À moyen terme, la croissance devrait dépasser les 4 % en Afrique de l'Ouest

Malgré les chocs successifs, les perspectives de croissance du PIB de la sous-région restent positives et devraient augmenter légèrement pour atteindre 3,9 % en 2023 et 4,2 % en 2024.
Le port d'Abidjan, un des plus importants de la sous-région ouest-africaine, a enregistré en 2021 une hausse de 11,7 % du trafic global de marchandises, par rapport à l'année 2020.
Le port d'Abidjan, un des plus importants de la sous-région ouest-africaine, a enregistré en 2021 une hausse de 11,7 % du trafic global de marchandises, par rapport à l'année 2020. (Crédits : DR)

Les conclusions du nouveau rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques de l'Afrique de l'Ouest sont plutôt prometteuses, alors que la sous-région a connu un ralentissement de sa croissance économique au cours de l'année écoulée (à l'exception du Cabo Verde, de la Gambie, de la Guinée, du Mali et du Niger).

Publié le 27 juillet dernier, le rapport évalue les performances économiques de 15 pays d'Afrique de l'Ouest, en l'occurrence le Bénin, le Burkina Faso, le Cabo Verde, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
Impact des chocs successifs

Intitulé Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique de l'Ouest, le rapport de la banque panafricaine présente les principales tendances économiques en 2022 ainsi que des prévisions économiques à moyen terme (2023-2024) pour la sous-région. Il évalue également les stratégies visant à accélérer la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique de l'Ouest.

Le rapport note que le produit intérieur brut moyen de l'Afrique de l'Ouest a ralenti, passant de 4,4 % en 2021 à 3,8 % en 2022, ce qui implique que la reprise de la croissance après le ralentissement de 2020 s'est ralentie.

Ce ralentissement de la croissance reviendrait, entre autres facteurs, à des chocs successifs tels que la résurgence du  Covid-19 en Chine, un partenaire commercial majeur des pays de la région. « L'invasion de l'Ukraine par la Russie a également provoqué des pressions inflationnistes sur le coût des denrées alimentaires, des carburants et des engrais dans de nombreux pays de la région de l'Afrique de l'Ouest », notent les économistes de la BAD.

Le rapport révèle en outre que les économies avancées ont également resserré leur politique monétaire, ce qui a accru l'aversion au risque à l'échelle mondiale et augmenté les pressions sur les taux de change. Il note néanmoins que les perspectives de croissance du PIB de la région sont positives et devraient augmenter légèrement pour atteindre 3,9 % en 2023 et 4,2 % en 2024.

Quelles ressources pour une transition vers la croissance verte ?

Le rapport 2023 des Perspectives économiques de l'Afrique de l'Ouest note que l'adaptation aux changements climatiques et l'épuisement des ressources naturelles de la région offrent aux entreprises et aux gouvernements l'occasion de s'engager sur la voie d'une croissance durable et verte.

Selon le rapport, « l'Afrique de l'Ouest dispose d'un énorme potentiel pour parvenir à une croissance verte, l'industrialisation verte étant la voie la plus évidente ». Les raisons qui militent en faveur d'une croissance verte dans la région sont nombreuses : impacts et risques liés aux changements climatiques, épuisement du capital naturel, pauvreté et insécurité alimentaire, création d'emplois limitée et nombreuses enclaves à forte intensité de capital.

Commentant les conclusions du rapport, Kevin C. Urama, économiste en chef et vice-président en charge de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances de la BAD, explique que de multiples défis avaient entraîné une hausse des taux d'intérêt et alourdi les paiements au titre du service de la dette pour les pays africains. « Ces défis comprenaient notamment les changements climatiques, l'inflation due à la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation des chaînes d'approvisionnement, ainsi que le resserrement de la politique monétaire aux États-Unis et en Europe », ajoute-t-il.

« L'Afrique est lésée en matière de financement climatique. Le continent aura besoin de 235 à 250 milliards de dollars par an jusqu'en 2030 pour réaliser les investissements prévus dans le cadre de ses contributions déterminées au niveau national. Pourtant, l'Afrique n'a reçu qu'environ 29,5 milliards de dollars de financement climatique entre 2019 et 2020 », rappelle Urama.

Déficit patent du financement de l'adaptation aux changements climatiques

Le financement du secteur privé pour soutenir l'adaptation aux changements climatiques et l'atténuation de leurs effets en Afrique est estimé à seulement 4,2 milliards de dollars pour la période 2019-2020, soit le montant le plus faible de toutes les régions du monde.

Le déficit de financement climatique du secteur privé en Afrique devrait atteindre 213,4 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030. « L'Afrique peut accélérer sa transition vers le développement vert en optimisant son capital naturel, estimé à environ 6 200 milliards de dollars en 2018 », commente l'économiste en chef de la BAD.

Toutefois, le continent ne tirait pas le meilleur parti de ses ressources naturelles en raison de leur mauvaise évaluation, de leur dégradation, des flux de capitaux illicites et des pertes subies en matière de redevances et d'impôts.

Enfin, et comme le rappelle Guy Blaise Nkamleu, économiste en chef pour l'Afrique de l'Ouest de la Banque africaine de développement, « pour stimuler le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte, les gouvernements d'Afrique de l'Ouest doivent déployer des instruments et des mécanismes innovants pour attirer des financements du secteur privé ».

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