L’Afrique doit passer un New Deal avec elle-même [Tribune]

Au-delà des annonces de New Deal, il est nécessaire de penser le développement des nations africaines par un prisme plus ambitieux. Les modèles de développement et les plans de relance des économies africaines se font l’écho de ce nouvel élan et répondent à la volonté de la jeunesse africaine de penser son avenir au-delà des stigmates. Au lieu de proposer des réflexions sur comment en finir avec un certain nombre de tares et de problématiques endémiques, nous proposons d’ouvrir le débat sur la manière d’atteindre l’excellence. Alternatives, la prochaine publication JMA, pour challenger les acquis, poser de nouveaux standards, et regarder l'Afrique dans les yeux, et face à son véritable potentiel.
(Crédits : DR)

Plus que jamais, la volatilité des conjonctures géopolitiques met l'Afrique face à ses réalités. Sans forcément convoquer l'effet papillon, les conséquences des crises géopolitiques et sécuritaires auront un impact désastreux sur les économies africaines. Pourtant, cette loi de Murphy qui semble orchestrer l'avenir africain était loin d'être une surprise.

Il faut le dire : il semblerait que l'impulsion d'un New Deal, d'un changement de logiciel, d'un nouveau partenariat soit venue d'abord des pouvoirs publics européens. Que faire ? Regarder devant soi, oui, mais surtout à l'intérieur de soi aussi. Se dire que le New Deal, c'est celui que l'Afrique doit passer avec elle-même.

Il est nécessaire de penser le développement des nations africaines par un prisme plus ambitieux. Les modèles de développement et les plans de relance des économies africaines se font l'écho de ce nouvel élan et répondent à la volonté de la jeunesse africaine de penser son avenir au-delà des stigmates. Au lieu de proposer des réflexions sur comment en finir avec un certain nombre de tares et de problématiques endémiques, nous proposons d'ouvrir le débat sur la manière d'atteindre l'excellence. Cet horizon que certains s'interdisent de penser pour l'Afrique.

Penser le développement des nations africaines c'est, selon nous, articuler une pensée autour de 3 axes structurants des économies et des sociétés africaines :

D'abord, par la compétitivité : penser la manière dont les économies africaines créent, développent et renforcent leurs avantages compétitifs. Cela se traduit aussi bien par la manière dont on facilite l'essor de nouvelles dynamiques économiques, dont on accompagne, soutient et finance des acteurs et projets économiques stratégiques ou que l'on pense les interactions et les synergies avec les pays de la région et du continent.

Puis, par la cohésion sociale : penser la manière dont on renforce le sentiment d'appartenance à un collectif national, régional ou continental. La capacité à générer une dynamique de rapprochement entre les citoyens africains basée sur le dialogue et sur le respect des droits humains les plus fondamentaux. Une réflexion exigeante sur le sujet de la cohésion sociale ne peut faire abstraction de la question du renforcement des droits des citoyens africains et de la contrepartie naturelle : l'engagement citoyen.

Enfin, par l'innovation : penser la manière dont les ressources des nations africaines peuvent être utilisées de manière plus efficiente pour améliorer le bien-être des populations. Cela passe aussi bien par les moyens à mettre en œuvre pour mobiliser les forces vives du continent que par les solutions à promouvoir afin de mieux financer et accompagner les porteurs d'innovations. Des innovations incrémentales aux technologies de pointe, l'innovation se planifie, se finance et s'accompagne.

En se basant sur ces trois piliers, l'Afrique pourrait enfin se défaire du qualificatif à double tranchant de la « résilience » et occuper l'espace par son excellence.

Quant aux différentes conjugaisons de la place de l'Afrique dans le monde, il va falloir sortir du moralisme, et se regarder en face une bonne fois pour toutes.

Il est normal pour les États africains de faire jouer la concurrence pour trouver les meilleurs partenaires et investisseurs pour chaque projet. Ce pragmatisme doit en revanche être accompagné d'une rigueur dans l'analyse des offres et d'une approche chiffrée sans aucune prise en compte des préférences historiques. Les partenaires européens comme la France, quant à eux, doivent faire cette mue vers des partenaires de raison et non plus des partenaires de cœur.

Il y a une erreur discursive, une vue de l'esprit qui laisserait penser que l'Afrique est « seule ». Sachons faire usage de ses forces et de son potentiel entre les 54. Et si l'Afrique se traitait elle-même avec le respect qu'elle mérite, où serions-nous maintenant ?

Alternatives présente des idées concrètes pour ne plus construire une « Afrique résiliente » mais une Afrique excellente, performante. Et qui s'en donne elle-même les moyens.

Créée en décembre 2020 par Ileana Santos et Amina Zakhnouf, Je m'engage pour l'Afrique (JMA) est un incubateur de politiques publiques au service du développement du continent africain et de la promotion du dialogue et de la coopération entre l'Europe et l'Afrique. Son ambition est de permettre aux jeunes qui le souhaitent de prendre la parole dans le débat public et de faire de la politique publique l'affaire de tous. Durant ces 12 derniers plus d'une centaines de jeunes africains et européens ont travaillé à produire : 2 ouvrages sur le financement des économies africaines et l'écologie populaire africaine; 30 aines de rencontres auprès de décideurs africains et européens dont un à Montpellier avec Emmanuel Macron; la saison 1 du podcast Notes VocalesEn 2022, JMA devient un véritable média... Plus d'informations bientôt...

Yassine Taleb: Expert JMA

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