Ghana : le secteur bancaire sous pression selon Fitch

La situation de l’économie ghanéenne et les perspectives de gestion de la dette mettront les banques sous pression dans un contexte inflationniste, estime l’agence Fitch Ratings. Trois banques ont déjà vu leur note dégradée.
(Crédits : DR)

« Les banques ghanéennes (...) détiennent d'importants volumes de titres publics, de sorte que le surendettement va mettre beaucoup de pression sur les banques », a déclaré Mahin Dissanayake, directeur principal chez Fitch Ratings lors d'un point de presse mercredi, rapporte Reuters. « L'environnement opérationnel semble très fragile », a-t-il ajouté.

Plongé dans une crise économique assez complexe, le Ghana s'est récemment tourné vers le Fonds monétaire international (FMI) en quête d'aide financière, ouvrant ainsi la porte au fameux programme d'ajustement structurel. Critiqué, le président Nana Akufo-Addo a défendu sa volonté de sauver l'économie et garantir le bien-être de la population.

Une fois distribuées, les perfusions financières du FMI viendront davantage relever le niveau d'endettement de cette économie ouest-africaine déjà très endettée. En effet, l'encours de la dette a plus que doublé depuis 2015 à 76,6% en 2021, selon les chiffres du ministère des Finances. En 2019, d'après la même source, « Les paiements d'intérêts ont été la dépense annuelle la plus importante du gouvernement depuis 2019, et ont été sa deuxième dépense pendant cinq années consécutives avant cela ».

« Ce n'est pas seulement le secteur bancaire qui serait touché »

Fitch Ratings estime qu'en cas de restructuration de la dette en monnaie locale tel que prévu dans le cadre du partenariat avec le FMI, les banques pourraient en payer un lourd tribut en termes de solvabilité. Pire, « ce n'est pas seulement le secteur bancaire qui serait touché, mais aussi les compagnies d'assurance, les fonds de pension, les gestionnaires d'actifs - toute personne détenant des titres publics », a averti Mahin Dissanayake.

En dégradant la note pays du Ghana en août, Fitch a également dégradé la note de trois banques locales -les filiales d'Ecobank, de Guaranty Trust Bank et United Bank for Africa (UBA)- passées de CCC+ à B-.

Dans ce contexte de crise, de dette aggravée dont les paiements d'intérêts pèsent sur le système financier, le tout face à une inflation galopante qui s'installe dans la durée, l'agence de notation estime ces trois banques ne pourraient maintenir le cap que grâce au soutien conséquent de leur maison-mère.

Selon Fitch, la mobilisation de nouvelles sources de financements externes sera nécessaire pour aider le pays à revenir à l'équilibre. Une situation assez complexe pour ce pays figurant parmi les fleurons économiques d'Afrique de l'Ouest, habitué aux taux de croissance au-dessus des 6% à quelques exceptions près.

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