Cameroun : les premiers signes de ralentissement de l'économie se confirment

Dans son dernier rapport sur les économies africaines, la Banque africaine de développement conclut que l'économie camerounaise montre les premiers signes d'un ralentissement. L'institution panafricaine explique cette situation notamment par les reports de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier et la situation au Nigeria voisin.
Au Cameroun, les reports successifs de nouveaux investissements dans le secteur des hydrocarbures ont négativement impacté les résultats des industries extractives.
Au Cameroun, les reports successifs de nouveaux investissements dans le secteur des hydrocarbures ont négativement impacté les résultats des industries extractives. (Crédits : DR.)

Dans ses Perspectives économiques en Afrique (PEA) pour l'année 2018, la Banque africaine de développement (BAD) interpelle les autorités camerounaises sur les signes d'un repli de l'économie du pays. «L'économie camerounaise, la plus forte et la plus diversifiée de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), a longtemps été résiliente aux chocs, mais montre ses premiers signes de ralentissement», note la BAD dans son rapport.

L'institution relève que le Cameroun a toujours résisté à la conjoncture internationale, malgré les conditions peu favorables, enregistrant une croissance régulière du PIB depuis 2010, avec une moyenne de 5,8% de 2013 à 2015, avant de chuter à 4,7 % en 2016.

En 2017, ce repli sera pourtant plus important, la croissance économique se situant selon la banque panafricaine à 3,4% en raison d'un certain nombre de facteurs au rang desquels la BAD cite les reports des nouveaux investissements dans le secteur pétrolier.

«Les nouveaux investissements dans l'exploration ou la production de pétrole et de gaz sont reportés en raison de la faible remontée des cours, entraînant une contraction des activités extractives. Par ailleurs, la récession économique au Nigeria, la crise qui s'accentue dans la CEMAC, et les perturbations dans la zone anglophone du pays ont eu un impact négatif sur la demande intérieure et extérieure. Cette morosité devrait faire baisser le taux de croissance à 3,4 % en 2017», expliqué la BAD dans ses PEA. Ainsi le Cameroun a commencé à céder face à la conjoncture internationale qui a finalement mis à genou toutes les économies de la CEMAC.

Reprise sur le court terme

Malgré cette alerte, la BAD reste optimiste dans ses prévisions pour la période 2018-2019. «Les perspectives restent toutefois plutôt positives pour 2018 et 2019, avec des taux respectifs de 4,1% et 4,8%, causés par une augmentation des exportations vers l'Union européenne suite à l'Accord de partenariat économique (APE) et par l'offre accrue d'énergie résultant de la mise en production de nouveaux barrages hydroélectriques», plaident les analystes de la BAD.

De plus, toujours d'après ces derniers, le développement de la sylviculture et de chaînes de valeurs agro-industrielles tout comme la réduction des importations au profit de la production locale, devraient aussi aider à dynamiser la croissance du pays.

D'un autre côté, le programme économique et financier conclu avec le FMI, dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC), pourrait jouer un important rôle. Selon la BAD, ce programme devrait permettre de stabiliser le cadre macroéconomique à moyen terme en même temps qu'il devrait aider à réduire l'investissement public d'environ 8% du PIB en 2016 à 6,7% en 2017, puis à 6,6% en 2019.

Quant aux recettes de l'Etat, la BAD avance une évolution modérée de près de 16,1% du PIB en 2016 à 17,7% en 2017 et à 18,16% en 2019, alors que le déficit budgétaire devrait s'améliorer, se fixant à 3,6% en 2017 contre 6,1% en 2016, pour se maintenir en dessous de 3% en 2018-2019.

Une évolution inquiétante de la dette

Dans son rapport, l'institution souligne également que même si le taux d'endettement du pays est en encore en deçà des 70% du PIB fixé par la CEMAC, la dette n'a cessé de croître en raison du financement des projets d'infrastructures par des prêts commerciaux, passant de 15,6% en 2012 à 34,1% du PIB en 2016. «Le risque de surendettement du pays est ainsi passé de ''modéré'' à ''élevé''», relève l'institution panafricaine.

«La dette du Cameroun reste soutenable, mais doit être très soigneusement gérée. Les autorités doivent redoubler d'efforts pour élargir la base des recettes non pétrolières et mieux gérer la priorité des dépenses tout en préservant la dépense sociale», indique la BAD en guise de recommandation au gouvernement camerounais.

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