En République du Congo, l'employabilité des jeunes comme priorité

[OPINION] L'employabilité des jeunes Congolais a un impact direct sur la pérennité de l'économie du pays. Le développement du secteur agricole, encore sous-exploité en République du Congo, recèle un considérable gisement d'emplois durables pour la jeunesse.
(Crédits : DR.)

Comment permettre à toujours plus de jeunes Congolais d'accéder à l'emploi - et, surtout, à des emplois durables et rémunérateurs ? Véritable manne économique, le pétrole, qui représente 80% de nos exportations et 60% de nos recettes intérieures, place notre pays dans une situation de dépendance et de vulnérabilité vis-à-vis des fluctuations des prix des matières premières. Diversifier l'économie congolaise apparaît donc comme une nécessité à long terme.

Un potentiel agricole riche de promesses

Dans le même temps, plus d'un de nos concitoyens sur deux (52 %) vivent, selon la Banque mondiale, en dessous du taux de pauvreté. Et le taux de chômage continue, selon la même institution, à dépasser les 22 % de la population active - et même 30% chez les plus jeunes.

Nous ne nous résolvons pas à une telle situation. Et ce d'autant moins que près d'un Congolais sur deux (47 %) est âgé de moins de 18 ans. Notre jeunesse est notre avenir : c'est pourquoi le gouvernement met, depuis plusieurs années, des mesures en place afin de favoriser l'accès des jeunes à des formations de qualité, en refondant, par exemple, l'enseignement technique et professionnel et en renforçant les CEFA (centres d'éducation, de formation et d'apprentissage). C'est également ce à quoi je me suis fermement engagée dans ma circonscription.

Dès mon premier mandat, nous avons ainsi mis à disposition des jeunes de Talangaï 5 diverses formations gratuites pour développer leurs compétences dans des secteurs stratégiques et prometteurs, comme le numérique et les réseaux sociaux. Parallèlement, nous nous sommes mobilisés pour améliorer les conditions d'apprentissage de nos jeunes, en dotant les établissements publics du secteur de nouvelles fournitures scolaires. Ces initiatives doivent s'accompagner de mesures fortes pour garantir à nos jeunes générations un emploi durable et nécessaire à notre développement économique.

Il faut donc aller plus loin. Et je suis convaincue que la diversification, nécessaire, de l'économie congolaise peut aller de pair avec une plus grande employabilité des jeunes - notamment dans le secteur ô combien stratégique de l'agriculture. Aujourd'hui, le secteur agricole contribue à presque 10% de notre PIB, tout en employant plus de trois Congolais sur dix (34 %). Mais la majeure partie de cette agriculture demeure tournée vers l'autoconsommation, au détriment d'une véritable stratégie agricole permettant à la République du Congo de diminuer sa dépendance aux importations de denrées alimentaires, qui représentent encore 80% de la consommation alimentaire nationale.

Je refuse d'y voir une fatalité. Notre pays est riche, très riche même, d'un potentiel agricole encore largement sous-exploité, évalué à - au moins - dix millions d'hectares de terres arables. Ce gisement représente une incroyable source de diversification pour notre tissu économique, mais ce développement doit être accompagné pour se concrétiser en réelles opportunités pour les agriculteurs congolais.

La mécanisation de notre agriculture apparaît, à ce titre, comme un passage obligé : c'est dans la poursuite de cet objectif que nous avons favorisé, via une participation de l'État de 30 % dans la société Eco-Camaco, l'implantation de la toute première usine de tracteurs « made in Congo ». En service depuis le 6 avril dernier, cette usine - unique en son genre sur le continent africain - devrait produire pas moins de 3 000 tracteurs chaque année.

Renforcer la place des femmes dans l'agriculture

Notre agriculture a besoin de machines, mais elle a aussi, et aura toujours, besoin de bras et de cerveaux bien formés pour relever les défis qui se présentent à nous. C'est la raison pour laquelle il me semble naturel et évident de faire de l'employabilité des jeunes et du développement de l'agriculture un combat commun : l'une n'ira pas sans l'autre, et vice-versa. Investir résolument dans le secteur agricole ouvrira de nombreux et prometteurs débouchés à notre jeunesse - mais aussi, et c'est une question à laquelle j'attache une importance particulière, aux femmes et jeunes femmes congolaises.

Comme en témoignent les dons de matériels agricoles effectués en mars dernier en faveur de coopératives de femmes, je suis persuadée que l'agriculture n'est pas l'apanage des hommes, et qu'elle peut contribuer à la nécessaire autonomisation des femmes du Congo. Et si notre prochaine révolution verte était, d'abord et avant tout, une révolution féminine ?

(*)  Conseillère spéciale du président de la République du Congo et députée.

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