Maroc : Mohammed VI déterminé à améliorer les indicateurs de développement social et humain

En présence des patrons des institutions de Bretton Woods au sein de l'Hémicycle, le souverain chérifien a fait des sujets de la reconstruction post-séisme, de la généralisation de la protection sociale et de la réforme du Code de la famille, la priorité de son message adressé à la nation.
(Crédits : DR.)

Au royaume chérifien, c'est une rentrée parlementaire exceptionnelle. Devant ses invités spéciaux, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, Ajay Banga, président du groupe de la Banque mondiale, assis au premier rang, Mohammed VI a inauguré cette nouvelle année législative, un mois après le puissant séisme qui a frappé le centre du pays faisant près de 3 .000 morts et de 6.000 blessés, en évoquant, dans un premier temps, le chantier figurant en tête des priorités de l'agenda politique national : celui de la reconstruction.

Reconstruction post-séisme : l'heure est à l'action

Face à l'ampleur des dégâts matériels, le Maroc ne lésine pas sur les moyens de la reconstruction des 60.000 maisons qui ont été totalement ou partiellement endommagées. « Si tout tremblement de terre entraîne inéluctablement son lot de destruction, nous sommes animés par la ferme volonté d'agir pour reconstruire », précise le roi Mohammed VI dans son discours prononcé au Parlement à l'occasion de l'ouverture de la 1re session de la 3e année législative.

Cette volonté s'illustre à travers la mobilisation de 12 milliards d'euros, sur une période de cinq ans, pour la reconstruction, le relogement et la valorisation socio-économique des zones touchées par le séisme. Pas moins de 4,2 millions d'habitants sont concernés par cet investissement. Et le monarque d'insister sur la nécessité de « continuer d'apporter aide et assistance aux familles sinistrées, d'entreprendre avec célérité la mise à niveau et la reconstruction des zones touchées, de leur assurer les services de base ».

Alors que le Maroc s'est montré ouvert aux contributions provenant d'ailleurs, la Banque Européenne d'Investissement (BEI) s'est engagée à fournir 1 milliard d'euros pour aider le royaume dans ses efforts de reconstruction post-séisme. Un effort collectif auquel d'autres gouvernements ont souhaité y participer aussi. Le gouvernement britannique a pour sa part annoncé une contribution de 1,45 million de livres sterling, alors que les Pays-Bas ont mis en place un fonds d'investissement de 50 millions d'euros. Tandis qu'en interne, le fonds spécial séisme a réussi, un mois après son lancement, à mobiliser plus de 1 milliard d'euros jusque-là.

S'adressant aux députés et aux membres du gouvernement, Mohammed VI s'est dit fier de voir « la sincérité et la spontanéité avec lesquelles tous les Marocains d'ici et d'ailleurs ainsi que les acteurs de la société civile ont manifesté de mille façons l'esprit d'entraide et de solidarité qui les anime à l'endroit de leurs compatriotes sinistrés ».

Après avoir salué toutes les parties ayant porté secours et assistance aux populations des zones affectées, notamment l'armée, les différentes Forces de sécurité, les départements gouvernementaux et l'Administration territoriale, Mohammed VI a saisi cette occasion pour remercier à nouveau les pays qui se sont montrés « solidaires et secourables à l'égard du peuple marocain » et qui ne sont pas moins de 60 pays au total ayant proposé leurs aides. À noter que Rabat n'a retenu que quatre offres d'aides émanant de l'Espagne, du Qatar, du Royaume-Uni et des Émirats arabes unis.

Si ce tremblement de terre a engendré des pertes humaines et des dégâts matériels importants, il a aussi révélé ce que le roi du Maroc a appelé « les valeurs authentiques de l'âme marocaine », permettant au royaume de surmonter crises et adversités.

Face aux crises et aux adversités, la force de l'identité marocaine

Ces valeurs fondatrices de « l'identité nationale unifiée » sont principalement composées des valeurs religieuses et spirituelles, qui ont fait du Maroc « un modèle réussi de vivre-ensemble, où les Marocains, musulmans et juifs, cultivent l'entente cordiale et le respect envers les autres religions et cultures », souligne Mohammed VI dans son discours.

Pour rappel, le royaume, qui reconnait depuis 2011 l'affluent hébraïque comme partie intégrante de son identité nationale, compte pas moins de 700.000 juifs d'ascendance marocaine. Cette identité nationale est aussi constituée de « l'amour de la patrie et de l'attachement unanime à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale du pays » qui forment le socle de la nation marocaine, dont la Monarchie est la clé de voûte.

Autre composante identitaire, « les valeurs de solidarité et de cohésion sociale inter-catégorielle ». Et Mohammed VI d'appeler les Marocains à s'attacher fermement à ces valeurs face aux « mutations profondes et accélérées » que connait le monde, « ayant conduit à un repli significatif des systèmes de valeurs et des référentiels ». Cette authenticité s'est d'ailleurs manifestée au lendemain du séisme, à travers l'immense élan de solidarité citoyenne observé du nord au sud du pays.

Si la reconstruction, qui devrait bientôt démarrer, est aujourd'hui au cœur des nouvelles directives du souverain chérifien, la plus haute autorité de l'État ne perd pas de vue la nécessité d'instaurer davantage d'égalité entre les femmes et les hommes et de réduire les inégalités sociales.

Le développement social et humain pour combattre les inégalités persistantes

C'est parti pour la deuxième génération de réformes en faveur des femmes et de l'équité conjugale, qui a fait l'objet d'une lettre royale adressée, le 26 septembre dernier, au chef du gouvernement. Un délai de six mois a été donc accordé à l'Exécutif pour formuler des propositions d'amendement, et ce, après concertation avec la société civile. Si la Constitution marocaine identifie la famille comme étant la cellule de base de la société, Mohammed VI la place au centre de cette réforme. Pour le souverain chérifien, « une société saine s'érige sur le socle d'une famille saine et équilibrée ». Et d'ajouter : « Corrélativement, si la famille se désagrège, la société perd inévitablement la boussole ».

Parmi les grands projets et réformes majeures sanctuarisant la famille, la généralisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains d'ici 2025, constituant pour le chef de l'État, « un pilier essentiel de notre modèle sociétal et de développement ». Ce chantier social majeur arrive à une phase critique avec l'opérationnalisation du programme inédit d'aide sociale directe d'ici la fin de l'année en cours, et qui tombe à point nommée un mois après le séisme dont les effets ont touché des milliers de Marocains.

Dans les détails, ce dispositif ne se limitera pas aux allocations familiales, mais concernera également certaines franges nécessiteuses de la société. Qui pourra donc en bénéficier ? Enfants en âge de scolarité, enfants en situation de handicap, nouveau-nés, familles pauvres et en situation de précarité, sans enfants en âge de scolarité, et ménages ayant à charge des personnes âgées.

Tout a été pensé pour réussir son opérationnalisation graduelle. Plusieurs paramètres seront pris en compte, dont l'évolution des crédits alloués. Ce programme sera mis en œuvre selon une vision globale et sera donc adossé au système de ciblage du Registre social unifié (RSU), tout en tirant pleinement profit de l'efficacité des nouvelles technologies. La priorité sera dès lors accordée à « la rationalisation des programmes d'aide sociale existants et la garantie de leur efficacité ainsi qu'à la pérennisation des ressources de financement ». Le strict respect des principes de solidarité, de transparence et d'équité dans l'attribution de l'aide est clairement exigé par le chef de l'État, ainsi qu'une bonne gouvernance de ce projet. De ce fait, un mécanisme ad hoc de suivi et d'évaluation sera mis en place.

Le royaume chérifien, classé 123e au niveau de l'indice de développement humain par le rapport du PNUD publié en 2022, est déterminé à changer la donne cette fois-ci, en rehaussant le niveau de vie des familles ciblées par le programme d'aide sociale, en vue de combattre la pauvreté et la précarité.

À l'issue du discours prononcé par le souverain, une audience royale a été réservée au président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et à la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, présents au Maroc à l'occasion de la tenue des Assemblées annuelles à Marrakech du 9 au 15 octobre. Cet événement planétaire, ressemblant 14.000 participants, s'est soldé par l'adoption de la Déclaration de Marrakech, appelant à une « architecture financière mondiale plus équitable et plus propice au développement de l'Afrique ».

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