Délestages au Tchad : les raisons du double limogeage à la SNE

Face à la colère, Idriss Deby s’est résolu à user de sa canne présidentielle. Ce vendredi 23 mars au soir, par décret annoncé à la télévision nationale, le président tchadien a opéré un important changement à la tête de la Société nationale d’électricité(SNE). Mahamat Adoum Ismaël, son directeur général et Hamid Djouminho Djouma, son adjoint, ont tous les deux été limogés sans autre forme d’explications. Les deux hommes paient le prix des délestages intempestifs enregistrés dans le pays, notamment à N’Djamena. Explications sur ce double limogeage.
Ibrahima Bayo Jr.

Un changement de tête pour calmer la colère des N'Djamenois et même bien au-delà. Lorsqu'il empruntait les escaliers, le désormais ex-directeur de la Société nationale d'électricité (SNE) a sans doute dû croiser celui qui prend, au lendemain de son limogeage, le fauteuil de son bureau de la Rue du Colonel Largeau.

Un double limogeage pour calmer la colère face aux délestages

Mahamat Adoum Ismaël et Hamid Djouminho Djouma ont été respectivement éjectés de leur fauteuil de directeur général et directeur général adjoint de la SNE, en charge de l'alimentation et la distribution de l'électricité dans le pays. Le décret du double limogeage a été avare en explications sur l'éviction de l'ancien patron des patrons et son adjoint. Mais les coupures intempestives d'électricité jusque dans la capitale ne sont pas étrangères à la décision d'Idriss Deby.

Depuis plus de dix ans, le Tchad vit se paradoxe d'être un pays au sous-sol riche en pétrole dans lequel les populations vivent la tête plongée dans l'obscurité. Longtemps brocardée par les utilisateurs, la SNE se retrouve au cœur des accusations d'une mauvaise distribution de l'électricité si ce n'est la faiblesse du voltage. Résultat, l'électricité est distribuée par rotation dans les localités... sans règles claires. Des quartiers entiers se retrouvent parfois privés de lumière pendant plus d'une demi-journée tandis que des quartiers dits « aisés » sont alimentés.

Au sein de la SNE, on explique le déficit dans la distribution d'électricité par une lacune dans l'approvisionnement en carburant, principale énergie qui fait fonctionner les groupes électrogènes du réseau. Certaines mauvaises langues penchent même pour des spéculations sur les prix de carburant par des fournisseurs véreux. D'autres évoquent un parfum de détournements présumés de l'enveloppe destinée à cet approvisionnement. En plus de la pression de la chaleur sur les installations électrogènes, l'explication sur l'arrêt des turbines est sans doute entre les deux versions.

Une révolution énergétique pour mettre fin aux coupures d'électricité

Dans tous les cas, avec ce double limogeage, Idriss Deby calme la colère des Tchadiens alimentée par les délestages. Provisoirement seulement. A la tour de contrôle de la SNE, Jean-Paul Mbatna, occupe désormais le  poste de directeur général, secondé par Nassour Mahamat Delio. Le nouveau patron de la SNE n'est autre que Jean-Paul Mbatna, ancien directeur général de l'Agence pour le développement des énergies renouvelables (ADER).

Cet ingénieur en mécanique énergétique formé en France aura fort à faire pour la fin des coupures d'électricité, devenues le serpent de mer de la gestion Deby. Nul doute que sous sa direction, la SNE va se mettre aux énergies vertes. Une chance pour une révolution énergétique au Tchad. La question qui électrise le débat : sera-ce suffisant pour mettre fin aux délestages ?

Ibrahima Bayo Jr.

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