Joël Randriamandranto : « Nous allons approcher Turkish Airlines afin d’envisager un combiné Maurice-Madagascar »

Joël Randriamandranto, ministre du Tourisme, des transports et de la météorologie de Madagascar, revient pour La Tribune Afrique sur les principales orientations engagées par son département afin de faire du tourisme l'un des principaux contributeurs du développement national.
(Crédits : Concerto)

La Tribune Afrique - Envoyée spéciale à Madagascar.La Tribune Afrique - Le tourisme était l'une des priorités définies par Andry Rajoelina lors de sa campagne présidentielle. Comment comptez-vous développer le secteur et avec quels moyens ?

Joël Randriamandranto - Le tourisme représente actuellement 7% du PIB et notre objectif est d'atteindre 500 000 touristes en 2023. Nous pensons remonter la contribution du secteur à 15% du PIB d'ici cette échéance. Nous disposons d'une vision très précise et nous avons fixé des axes stratégiques prioritaires: la diversification de l'offre [tourisme de luxe, sportif, écotourisme, etc., NDLR), le renforcement de nos capacités d'accueil à travers de nouvelles infrastructures et le développement de l'accessibilité qui est primordiale pour appliquer l'« Open sky » en nous appuyant sur nos aéroports. D'ailleurs, le nouvel aéroport de Tananarive sera inauguré en janvier prochain ; nous en sommes actuellement en phase de tests. Nous comptons aussi développer le tourisme national et enfin, nous allouerons les moyens financiers nécessaires au renforcement du secteur.

Vous avez déclaré vouloir « capter » une partie des touristes qui se dirigent aujourd'hui vers l'île Maurice, soit près de 1,5 million de visiteurs par an. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Nous disposons de sites naturels aussi paradisiaques que les Seychelles ou Maurice. Il nous faut maintenant les exploiter. C'est la raison pour laquelle nous avons élaboré une cartographie précise des sites à fort potentiel touristique que nous présentons actuellement aux investisseurs, notamment dans l'hôtellerie de luxe [une délégation d'investisseurs internationaux s'est d'ailleurs rendue sur les principaux sites touristiques malgaches, les 19 et 20 septembre dernier, NDLR]. Nous connaissons déjà leurs besoins, notamment vers Tuléar, au sud-ouest de Madagascar, à Fort-Dauphin et dans le nord à Diego-Suarez, ainsi que sur plusieurs îles situées autour de Nosy-Be.

L'essentiel des visiteurs qu'accueille chaque année Madagascar demeure européen. De quelle manière comptez-vous séduire une nouvelle clientèle ?

Effectivement, près de 40 % d'entre eux sont français et 15 % italiens, les autres nationalités restent peu importantes [3 083 Chinois et 2 576 Sud-Africains enregistrés en 2018 par l'Economic Development Board of Madagascar, NDLR]. L'Office national du tourisme va maintenir la promotion de Madagascar sur les marchés « traditionnels » français, italien, anglais ou allemand, tout en s'orientant vers de nouveaux marchés, en particulier en Asie.

Grâce à la ligne de Turkish Airlines qui relie Istanbul à Madagascar via Maurice, nous cherchons à attirer une partie des touristes indiens de nos voisins mauriciens [90 000 touristes venus d'Inde en 2018, NDLR]. Nous allons contacter Turkish Airlines afin d'envisager un combiné « Maurice-Madagascar ». Cette compagnie aérienne pourrait également nous permettre d'intéresser une population touristique venue des pays d'Europe de l'Est comme les Hongrois, les Polonais et les Lituaniens.

Selon l'Economic Development Board of Madagascar, le nombre de touristes a baissé de 300 000 à 250 000 entre 2007 et 2016, tandis que les recettes touristiques ont sensiblement augmenté passant de 313 millions de dollars à 746 millions. Comment l'expliquez-vous ?

2008 était l'année où Madagascar a reçu le plus de touristes, soit 375 000 visiteurs. La crise politique a freiné considérablement le développement du secteur. On est descendu à 125 000 touristes en 2009. Depuis, nous rattrapons doucement ce retard et nous devrions atteindre le nombre de 320 000 visiteurs cette année. Concernant les recettes touristiques, le coût de la vie a augmenté de manière générale, ce qui explique ces chiffres. De plus, les nouveaux hôtels haut de gamme ont eu leur incidence sur les prix.

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Quels sont actuellement les principaux chantiers d'infrastructures de transport engagés à Madagascar, condition sine qua none au développement touristique de l'archipel ?

Parallèlement à l'ouverture prochaine de l'aéroport international de Tananarive, début 2020, nous voulons transformer nos 5 000 km de côtes en route maritime. Il nous faut donc réhabiliter nos ports et construire des embarcadères pour accueillir davantage de ferry-boats. Cela nous permettra également de développer l'économie des villages côtiers.

Les bailleurs internationaux qui étaient « absents » pendant la période de la transition sont de retour, comme en témoignent la venue de David Malpass, président du groupe de la Banque mondiale, ou encore les récents accords passés avec le Japon. De quelle façon supportent-ils le développement du tourisme malagasy ?

Les Japonais, à travers la JICA notamment, soutiennent le développement de nos ports comme à Tamatave qui devrait pratiquement tripler ses capacités au terme des travaux de réhabilitation. C'est d'ailleurs indispensable pour soutenir aussi le secteur agricole et écouler plus facilement nos marchandises. Ces travaux d'infrastructures ne feront pas l'économie du soutien des partenaires privés. C'est pourquoi nous leur avons lancé un appel lors du forum « Wave Madagascar » qui a accueilli plus d'une soixantaine d'investisseurs étrangers potentiels comme Marriott, Hilton, Accor, Radisson ou encore des opérateurs venus des Emirats arabes unis.

L'attractivité de Madagascar dépendra également de l'amélioration de l'environnement des affaires et de la simplification des procédures. Quelles sont les dernières mesures prises en la matière ?

Le ministère des Finances est en train de réduire de moitié les délais des procédures concernant les investissements liés aux infrastructures qui prenaient jusqu'à 7 ou 8 mois. La loi de finances rectificative 2019 a fait une large place aux projets d'infrastructures : écoles, hôpitaux, routes et rails et cela porte déjà ses fruits, comme on le constate actuellement avec les travaux de dragage du canal des Pangalanes pour rétablir la navigabilité entre le canal de Toamasina à l'est et Farafangana au sud-Eest [un projet mené en partenariat avec le Maroc et lancé le 16 septembre 2019, NDLR].

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