Egypte : l’alliance Moscou-Le Caire se précise

Le Caire et Moscou semblent bien partis pour renouer avec l’alliance des années 1950 à 1970. La visite de Vladimir Poutine en Egypte vient consacrer cette reprise avec l'annonce d'un accord portant sur la construction d’une centrale nucléaire qui devrait être finalisée en 2029.
Amine Ater
Les présidents Vladimir Poutine et Abdel Fattah al-Sissi.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reçu le lundi 11 décembre son homologue russe Vladimir Poutine au Caire. Les discussions entre les deux chefs d'Etats porteront sur la construction d'une centrale nucléaire en Egypte et les tensions suscitées au Moyen-Orient après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Donald Trump.

Retour aux sources

Cette visite du président russe en Egypte reflète le grand retour de Moscou dans la région et notamment l'approfondissement des liens avec l'Egypte, alors que la Russie avait perdu son influence sur la région en 1974 après le revirement pro-américain opéré par le président Anouar Al-Sadate. Le Caire continue jusqu'à aujourd'hui de récolter «les fruits» de cette rupture, puisque l'Egypte est le deuxième pays bénéficiaire de l'aide militaire américaine après Israël.

Les gouvernements égyptiens et russes ont ainsi conclu un accord pour la construction d'une centrale nucléaire et la reprise des vols charters russes vers l'Egypte. Moscou avait interrompu le trafic aérien civil vers l'Egypte en 2015, après l'attaque perpétrée contre un vol de la compagnie russe Metrojet en provenance de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, qui avait causé la mort de 224 personnes.

Après le barrage d'Assouan, la centrale de Dabaa

Le projet de la centrale nucléaire de Dabaa devrait mobiliser une enveloppe de 21 milliards de dollars, selon la compagnie nucléaire russe Rosatom. Le complexe devrait être livré entre 2028 et 2029 et comptera quatre réacteurs. Cette signature vient finaliser l'accord initial signé entre les deux pays en 2015 et qui avait confié la construction à la Russie, qui pour sa part avait accordé un prêt à l'Egypte pour couvrir les coûts de construction.

Ce n'est pas la première fois que la Russie contribue à la construction d'infrastructures lourdes en Egypte. Entre 1960 et 1970, l'ex-URSS avait  finançait les travaux du barrage d'Assouan, allant jusqu'à dépêcher sur place plus de 2 000 experts et techniciens. La reprise entre les deux pays s'étend également au domaine militaire, Le Caire et Moscou ayant discrètement conclu un accord en novembre dernier permettant aux aviations militaires des deux pays un accès à leurs bases aériennes respectives.

Entente de raison

Parallèlement, les relations entre Le Caire et Washington se sont largement détériorées depuis le coup d'Etat de 2013. Les Etats-Unis ont décidé en août dernier d'accorder à l'Egypte 97,5 millions de dollars d'aide, puis de retarder une seconde aide de 195 millions de dollars. Une décision justifiée par «l'incapacité» du gouvernement égyptien à «progresser» en matière de droits de l'homme et de démocratie.

Les intérêts russes et égyptiens dans la région se rejoignent particulièrement en Libye où les deux pays soutiennent ouvertement la faction dirigée par Khalifa Haftar. Contrôlant la zone frontalière avec l'Egypte, Haftar aurait bénéficié à plusieurs reprises d'un soutien aérien égyptien, alors que des responsables américains soutiennent que la Russie aurait déployé des forces spéciales en Egypte, dans la base de Sidi Barrani proche de la Libye.

Amine Ater

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