Maroc : nouvelle escalade dans le « Hirak » rifain

Le Maroc connaît actuellement l’un des plus importants mouvements sociaux depuis le 20 février 2011. Baptisée « Hirak », cette contestation sociale née le 28 octobre dernier à Al Hoceima dans la région du Rif a connu un nouveau développement après les affrontements du 26 mai dernier qui ont débouché sur l’arrestation de Nasser Zefzafi, leader du mouvement.
Amine Ater
La crise rifaine vient de rentrer dans un nouveau cycle après l'arrestation de Nasser Zefzafi et de ses proches.

Le mouvement de fronde sociale qui secoue le Rif (Nord du Maroc) depuis le 28 octobre dernier, vient de passer à un nouveau stade lors 15 derniers jours. D'un mouvement régional circoncis au Nord du Maroc, le « Hirak » a atteint d'autres villes marocaines après l'arrestation du leader de la contestation, Nasser Zefzafi, le 29 mai dernier après une cavale de deux jours. En effet, dans la nuit du 30 au 31 mai, des sit-in organisés à Rabat, Casablanca et Tanger ont été dispersés de force par les autorités.

Les sections locales des partis rejoignent le Hirak

Une arrestation qui a été précédée par celle de 38 personnes en marge des affrontements qui ont eu lieu le 26 mai dernier lors d'une tentative d'arrestation du leader du mouvement Nasser Zefzafi après que ce dernier ait perturbé le prêche de la prière du vendredi dans une mosquée d'Al Hoceima. En tout, ce sont plus de 40 personnes qui ont été arrêtées, dont 7 ont été relaxées et 7 autres poursuivies en état de liberté.

A ces arrestations s'ajoutent celles des leaders de la contestation qui ont été transférés d'Al Hoceima vers Casablanca. Un coup de filet qui a suscité de nouvelles manifestations de soutien appelant à la libération des détenus. Les sections locales de certains partis de la majorité gouvernementale, à savoir l'USFP, le PJD, en plus de l'Istiqlal ont également dénoncé « l'escalade » et ont rejeté publiquement « l'approche sécuritaire » adoptée par les autorités dans le Rif.

Les sections locales de ces formations politiques, ont également dénoncé, les accusations de « fitna » (chaos) et « d'atteintes à la stabilité de l'Etat » formulées à l'égard des manifestants et de leurs leaders. Des accusations qui auraient jeté de l'huile sur le feu et ravivé les tensions dans la région. Les sections locales ont également dénoncé la gestion de la crise par le ministère de l'Intérieur, qui pourrait « mener la région vers l'inconnu ».

Le champ politique mis sur la touche

Cette défiance des sections locales est également dirigée vers les médias marocains, notamment publics accusés de « désinformation et de diffusion d'images qui n'ont rien à voir avec le Hirak ». Une sortie qui contraste avec le silence observé par les directions respectives des 3 formations politiques. Cette situation renseigne sur la paralysie du champ politique marocain face à l'un des plus important mouvement sociaux qui touche le pays depuis le 20 février 2011.

La Justice a de son côté, démarré le procès des 32 personnes interpellées depuis le 26 mai dernier à Al Hoceima, alors que rien d'officiel n'a encore filtré sur la marche à suivre du côté des leaders du mouvement, incarcérés au siège de la Brigade nationale de police judiciaire à Casablanca. A l'heure où nous mettions cet article en ligne, les « fake news » sur le sort de Zefzafi, les conditions de son incarcération, les preuves à charge dont disposeraient les autorités ou encore l'apparition de photos personnelles « du leader rifain » suite à son arrestation n'ont pas cessé de prendre de l'ampleur.

Amine Ater

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