Maroc : Mohammed VI définit les nouveaux seuils à franchir lors du discours annuel du trône

De la consolidation de l’Etat social à la résilience économique, en passant par les relations marocco-algériennes et la cause palestinienne, le souverain chérifien a placé « le sérieux » au cœur de ses nouvelles directives, à l’occasion de son allocution marquant ses 24 ans de règne.
Mohammed VI prononçant le discours du trône 2023
Mohammed VI prononçant le discours du trône 2023 (Crédits : MAP)

« Notre pays vit au rythme de la symbiose qui unit indéfectiblement le Trône et le peuple, engagés naturellement dans une mutuelle et constante écoute. Fort de ces atouts, le Maroc fut jadis en capacité de mettre en place les structures d'un État-Nation, aujourd'hui dépositaire d'une histoire multiséculaire », a commencé par dire le roi Mohammed VI, dans son discours de ce samedi pour la Fête du Trône, en marquant sa satisfaction de voir son pays «surmonter bien des difficultés». Alors que la dynamique de développement du Maroc a atteint un stade de «maturité avancée», la prochaine étape consistera donc à «franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès et pour échafauder des réformes, des projets de plus grande envergure, dignes des Marocains», a-t-il précisé. Et de rappeler la performance des Lions de l'Atlas à la Coupe du monde au Qatar en 2022, une première historique pour une équipe africaine.

 Les "exploits" de la jeunesse marocaine mis en avant

«Chaque fois que la jeunesse marocaine a eu les moyens de donner la pleine mesure de son sérieux et de son patriotisme, elle a fasciné le monde par des performances d'un calibre inédit », a-t-il indiqué, se montrant fier des images de la ferveur patriotique, de l'unité et la cohésion familiale et populaire. C'est dans ce sillage que  le Maroc a décidé, avec l'Espagne et le Portugal, de présenter une candidature conjointe pour abriter la Coupe du monde 2030, qui marquera la 100e édition de cet événement sportif majeur.

Annoncée en mars dernier, cette candidature à forte teneur symbolique, représente pour le roi du Maroc « une passerelle entre deux continents et deux civilisations : l'Afrique et l'Europe », puisqu'elle rassemble les deux rives de la Méditerranée. Candidat pour la sixième fois à l'organisation de cette compétition, le Maroc y voit l'incarnation de «l'ambition qui anime les peuples de la région d'avancer ensemble vers plus de collaboration, d'entente et de communion», a affirmé le souverain chérifien, qui depuis, son accession, place le sport au cœur du processus du développement de son pays. Et pour preuve : sa décision de créer en 2009 l'Académie Mohamed VI, qui a nécessité un investissement de 140 millions de dirhams, soit 13 millions d'euros. Il convient de souligner que ce centre de formation est devenu aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs de l'équipe nationale.

Au sujet de la jeunesse marocaine toujours, deux atouts, selon le monarque, caractérisent celle-ci : «un génie créateur» et «un esprit novateur». Mohammed VI a ainsi saisi cette occasion pour mettre en avant les nombreux exploits réalisés récemment par cette jeunesse, dont la première voiture marocaine réalisée par Neo Motors ainsi que le premier prototype de voiture à hydrogène développée par NamX. Des projets qui témoignent du «génie marocain» et attestent de «la confiance placée dans les capacités intrinsèques de nos jeunes », a-t-il dit, en les encourageant à redoubler d'inventivité et de créativité. Avec le lancement de ces voitures marocaines, l'objectif visé  désormais par Mohammed IV est de «conforter le positionnement du Maroc en tant que destination majeure pour les investissements productifs» et de «promouvoir le label Made in Morocco». Les chiffres ne manquent par d'ailleurs pour illustrer l'ampleur de ces projets qui vont permettre au Maroc d'intégrer le club restreint des constructeurs automobiles. En effet, 27 000 unités est la capacité annuelle prévisionnelle que souhaite atteindre Neo Motors, à travers son unité industrielle située dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. D'ici fin 2026, le Maroc prévoit de produire son premier modèle de véhicule à hydrogène, un grand 4X4 qui fait 5 mètres de long, 2 mètres de large. Un nouveau cap a donc été franchi avec ces projets novateurs portées par des compétences locales. Désormais, l'enjeu est de saisir les nouvelles opportunités dans un environnement international tumultueux.

Relance et résilience de l'économie marocaine

«Les répercussions de la crise mondiale, conjuguées à des années de sècheresse successives au niveau national, ont contribué au renchérissement du coût de la vie et au ralentissement de la croissance économique», a souligné le souverain chérifien. Concerné par l'impact négatif de cette conjoncture internationale, notamment sur les franges de la population et sur les secteurs les plus touchés, Mohammed VI a donc donné ses instructions au gouvernement pour adopter «les mesures nécessaires» et «assurer l'approvisionnement des marchés en produits de base».

Ce discours, qui intervient dans un contexte où le chantier structurant de la protection sociale a atteint une étape critique, a été l'occasion de rappeler l'échéance prévue pour que les prestations sociales commencent à être servies aux ménages ciblés, soit la fin de l'année 2023. «Notre souhait est que ce revenu direct contribue à l'amélioration des conditions de vie de millions de familles et d'enfants dont nous ressentons la détresse», a-t-il indiqué.

Les enjeux du stress hydrique semblent préoccuper également le souverain chérifien, qui a donc ordonné l'élaboration du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et d'irrigation pour la période allant de 2020 à 2027. Et de préciser que les étapes de sa mise en œuvre doivent faire l'objet d'un «suivi minutieux ». La sécurité hydrique du pays étant visiblement une ligne rouge, le Chef de l'État n'a pas hésité à mettre en garde contre toute forme de «mauvaise gouvernance », de «mauvaise gestion » ou d'«exploitation anarchique et irresponsable de l'eau».

Maintenant que les signes d'un recul progressif des tensions inflationnistes commencent à se préciser à l'international, le monarque appelle à «instaurer un climat de confiance et saisir les nouvelles opportunités», en vue de renforcer la relance et la résilience de l'économie marocaine. Au cœur de cette dynamique, le domaine des énergies renouvelables qui a connu récemment le lancement du programme d'investissement vert du Groupe OCP et le projet «Offre Maroc» pour l'hydrogène vert, élaboré par l'Exécutif. Et d'insister sur «la mise en œuvre rapide et qualitative» de ce projet. Objectif :  «valoriser les atouts» dont dispose le pays en la matière et «répondre au mieux» aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière. De quoi faire du Maroc un des pays les plus industrialisés et les plus verts du continent.

Sahara et conflit israélo-palestinien au cœur de la doctrine diplomatique de Rabat

À cette dynamique économique, s'ajoute la dynamique internationale que connaît le pays dans le dossier du Sahara, devenu désormais le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. Et Mohammed VI de rappeler des reconnaissances en cascade de la souveraineté du Maroc sur ses Provinces du Sud, dont celle de l'État d'Israël. Il évoque aussi le «soutien accru en faveur de l'Initiative marocaine d'autonomie», qui s'est matérialisé à travers l'ouverture d'une trentaine de consulats à Dakhla et à Laâyoune.

La reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara annoncée récemment n'a aucunement impacté «la position inébranlable du Maroc en faveur de la Cause palestinienne juste et des droits légitimes du peuple palestinien», réitère le souverain chérifien. En effet, Rabat a toujours plaidé pour la solution soutenant «l'établissement d'un État indépendant ayant Al-Qods orientale comme capitale» et apportant «sécurité et stabilité aux peuples de la région», insiste-t-il.

La question du Sahara continue d'être néanmoins au cœur des tensions entre le Maroc et l'Algérie. En réponses à ceux qui demandent à savoir où en sont les relations Rabat et Alger, Mohammed VI a affirmé que celles-ci demeurent «stables», en exprimant son souhait à ce qu'elles soient «meilleures».

Alors que les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rompues par l'Algérie de façon unilatérale en août 2021, le roi du Maroc s'est adressé une nouvelle fois aux Algériens en leur assurant qu'ils n'auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc. Et de confirmer son attachement aux liens d'affection et d'amitié, aux échanges et aux interactions entre les deux peuples. Le refus algérien de la main tendue du Maroc à plusieurs reprises n'a pas empêché cependant le roi Mohammed VI d'appeler à « un retour à la normale et une réouverture des frontières», fermées depuis 1994 à l'initiative de l'Algérie.

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