Une foule monstre à Alger mais aussi à Béjaïa, Tizi Ouzou, à Constantine ou encore Annaba, malgré la pluie. Ce vendredi 12 avril, rien ne semble contenir la détermination des milliers de manifestants qui ont envahi les rues de la capitale et des grandes villes en signe protestation contre l'insuffisance des réformes du système politique. Pas même le changement à la tête de l'Etat, ni même les annonces d'une transition via une élection prévue dans moins de 90 jours.
« Bensalah, va dormir chez toi !», « Bensalah dégage». A peine il a entamé son intérim à la suite de la démission d'Abdelaziz Bouteflika qu'Abdelkader Bensalah, le président par intérim, fait déjà face à une volée de bois vert. A 77 ans, cette figure de proue de l'ancien régime, ancien président du Conseil national (le Sénat) est le personnage le plus décrié par les slogans brandis dans les rues d'une capitale quadrillées depuis la veille par un impressionnant dispositif de sécurité lors de ce huitième vendredi de manifestations pacifiques et consécutives.
Bras de fer entre Gaïd Salah et les manifestants
L'annonce d'une présidentielle organisée le 4 juillet prochain pour parachever la transition, ne semble pas les manifestations dont la détermination a eu raison de leur ancien président. Désormais, la rue semble vouloir protéger sa « révolution » avec un arrière-goût d'inachevé. Ce qu'elle redoute c'est que le scrutin annoncé soit un moyen détourné pour le « système » qu'ils dénoncent de changer la forme sans conduire les réformes profondes sur la forme de l'Etat et la désignation de ceux qui vont conduire sa politique.
Derrière ces critiques, ce sont des membres de l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika qui sont visés, particulièrement le général Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef de l'armée. Tout en promettant une garantie de « transparence et d'équité», le général cinq étoiles a jugé les slogans brandis « irréalistes» et estime que la transition ne se fera que dans le cadre légal. Une posture qui le propulse de fait dans un bras de fer avec le protestataires.
La société civile s'est engouffrée dans la brèche pour réclamer la mise en place d'un comité ad-hoc de gestion du pouvoir par des civils. A son compte, cette protestation constante d'une rue qui se veut méfiante et vigilante afin de conduire jusqu'au bout, le changement.
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