Togo : vingt manifestants libérés, l'autre geste d’apaisement de Faure Gnassingbé

Pris dans le feu d’une contestation depuis le mois d’août, Faure Gnassingbé veut aller vite au dialogue. Le président togolais multiplie les gestes d’apaisement pour convaincre l’opposition de s’asseoir à la table des négociations. Après la libération des imams de Sokodé et de Bafilo, l’Exécutif togolais a procédé à la libération de vingt manifestants.Seraitt-ce suffisant pour commencer à désamorcer la crise politique ? Les détails.
Ibrahima Bayo Jr.
Des manifestants de l'opposition le départ du président Faure Gnassigbé, le 7 septembre 2017 à Lomé, la capitale du Togo.

Ce sont des dizaines de personnes qui ont fait le déplacement pour aller accueillir Alfa Hassan Mollah et Abdoul Wahid à leur sortie de la prison de Kara au nord de Lomé, la capitale togolaise. Respectivement imam de Sokodé et de Bafilo, les deux guides religieux ont été arrêtés en octobre dernier. Mais la coalition de l'opposition, leader des manifestations contre le pouvoir, a jugé insuffisante cette libération que le pouvoir avait classée dans l'armoire des préalables à un dialogue.

Dans le sillage des imams, vingt manifestants libérés

Un peu plus discrètement dans la foulée de la libération des imams, le pouvoir togolais a décidé de libérer vingt personnes arrêtées lors des dernières manifestations réclamant le départ du président Faure Gnassingbé.

Une multiplication de gestes d'apaisement d'un pouvoir acculé par la rue et en délicatesse avec l'opposition, mais qui souhaite établir le dialogue en multipliant ce qu'il appelle des «mesures de décrispation». Sauf que l'exigence de la plateforme d'opposition est la libération sans condition de tous les manifestants arrêtés.

Dans un dialogue de sourds continu depuis le déclenchement des manifestations en août dernier, pouvoir et opposition devraient désormais s'asseoir à la table des négociations. Mais l'appel au dialogue se heurte à la surenchère politique entre les deux parties. Dans une déclaration liminaire faite lors d'une conférence de presse ce vendredi 8 décembre à Lomé, la coalition de l'opposition indique avoir pris acte de la volonté du gouvernement, mais note que celui-ci «n'a pris aucune nouvelle mesure concrète» dans le sens du dialogue.

Médiation guinéo-ghanéenne, dernier espoir d'un dialogue ?

L'espoir d'un dénouement de la crise pourrait se trouver dans la médiation des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé qui multiplient les contacts entre pouvoir et opposition en vue de préparer l'ouverture effective  du dialogue.

Mais pour l'heure, difficile de savoir si l'opposition va saisir la main tendue de Faure Gnassingbé. L'un des leaders de l'opposition, Jean Pierre Fabre, souhaiterait que le pouvoir vienne aux négociations en tant que «partie» et qu'il ne déclare pas unilatéralement le dialogue comme «arbitre».

Le «ping-pong» politique est loin d'être terminé. Le calendrier, les sujets proposés à l'ordre du jour ainsi que le déroulement des discussions sont autant d'inconnues qui viennent compliquer l'équation. Pendant ce temps, la rue togolaise s'impatiente et se languit des manifestations quasi hebdomadaires pour le départ de Faure Gnassingbé.

Face à un pouvoir qui se braque tout en jouant l'ouverture, le dialogue de sourds avec l'opposition risque de se faire dans une cacophonie que ni l'un ni l'autre ne peuvent entendre.

Ibrahima Bayo Jr.

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