L'égalité des genres n'est pas un choix à faire, mais un droit à revendiquer

L'égalité des genres est un impératif pour les sociétés et les pays du monde entier. C'est particulièrement important sur le continent africain, où l'inégalité entre les hommes et les femmes se manifeste dès le plus jeune âge, notamment en raison du manque d'accès à l'éducation et l'influence des générations précédentes.
(Crédits : Reuters)

En tant que femmes africaines, nous avons également ressenti les souffrances liées aux inégalités tout au long de notre vie mais nous nous efforçons aujourd'hui de faire de ce sentiment d'injustice le moteur premier du changement positif. Nous avons aujourd'hui la chance d'être en position d'influencer les autres à travers notre travail. Après tout, l'égalité des genres n'est pas un choix à faire mais un droit à revendiquer.

Si le progrès se poursuit à son rythme actuel, il faudra encore attendre 121,7 ans pour mettre un terme aux inégalités de genre en Afrique sub-saharienne. Face à la pandémie de Covid-19 qui menace de freiner les progrès effectués, il est d'autant plus nécessaire de transformer le discours sur l'égalité des genres en actions concrètes.

Les femmes constituent indéniablement le pilier de nos sociétés. En Afrique, elles contribuent largement à l'économie du continent et sont plus actives sur le plan économique, en tant qu'agricultrices ou entrepreneurs, que dans n'importe quelle autre région du monde. Sur le continent, la pandémie de Covid-19 fait des ravages économiques et touche plus largement les femmes. Les petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes sont plus exposées au risque de fermeture car elles sont généralement plus petites et opèrent en moyenne dans des secteurs à faible marge bénéficiaire, basés sur les services. Malgré cela, les femmes ont historiquement été exclues des espaces et des sphères de prise de décision qui concernent directement leur santé et leur bien-être. C'est pourquoi il est essentiel que les organisations telles qu'ONU Femmes continuent d'agir dans les régions d'Afrique de l'Ouest et de l'Est ou les inégalités économiques, sociales et politiques subsistent. Les femmes sont les premières victimes de nombreux problèmes de santé tels que le paludisme et la tuberculose. Ce n'est qu'en les encourageant et en veillant à ce que leurs voix soient entendues que nous pourrons commencer à progresser.

Faire entendre la voix des femmes, encourager leur leadership et leur participation aux processus de décisions est essentiel pour favoriser leur autonomisation. On estime que les femmes et les jeunes filles africaines effectuent chaque jour 4,5 heures de soins et de travail domestique non rémunérés dans leurs foyers et leurs communautés. Par conséquent, même lorsque les femmes ne portent pas physiquement le fardeau de la maladie, elles s'occupent de ceux qui en souffrent et manquent ainsi le travail et d'autres opportunités professionnelles. Cela montre qu'il existe un réel besoin de leaders féminins capables de comprendre et lutter au nom des groupes de femmes souvent marginalisés. Quand on donne aux femmes et aux filles la possibilité de jouer un rôle dans les processus de prise de décisions, on favorise l'élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes de santé véritablement efficaces, tenant compte des différences entre les sexes et des sensibilités culturelles, et s'appuyant sur l'expérience vécue par les femmes et les filles.

C'est pourquoi nous sommes fières de célébrer la nouvelle initiative de Voix EssentiELLES qui a pour but de renforcer la place des femmes et des jeunes filles, dans toute leur diversité, en favorisant significativement leur engagement dans les espaces et les processus de prise de décisions qui exercent une influence directe sur les politiques et les programmes de santé. Coïncidant avec le forum Génération Egalité, un rassemblement global pour l'égalité des genres organisé en juin 2021, cette initiative vise à donner aux femmes d'Afrique de l'Ouest une voix dont elles ont grand besoin. Lancé dans un premier temps au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, Voix Essentielles aura pour objectif de centraliser une multitude de ressources dans un fonds dédié et investira dans les capacités des organisations, groupes et réseaux communautaires, ainsi que dans leurs leaders. Le lancement d'une telle initiative est un honneur et nous espérons que les femmes africaines feront appel à nous pour saisir cette opportunité.

En tant que femmes et LeadHERs africaines qui ont la chance de diriger des organisations, nous sommes ravies de pouvoir encourager la participation des organisations, des réseaux et des dirigeantes féminines aux plateformes de prise de décision. C'est un honneur et un privilège de soutenir nos consœurs en les encourageant et en les aidant à élaborer des politiques qui fonctionnent pour elles et pour les générations futures.

L'égalité des genres a une importance économique, politique et sociale pour chacun de nous. Nous avons donc tous un rôle à jouer dans la concrétisation de cet objectif en restant guidé par l'esprit de la Déclaration et du programme de Pékin et en incarnant le dévouement du dernier Forum Génération Egalité. Ces deux évènements ont constitué le fer de lance des remarquables engagements politiques et financiers qui nous ont permis de faire converger nos efforts pour accomplir encore plus. Il est grand temps que nous travaillions ensemble à la construction d'un monde plus fort, plus juste et plus inclusif.

(*) Directrice régionale du Bureau ONU Femmes pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre

(**) Fondatrice et directrice exécutive de Speak Up Africa

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