Santé : « Investing in Innovation », un programme à 7 millions de dollars financé par la fondation Bill & Melinda Gates

Southbridge A&I, Salient Advisory et SCIDaR lançaient, fin juin, « Investing in Innovation » (I3), un programme doté de 7 millions de dollars, financé par la Fondation Bill & Melinda Gates et soutenu par des partenaires comme l'AUDA NEPAD ou le groupe Merck, Sharp & Dohme (MSD), pour renforcer la distribution de médicaments et de matériel de santé sur le continent africain.
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En mars 2021, le cabinet de conseil Southbridge A&I et son partenaire Salient Advisory publiaient un rapport commun sur les défis de financement des entreprises de distribution de produits de santé en Afrique. Dans la continuité de ce rapport, Southbridge A&I, Salient Advisory et SCIDaR ont lancé « Investing in Innovation » (I3), le 22 juin dernier.

Financé par la fondation Bill et Melinda Gates à hauteur de 7 millions de dollars, ce programme est destiné à soutenir une trentaine d'entreprises par an, spécialisées dans l'amélioration de la chaîne d'approvisionnement des acteurs de la santé en Afrique, sur les deux prochaines années.

« En réalisant ce rapport, nous avons répertorié les obstacles auxquels les entreprises HeathTech en Afrique sont confrontées. Il s'agit notamment d'accès aux financements ou du manque d'interactions entre les acteurs publics et privés. Les financements sont souvent mal orientés et il existe trop peu de mécanismes structurés permettant la distribution des fonds à grande échelle », explique Aïda El Kohen, consultante chez Southbridge A&I.

« Le programme est ouvert à toutes les startups africaines, portées par des fondateurs africains qui développent des solutions pour l'Afrique, avec pour objectif de résoudre des problématiques liées aux chaînes d'approvisionnement dans le secteur de la santé. Les startups doivent être opérationnelles avec un chiffre d'affaires déjà généré (...) Le programme est aussi ouvert aux startups plus matures, qui sont en phase de croissance », précise Salma Kabbaj, cofondatrice d'Impact Lab, l'accélérateur basé à Casablanca, qui coordonnera le processus de sélection et le suivi des entreprises d'Afrique du Nord. Startupbootcamp AfriTech (Afrique du Sud) se chargera des startups d'Afrique Australe, Villgro Africa (Kenya) de celles basées en Afrique de l'Est et Co-creation Hub (CcHUB) (Nigéria) des startups d'Afrique de l'Ouest.

Les entreprises sélectionnées se verront attribuer une subvention de 50.000 dollars ainsi qu'un programme d'accès aux marchés en participant à divers événements qui seront organisés tout au long de l'année. « I3 » dispose de partenaires de poids tels que la Fondation Bill et Melinda Gates, l'Agence de Développement de l'Union africaine (AUDA NEPAD), l'Organisation mondiale de la Santé AFRO (WHO AFRO), le groupe Merck Sharp & Dohme (MSD) ou encore AmerisourceBergen.

« Ce programme permettra de connecter les startups avec les parties prenantes-clé du secteur (acteurs publics, privés ou des investisseurs, ndr). Notre rôle en tant qu'incubateur, sera de les préparer à ces rencontres pour que des partenariats se concrétisent » précise Salma Kabbaj.

La pandémie comme accélérateur du leapfrog médical ?

« Les innovateurs africains dans le domaine de la santé ont montré une capacité croissante à tirer parti de la technologie pour optimiser les chaînes d'approvisionnement et faire progresser l'accès aux médicaments. Ces innovations locales ont le potentiel de changer le fonctionnement des chaînes d'approvisionnement et des systèmes de santé - et il est temps de les aider », déclarait Cheikh Oumar Seydi, directeur Afrique de la Fondation Bill et Melinda Gates, par voie de communiqué le 27 juin dernier.

« Plus de 60% des startups en Healthtech en Afrique, ont été créées ces 5 dernières années, dont 269 sur la seule année 2020 », rappelle Aïda El Kohen pour qui « la pandémie a stimulé l'innovation ». Cet essor de l'e-santé soutenu par les bailleurs internationaux s'est accéléré depuis 2020, générant une multiplicité d'innovations. « A ce jour, plus de 400 startups ont déjà montré leur intérêt pour le programme « I3 » à l'échelle du continent, dont plus de 50 % venues du Nigeria », précise Aïda El Kohen.

La répartition des innovations et des fonds qui les accompagnent demeurent asymétrique. Selon thebigdeal.substack.com, les startups africaines ont mobilisé 1,8 milliard de dollars au premier trimestre 2022 (soit deux fois plus qu'en 2021).

A eux seuls, le Nigeria, le Kenya, l'Afrique du Sud et l'Egypte attiraient plus de 83 % des financements levés (essentiellement dans la fintech, l'agritech, la greentech et le BtoB). « Chaque accélérateur sélectionnera 7 à 8 startups par région, car l'objectif est de donner une représentativité à chaque région dans la sélection finale », indique Salma Kabbaj d'Impact Lab.

Enfin, ce programme entend accompagner la montée en puissance des femmes dans la HealthTech africaine. « Nous veillons à ce qu'elles soient fortement représentées : de la composition du comité de sélection aux entrepreneurs sélectionnés, en passant par les sponsors et les partenaires du programme (...) 15 à 20 des 60 startups d'« I3 » seront fondées ou cofondées par des femmes. A l'issue des 2 ans, nous publierons une étude pour mieux comprendre les obstacles, les besoins et les défis auxquels auront été confrontées les femmes que nous accompagnerons », ajoute El Kohen.

Ce programme d'une durée de 2 ans pourrait de prolonger sur 5 ans et s'ouvrir sur d'autres segments de la HealthTech selon Aïda El Kohen. Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 14 août, à l'exception de l'Afrique australe où elles se prolongeront jusqu'au 21 août.

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