Imaginez  !

Plus de frontières de Tanger au Cap et de Dakar à Dar Es Salam. Libre circulation des biens et des services entre les quatre coins du Continent. Une vision stratégique harmonisée et des investissements croisés à foison. Imaginez une Afrique qui va au-delà de son nuancier de pays pour enfin tracer les jalons d'une intégration féconde sur le socle de sa destinée commune.
(Crédits : DR)

A l'heure où le protectionnisme reprend du galon sous la férule du truculent Trump et où la cote de l'intégration est sérieusement impactée le Brexit, tout cela semble relever de la douce rêverie. Si l'on y ajoute le contexte africain marqué par les divergences politiques, le différentiel économique ou encore la polarisation linguistique, il n'y a plus qu'un pas à franchir pour invoquer l'utopie pure et dure.

Zone économique de libre échange continentale

Pourtant, 44 pays africains ont paraphé, le 21 mars dernier à Kigali, l'acte fondateur d'une zone économique de libre échange continentale (ZLEC). En attendant que les autres leur emboitent le pas dès juillet prochain à Nouakchott, comme l'espèrent les responsables de l'Union africaine, même s'il sera sans doute difficile de convaincre un Buhari acculé par la levée de boucliers de larges pans du patronat nigérian. Et c'est justement là le véritable nœud gordien plus encore que le contexte ou les chroniques de Londres ou Washington.

Il faudra à n'en pas douter plus que de la pédagogie et de la persuasion pour infléchir la position de ceux qui craignent que l'érosion des frontières ne fasse vaciller leurs acquis. Des intérêts économiques souvent bien établis appréhendent en effet la question de l'intégration continentale sous l'angle de la menace et non de l'opportunité. Pire, ils peuvent par opportunisme se faire les alliés objectifs des nationalistes de part et d'autres des frontières qui agitent le spectre de la peur de l'étranger ou plus prosaïquement celui de l'autre, même voisin, pour battre en brèche toute velléité d'ouverture.

Maroc-CEDEAO

C'est dans ce sens que le Maroc qui a soumis sa demande d'adhésion à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a d'abord reçu, le 4 juin 2017 à Abuja, l'accord de principe des chefs d'Etats de la Communauté avant que son adhésion ne soit freinée sous les coups de boutoirs de certains pools économiques de la région. Aujourd'hui, le royaume déploie son dispositif pour contourner les réticences et aller de l'avant dans sa volonté d'intégration en ligne avec sa stratégie africaine assumée. Il ne s'agît nullement d'adhérer à la CEDEAO à l'insu de son tissu économique mais de faire la preuve par les actes que cette intégration sera d'un mutuel bénéfice, argue-t-on du côté des officiels marocains. Dont acte.

Plus à l'est, à l'autre bout du Continent, on semble faire fi des écueils pour engranger plus de points de PIB grâce aux dividendes d'une intégration plus poussée. Les projets d'infrastructure transrégionaux foisonnent et même les stratégies sectorielles sont désormais harmonisées entre pays frontaliers. Pragmatisme anglophone ? Pragmatisme tout court... et une preuve par les faits et les chiffres que cela peut fonctionner. Aux autres régions du Continent de s'en inspirer en respectant leurs spécificités. Quant aux accords, leur littérature et surtout leurs points d'achoppement, aux experts de trancher au-delà de tout dogme ou idéologie.

D'ici là et chemin faisant, La Tribune Afrique continuera d'accompagner les mutations d'Un Continent en marche, de sonder les Magnitudes de ses secousses politiques, de challenger ses Champions du sud et de mettre en lumière le Leapfrog africain. Forte de ses tribunes Think Tank, de ses analyses d'expert et de ses Parole de griot, notre publication prend de la hauteur et adopte le format magazine pour coller au plus près des attentes de son exigeante audience. Agréable lecture !

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Commentaire 1
à écrit le 19/04/2018 à 10:13
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JE l'imagine parfaitement d'autant que l'échec cuisant de notre consortium financier européen ne peut que montrer ce qu'il ne faut surtout pas faire dans une union de ce genre, la laisser guider par l'argent et non par la politique. L'UE a voulu ...

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