Rio Tinto menacé d’un nouveau procès pour sa filiale mozambicaine

L’acquisition de Riversdale, aujourd’hui Rio Tinto Coal Mozambique continue de hanter le management de Rio Tinto depuis 2011. Après avoir payé 36 millions de dollars au régulateur financier britannique et que le procès suite à une plainte du SEC américain est en cours d'instruction, c’est maintenant au tour de l’ASIC australien d’annoncer des poursuites à l’encontre du groupe et de 2 de ses ex-managers.
(Crédits : David Gray)

L'organisme de surveillance australien des entreprises vient de lancer des poursuites contre l'opérateur minier Rio Tinto et deux anciens dirigeants de l'entreprise qui auraient induit en erreur les investisseurs sur les réserves de charbon annoncées lors de l'acquisition d'un site au Mozambique pour 4 milliards de dollars.

L'ASIC se joint au bal

Selon la Commission australienne des valeurs mobilières et des investissements (ASIC), l'ancien directeur général de Rio Tinto, Tom Albanese et l'ex-directeur financier Guy Elliot, auraient fait des déclarations trompeuses dans le rapport financier annuel couvrant l'exercice 2011 et publié en 2012.

« L'ASIC allègue que Rio Tinto Ltd (RTL) s'est comportée de manière fallacieuse ou trompeuse en publiant des déclarations dans le rapport annuel 2011, signé par M.Albanese et M.Elliott, dénaturant les réserves et ressource de Rio Tinto Coal Mozambique », accuse l'ASIC dans un communiqué. Rio Tinto a pour sa part annoncé attendre « d'examiner les allégations dans leur intégralité avant de répondre ».

En attendant, les actions de Rio Tinto ont chuté de 0,8% sur la place de Londres. L'opérateur avait pour rappel déjà dû faire face à des accusations similaires par la Securities Exchange Commission (SEC) des Etats-Unis. Bien que l'entreprise nie en bloc ses accusations, l'acquisition de Riversdale au Mozambique signifie pour Rio Tinto devoir faire face à des procès aux Etats-Unis et en Australie. La SEC a également accusé Albanese et Elliot de fraudes.

Une affaire qui traîne depuis 2011

« Les résultats de ces affaires et les recours collectifs qui ont été entamés pour le compte des détenteurs de titres restent incertains, mais ils pourraient finalement exposer le groupe à un coût financier important », concède le management de Rio Tinto dans son rapport annuel publié le 2 mars dernier. L'ASIC a de son côté demandé à la justice australienne de condamner Rio Tinto pour infraction à la loi sur les sociétés et d'imposer des sanctions pécuniaires aux deux ex-dirigeants, assorties d'une interdiction de gérer des entreprises « pendant les périodes jugées appropriées par la cour ».

Rio Tinto avait bouclé l'acquisition de Riversdale, pour 4 milliards de dollars en 2011. Suite aux accusation du SEC américain, le management du groupe minier a radié près de 3,5 milliards de dollars de sa valeur et a limogé Albanese et d'autres dirigeants impliqués dans la transaction en 2013. Pour la SEC, l'opérateur et ses dirigeants auraient gonflé la valeur des actifs en charbon disponibles au Mozambique, dissimulant au passage des informations critiques tout en exploitant le marché pour des milliards de dollars.

Le management de Rio Tinto a déjà conclu un accord avec la Financial Conduct Authority de Grande Bretagne, acceptant de s'acquitter d'une amende de 27 millions de livres (36 millions de dollars) pour avoir enfreint les règles comptables relatives aux actifs du Mozambique. Bien que l'entreprise, Albanese et Elliot s'apprêtent à se défendre contre les allégations des régulateurs américains et australiens, le CEO sortant Jan du Plessis a avoué dans le dernier rapport annuel de RTL que « l'investissement en 2011 de 4 milliards de dollars au Mozambique dans ce qui s'est finalement avéré être des actifs houillers de qualité inférieure a sans aucun doute été un point bas durant mon mandat ».

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