Le Ghana autorise Tullow Oil à pratiquer la méthode controversée de torchage de gaz

La compagnie pétrolière Tullow Oil obtient le feu vert des autorités ghanéennes pour pratiquer du torchage au niveau de ses champs pétroliers TEN et Jubilee. Cette dérogation intervient alors que la société traverse des turpitudes, par lesquelles, elle justifie le recours à cette méthode polluante.
L'on considère que chaque année, dans des milliers de champs pétrolifères à travers le monde, ce sont plus 140 milliards m3 de gaz qui sont brûlés (torchés) et rejetés inutilement dans l'atmosphère.
L'on considère que chaque année, dans des milliers de champs pétrolifères à travers le monde, ce sont plus 140 milliards m3 de gaz qui sont brûlés (torchés) et rejetés inutilement dans l'atmosphère. (Crédits : Reuters)

Acculé par une série d'événements et de contre-performances, la compagnie pétrolière et gazière Tullow Oil a reçu l'autorisation des autorités d'Accra afin de recourir à la technique très controversée de torchage, si nécessaire. Cette dérogation devrait aider la société en difficulté à soutenir ses opérations offshores. Sans le recours à ce procédé, le groupe très endetté est contraint de stocker le gaz indésirable dans les réservoirs, compromettant ainsi ses capacités de production alors la décision devrait lui permettre de « maintenir l'intégrité des champs Jubilee et TEN », a expliqué la compagnie pétrolière. La société en proie à des difficultés techniques, opérationnelles et financières a, dans son bilan 2019, annoncé une dette de 1,5 milliard de dollars pour boucler une année difficile. Des difficultés relatives notamment à la baisse des prix du pétrole et à une réduction des réserves du champ pétrolier de TEN au Ghana.

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Une pratiqué décriée

Des circonstances atténuantes, par lesquelles Tullow Oil justifie cette pratique, qui consiste à brûler les rejets de gaz à différentes étapes de l'extraction du pétrole. La technique est responsable du rejet dans l'atmosphère d'environ 350 millions de tonnes d'émissions en équivalent CO2 chaque année. Des rejets, contenant du méthane, particulièrement nocifs, qui constituent un gaspillage des ressources énergétiques.

« Selon de nouvelles estimations reposant sur des données recueillies par satellite, le torchage de gaz sur des sites de production pétrolière dans le monde a augmenté de 3 % en 2018, à 145 milliards de mètres cubes — l'équivalent de la consommation annuelle totale de gaz en Amérique centrale et du Sud », a prévenu la Banque Mondiale en juin 2019, qui lutte contre la pratique depuis plusieurs années.

En 2015, le secrétaire général des Nations Unies, le président de la Banque mondiale et 25 pionniers ont lancé l'initiative « Zero Routine Flaring by 2030 » pour bannir cette pratique lors de l'exploitation de nouveaux champs pétroliers et de parvenir d'ici 2030 à des solutions pour les sites déjà exploités. L'initiative rassemble désormais plus de 80 pays, compagnies pétrolières et institutions de développement.

« Ce méga gaspillage entraîne une pollution due à l'émission annuelle de plus de 300 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent des émissions produites par quelques 77 millions de voitures. Si ce gaz était utilisé dans la production d'électricité, il fournirait plus de 750 milliards de kWh. Une quantité bien supérieure à la consommation actuelle de l'ensemble du continent africain », a estimé l'organisation des pays afrifains producteurs de pétrole (APPO).

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