Kenya : Uhuru Kenyatta assuré d’être élu, Raila Odinga conteste, comme prévu

Comme l’ouverture des bureaux de vote la veille, les résultats sont tombés très tôt au lendemain d’une présidentielle que l’on annonçait déjà serrée. Ce mercredi matin, la commission kényane donne Uhuru Kenyatta en tête des résultats face à son rival, Raila Odinga après dépouillement de plus de 95% des bulletins. Le président sortant est bien parti pour rester sur le fauteuil du State House. Mais avant même la publication des résultats, l’opposant historique dénonce les résultats et fait planer le spectre d’une contestation post-électorale violente.
Ibrahima Bayo Jr.
Le remake du duel présidentiel de 2013 semble avoir tourné à l'avantage d'Uhuru Kenyatta (à gauche) face à Raila Odinga qui conteste les résultats provisoires

Les résultats ne sont que provisoires au moment où nous mettions en ligne, mais le duel semble déjà avoir tourné à l'avantage du président sortant. Uhuru Kenyatta est sorti en tête des résultats de la présidentielle du 8 août 2017, selon les premiers chiffres publiés par la commission électorale.

Plus de 50% pour Uhuru Kenyatta, Raila Odinga, pas d'accord

Dans le détail, avec plus de 97% de bulletins dépouillés, Uhuru Kenyatta est crédité de 8,06 millions de voix soit 54,28 % contre 6,6 millions de voix soit 44,84% des suffrages. Les résultats, donnés presque minute par minute, sont actualisés en temps réel grâce à un système informatisé d'identification des électeurs, de centralisation et de transmission des résultats.

Le remake de la présidentielle de 2013 qui a porté Uhuru Kenyatta au pouvoir, a tourné au désavantage de Raila Odinga. A 72 ans, le chef de la NASA (National Super Alliance), une coalition de partis d'opposition, vient de perdre la quatrième présidentielle de sa longue carrière politique.

Mais l'opposant historique ne compte pas en rester là. Il a d'ores et déjà activé une riposte politique qu'il maîtrise bien. Après avoir déclenché la crise post-électorale de 2007-2008 par une contestation des résultats de la présidentielle qui a déclenché des violences ayant entraîné 1.100 morts, Raila Odinga fait à nouveau planer le spectre d'un rejet du scrutin de 2017.

« Nous savons que des individus ont piraté la base de données [informatique] de la gestion des élections de IEBC [la commission électorale, ndlr] et ont travesti la volonté des Kenyans de choisir leurs leaders », a réagi Raila Odinga sur son compte twitter.

Vers une contestation post-électorale?

Quelques heures plus tôt, le chef de file de l'opposition dénonçait des « résultats fictifs et faux », manipulés via une « fraude massive et généralisée ». Raila Odinga dénonçait un piratage du système informatique de la commission par des individus qui ont usé des identifiants de Chris Msando, le directeur informatique de la commission, enlevé et tué une semaine avant le vote.

La machine de la contestation des résultats semble déjà avoir été lancée. En plus d'une opposition qui dénonce des chiffres provisoires contraires à leurs projections, Raila Odinga réclame la remise des procès-verbaux de certification des résultats, signés par les observateurs des partis dans chaque bureau de vote.

Dans l'ouest du pays, les effluves de cette contestation ont débuté dès l'annonce des premiers chiffres. Dans la province de Kisumu, la police a dispersé des contestataires appartenant au camp de Raila Odinga à coup de gaz lacrymogènes. Comme en 2007, ce sont les échauffourées entre policiers et manifestants qui ont déclenché les violences meurtrières.

En 2013, Raila Odinga avait contesté les résultats qui le donnaient perdant par la voie judiciaire. Cette fois-ci, l'homme qui joue son va-tout appelle ses partisans au calme tout en indiquant ne pas « contrôler le peuple ». Dans le souvenir des violences meurtrières de 2007, les Kényans retiennent leur souffle. La crainte d'une escalade est plus que jamais présente.

Ibrahima Bayo Jr.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.