Algérie : le FMI appelle à éloigner le spectre de l’instabilité économique

En pleine transition politique en Algérie, le FMI craint des incidences sur l’économie. L’institution de Bretton Woods appelle le gouvernement à tout faire pour préserver sa stabilité économique.
(Crédits : RAMZI BOUDINA)

En Afrique de manière générale, les transitions politiques sont souvent difficiles, surtout lorsqu'elles s'opèrent dans un contexte où le chef de l'Etat est contraint à la démission par des mouvements de contestations populaires fortes comme c'était le cas pour Abdelaziz Bouteflika le 6 avril dernier. Inquiet, le Fonds monétaire internationale (FMI) exhorte le pays à tout faire pour préserver sa stabilité économique.

«Ce qui est important économiquement pour l'Algérie, c'est de préserver la stabilité économique pendant cette transition politique. [...] Il faudra également ancrer la stabilité à moyen terme en réduisant progressivement le niveau du déficit budgétaire et en évitant toute monétisation de ce déficit», a déclaré à Reuters Jihad Azour, directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale.

Une nécessité, d'autant plus que les tensions sociales restent fortes. Les manifestations populaires se poursuivent, notamment pour le départ du Premier ministre Noureddine Bedoui et même le président par intérim Abdelkader Bensalah, tous deux des fidèles de Bouteflika.

Une économie peu solide

En effet, si la croissance du PIB s'est très légèrement améliorée à 1,5% en 2018 -contre 1,4% en 2017- portée notamment par l'agriculture et les BTPH et que tous les organismes internationaux s'accordent pour une amélioration des indicateurs macroéconomiques en 2019, la situation politique pourrait -si rien n'est fait- les fragiliser assez rapidement. Déjà, le FMI qui pronostiquait en octobre dernier un bond de la croissance à 2,7%, a revu sa copie à 2,3% dans le sillage de la démission de Bouteflika, quand la Banque mondiale s'attend désormais 2,1% de croissance. Tout cela, dans un contexte où le déficit budgétaire n'est toujours pas parti pour s'améliorer.

Le gros problème de l'économie algérienne reste sa trop grande dépendance au pétrole. L'exploitation de l'or noir représente en effet 60% du budget de l'Etat et 94% des exportations totales. La récente montée des cours a été salutaire, mais dans un contexte où les chocs pétroliers ne préviennent pas toujours et où l'OPEP poursuit sa campagne de réajustement de la production, l'Algérie a intérêt à accélérer le processus de diversification économique. Et pour cela, le FMI insiste sur les réformes à engager.

Mais actuellement, la purge dans les milieux d'affaires proches de Bouteflika pourrait également avoir tendance à retenir le souffle économique. En effet depuis l'arrestation de l'ex-président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) et patron du groupe d'infrastructures et de BTP ETRHB, Ali Haddad, les cas n'ont fait que s'enchaîner. A Alger, l'incarcération d'Issad Rebrab, le patron de Cévital, présenté par Forbes comme la première fortune du pays et le premier employeur du pays, ainsi que celle des quatre frères milliardaires Kouninef suscite encore de nombreuses spéculations, sans parler du limogeage d'Abdelmoumen Ould Kaddour de la présidence de la Sonatrach, ainsi que l'interdiction de sortie du territoire pour les cadres de la Banque centrale.

Au-delà de la lutte anti-corruption engagée par la justice, l'enjeu pour Alger est désormais d'empêcher l'économie de couler.

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