de trêve entre Israël et le Hamas, alors que l'ONU alerte sur le risque imminent de famine qui concerne 2,2 millions de personnes.

Ainsi, pour acheminer cette aide au plus vite, un dispositif exceptionnel a été mis en place. Quatre avions appartenant aux Forces armées royales (FAR) ont été mobilisés à partir de la base militaire de Kénitra (40 km au nord de la capitale Rabat), dès dimanche.

L'opération s'est déroulée en coordination avec la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, les Forces armées royales, et les équipes de l'Agence Bayt Mal Al Qods. Une fois les avions marocains arrivés lundi à Tel-Aviv, les aides ont été acheminées ensuite via le passage de Karam Abou Salem entre Israël et Gaza. La cargaison, composée de 40 tonnes de denrées alimentaires, a été réceptionnée par le Croissant rouge palestinien et devrait être distribuée à la population gazaouie.

L'aide contient 25 tonnes de produits alimentaires et 16 tonnes de lait. Elle a consisté en 13 produits alimentaires, dont des produits destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge. L'aide a été prise en charge en grande partie par le roi du Maroc, « sur ses deniers personnels », précise la diplomatie chérifienne.

Le monarque a aussi donné ses instructions à l'Agence Bayt Mal Al Qods, relevant du Comité Al-Qods présidé par le souverain chérifien, pour qu'une aide alimentaire soit fournie aux populations de la ville sainte Al Qods. Ainsi, 2.000 paniers alimentaires bénéficiant à 2.000 familles maqdessies seront distribués et 1.000 repas seront servis quotidiennement aux Palestiniens de la ville. L'opération comprend la mise à disposition de l'hôpital de Jérusalem d'une salle de coordination des urgences. De quoi illustrer le soutien « indéfectible » du roi Mohammed VI au peuple palestinien.

La cause palestinienne au cœur des priorités de la diplomatie chérifienne

Le Maroc n'est pas à sa première opération humanitaire en direction des Palestiniens. Il convient de noter également que la Fondation Mohammed V pour la Solidarité intervient auprès du peuple palestinien depuis deux décennies, en organisant régulièrement, en situation de crise, des interventions d'urgence, à travers l'envoi d'aides alimentaires et de dispositifs de médicaments. En 2018, le Maroc avait déployé un hôpital de campagne médico-chirurgical à Gaza. Plus récemment, en 2023, des avions marocains ont transporté 25 tonnes d'aide humanitaire à la population de Gaza, acheminée via le passage de Rafah depuis l'Égypte.

Il faut dire que la cause palestinienne a traditionnellement été au cœur des priorités de la diplomatie chérifienne. Rabat a toujours affiché son soutien clair et constant à la solution des deux États et l'établissement d'un État palestinien sur la base des frontières de 1967 avec Al-Qods-Est comme capitale.

Le roi Mohammed VI, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a appelé récemment à « l'arrêt immédiat, global et durable de la guerre israélienne sur Gaza » et à « garantir la protection des civils et de ne pas les prendre pour cible ». Le Maroc s'est d'ailleurs montré contre l'éventualité d'un exil forcé et continue de plaider pour le règlement de la question palestinienne, dans l'espoir de réactiver la solution des deux États.