Andry TGV à Paris, les coulisses d'une visite présidentielle

Du 22 au 28 août, le président de Madagascar était à Paris, invité par le Medef dans le cadre de la « Rencontre des Entrepreneurs Francophones ». Andry Rajoelina a profité de ce déplacement pour multiplier les rendez-vous ciblés et pour mobiliser les entrepreneurs à investir sur l'île rouge. De la rencontre élyséenne au dîner VIP avec Nicolas Sarkozy, en passant par les « huis clos » avec les patronats francophones, La Tribune Afrique vous révèle les dessous du déplacement présidentiel.
(Crédits : LTA)

Descendu à l'hôtel Intercontinental à Paris au lendemain d'un remaniement ministériel, le président de Madagascar, costume cintré et lunettes rectangulaires fixées sur le nez, a fait son entrée dans l'hippodrome de Longchamp, accompagnée par une importante délégation malagasy composée d'entrepreneurs et d'artisans, mais aussi de ministres (Patrick Rajoelina, ministre des Affaires étrangères, Sophie Ratsiraka, ministre de l'Artisanat et des Métiers, Andry Ramaroson, ministre de l'Energie et des Hydrocarbures et enfin Joël Randriamandranto, ministre du Tourisme).

delegation ministre madagascar

« L'espace francophone constitue une plateforme de coopération idéale pour relever ensemble les défis qui nous attendent », introduisait le président malgache devant un parterre d'invités , de Patrick Achi, Premier ministre ivoirien à Louise Mushikiwabo, la Secrétaire générale de l'OIF en passant par Willy Borsus, vice-président du gouvernement de Wallonie, Jean-François Lemoyne, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie ou encore Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef à la manœuvre de cette édition consacrée à la francophonie économique, à la veille du traditionnel rendez-vous de septembre du patronat français, « Les Rencontres des Entrepreneurs de France » (REF).

L'événement qui s'est tenu les 24 et 25 août a réuni des délégations venues des 4 continents. Pourtant, c'est bien la présence des Africains francophones et en particulier de Madagascar qui s'est imposée à Longchamp. Revenant sur l'urgence de la situation socio-économique de l'île sur fond de crise sanitaire, le président malgache a multiplié les rencontres avec les investisseurs...

Des rendez-vous de travail avec les patronats francophones

« Nous devons nous concentrer et échanger pour manifester plus collectivement notre solidarité et notre complémentarité économique à l'instar du Commonwealth et de l'ASEAN (...) Nous avons besoin d'investissements dans les infrastructures, les transferts de compétence », exprimait-il à la tribune de l'hippodrome de Longchamp le 24 août, vantant les atouts de Madagascar (des crevettes à la vanille en passant par les opportunités touristiques).

rajoelina RED MEDEF longchamp paris france

Les objectifs du président malgache étaient clairs : valoriser les opportunités d'investissements nationales, en particulier dans le sud de l'île, sévèrement frappée par une famine qui vient rappeler l'urgence climatique dans l'Océan indien.

En fin d'après-midi, il rejoint les patronats belges, marocains et français, pour des réunions de travail à huis clos. Après avoir rappelé les « liens forts » qui existent entre le royaume chérifien et Madagascar, Andry Rajoelina a défendu la « complémentarité des deux pays en termes de besoins et d'investissements », devant quelques entrepreneurs triés sur le volet, à l'instar de Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, Youssef Chraibi, le président du Conseil d'Affaires Maroc-Madagascar, Abdelmajid Iraqui Housseini, le président de Taqa Morocco (énergie), Hamza Kabbaj, le DG de SGTM (construction), Abir Lemseffer, la DGA d'AZURA (agriculture), Maria Zniber, la PDG de Diana Holding (agroalimentaire), Mohammed Amine El Hajhouj, le DG de Zenata (SAZ) (nouvelles villes) ou encore Abdou Diop, le président de la Commission Afrique de la CGEM. Pendant près de deux heures, il a été question d'opportunités relatives à la pharmacologie, l'agroalimentaire, la ville nouvelle de Tanamasoando, le tourisme et la formation.

Le 25 août au matin, le président malgache participait à une nouvelle séance de travail animée par Momar Nguer, président du Comité Afrique de Medef International, en présence de Jean-Philippe Torres, le directeur Méditerranée - Océan Indien de TotalEnergies, Hadi Akoum, le vice-président des ventes Afrique pour Air France, Fabrice de Creisquer, le CEO East & Southern Africa de CFAO Automotive, Benoît Colas, le DGA de Colas, Grégoire Nicolle, le directeur des opérations d'Eiffage Infrastructures ou encore Mehdi Caillis, le responsable Afrique et Moyen-Orient de POMA. Les discussions étaient essentiellement orientées sur les projets d'infrastructures et de tourisme, sur fond de durabilité des investissements.

Les rencontres VIP du président malagasy

Dans la soirée du 25 août, une rencontre au Cercle de l'Union Interalliée organisée par le cabinet d'affaires publiques Concerto et par un groupe de presse, sur le thème des investissements français en Afrique, et suivie par un cocktail aux saveurs malagasy, a réuni Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité, Patrick Achi, Premier ministre de Côte d'Ivoire, Romuald Wadagni, ministre de l'Economie, des Finances et des Programmes de dénationalisation du Bénin, Alpha Barry, PDG Afrique d'Atos, Zouhaïr Bennani, PDG du groupe Label'Vie, Thierry Déau, PDG de Meridiam, Vanessa Moungar, Chief Diversity & Inclusion Officer chez LVMH ou encore Anne Rigail, DG d'Air France, autour du président malgache. « L'internationalisation de l'économie française passe d'abord par l'Afrique [...] La diminution des parts de marché de la France en Afrique n'est pas acceptable », a souligné Franck Riester à cette occasion. Une situation « pas acceptable » qui reste à nuancer, selon François Hurstel, le CEO de Concerto. « Nous sommes convaincus que contrairement à un certain pessimisme ambiant, les entreprises françaises sont plus dynamiques que jamais sur le continent africain [...] si la part relative des entreprises françaises en Afrique a baissé, en raison de la concurrence internationale qui augmente du fait de l'attractivité du continent, les investissements ont bel et bien monté en valeur absolue [...] les Investissements directs étrangers (IDE) ont triplé depuis 2000 » a-t-il souligné.

Le 26 août, le Andry Rajoelina recevait dirigeants et chefs d'entreprises au Pavillon Dauphine pour un dîner en l'honneur de Madagascar à grand renfort de produits locaux (crevettes, viande de zébu, caviar, le chocolat et rhum, sur fond de sonorités musicales malagasy). Jean-Baptiste Lemoyne a prononcé un discours d'ouverture célébrant l'amitié franco-malgache, avant que le président Rajoelina ne rejoigne ses invités du soir, l'ancien président Nicolas Sarkozy, Louise Mushikwabo de l'OIF, Patrick Rajoelina, ministre malgache des Affaires étrangères, Patrick Martin, président délégué du MEDEF, Alain Mérieux, président de la Fondation Mérieux, Chakib Alj, président de la CGEM, Renaud Bentégeat, président de CCI France et enfin Rija Rajohnson, Ambassadeur de Madagascar en France.

Le secteur privé était également bien représenté avec Jean-Claude Palu, vice-président de Castel, Hassanein Hiridjee, PDG d'Axian, Stéphane Layani, patron du marché de Rungis, Rita Zniber, PDG de Diana Holding, Zouhaïr Bennani, PDG du groupe Label'Vie, Emmanuel Suissa, directeur des partenariats du groupe Printemps, Christophe Dabezies, DG de Rova Caviar, Laurent Goutard, directeur des réseaux bancaires internationaux de la Société Générale, Jacques Du Puy, président de Canal+ International, Alpha Barry, PDG d'Atos Africa et enfin Jean-Philippe Torres, directeur Méditerranée-Océan Indien de Total Energies.

Les îles éparses au programme de la rencontre élyséenne

Le 27 août, le président Rajoelina a été reçu à l'Elysée pour un « tête à tête » d'une petite heure avec le président Macron. Les discussions ont porté sur l'épineux dossier des îles éparses qui sont administrées par la France, mais revendiquées par Madagascar depuis 1973.

rajoelina macron

L'échange a été « franc et constructif » a déclaré le président français devant les caméras de la cour de l'Elysée à l'issue de la rencontre, ajoutant qu'il fallait « ouvrir des perspectives communes de développement économique durable et protéger les trésors de biodiversité qu'elles abritent ». Créée en 2020, suite à la reprise en main du dossier par le président malgache, la commission mixte pour les îles éparses devrait être relancée.

Les présidents français et malgaches ont échangé sur de prochains partenariats économiques aéroportuaire et hydroélectrique notamment, mais aussi sur les perspectives de collaboration en matière d'éducation, d'urbanisme, d'agriculture et de santé, de sources proches de la présidence. Emmanuel Macron a rappelé l'engagement de la France, pour soutenir Madagascar face à la crise sanitaire et à la famine qui sévit depuis plusieurs semaines dans le sud de l'île.

rajoelina paris

Le président malgache s'est ensuite rendu à l'Ambassade qui exposait les produits « made in Madagascar ». Le 28 août, il achevait son déplacement parisien par une rencontre avec les membres la diaspora sous de grands chapiteaux blancs et des parapluies aux couleurs de Madagascar. Un voyage éclair, des rencontres ciblées, Andry Rajoelina repart le 29 août pour Tananarive avec des avancées sur un certain nombre de dossiers inscrits dans le « Plan Emergence  Madagascar » (PEM), qui devraient être suivis de prochaines signatures, indique l'entourage présidentiel...

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