Adama Barrow Président  : une victoire inattendue mais finalement prévisible

Aussi inattendue que soit l'issue de cette élection gambienne, elle était pourtant prévisible à certains égards qui ont été malheureusement occulté des débats. Pour La Tribune Afrique, le docteur Issoufou Adamou, enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques, explique que la mainmise du président sortant sur le pays a été surestimée.

L'homme du jour c'est certainement Adama Barrow, le désormais président de la Gambie, qui pour une première tentative a su transformer l'essai. Aussi inattendue que soit l'issue de cette élection gambienne, elle était pourtant prévisible à certains égards qui ont été malheureusement occulté des débats, tant la mainmise du président sortant sur le pays a été surestimée. C'est ce qu'a habilement expliqué à La Tribune Afrique, le docteur Issoufou Adamou, enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui estime de prime abord, que « c'est trop osée d'avancer que Yahya Jammeh s'est offert une sortie honorable car il est encore jeune et surtout une grande capacité à tenir encore le pays d'une main de fer ».

« Aussi surprenante que soit cette défaite de Yahya Jammeh au pouvoir depuis plus de 22 ans, avec un peu de recul, il est pourtant possible de comprendre certains de ses contours majeurs ».

Docteur Issoufou Adamou, Enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Cheick Anta Diop de Dakar.

Selon notre analyste, « avec un peu de recul, il est pourtant possible de comprendre les contours de « cette défaite dite historique ».  En premier lieu, il cite une dimension rationnelle qui permet d'expliquer que même si Yahya Jammeh est un despote, il est de la catégorie des « despotes éclairés ».  En ce sens, il a manifestement, au regard de son score (35%) et de celui de Barrow soutenu par toute l'opposition politique (45%), « toujours gagné les élections en Gambie ». Et c'est ainsi que convaincu de sa popularité et du fait que l'histoire va certainement se répéter il n'a pu rien entreprendre pour parer l'éventualité d'un échec. Cette première piste d'explication du docteur Issoufou Adamou tient la route puisque c'est la première fois que l'opposition est allée aux élections en soutenant un seul candidat. Continuant sur la même lancée, l'universitaire estime qu'en deuxième lieu, cette défaite est aussi liée au système électoral gambien, « un système unique au monde, infalsifiable car les électeurs votent non pas avec des bulletins mais des billes ».

Proximité salutaire

Mieux encore, la particularité de cette année, c'est que les urnes scellées n'ont pas été acheminées au niveau national mais ouvertes et les billes décomptées dans les différents bureaux de vote. Le facteur qui réduit également les tentatives de détournement des urnes a, à l'évidence, pesé dans ce scrutin. Enfin, le docteur Issoufou Adamou n'occulte pas le fait que « le président sortant a rencontré pour la première fois un homme du pouvoir, quelqu'un qui le connait et qui connait très bien le système, les acteurs ainsi que les conditions dans lesquelles les élections sont organisées dans ce pays ». En effet, ayant été dans son gouvernement avant de passer à l'opposition, Adama Barrow est l'un des gambiens les moins impressionnés par le Président Yahya Jammeh et c'est pour cette raison d'ailleurs, « qu'autant il est difficile pour un opposant historique loin du pouvoir d'imposer une alternance politique en Afrique et autant il est facile pour un homme politique ayant côtoyé le pouvoir d'imposer cette alternance ». Une véritable leçon de démocratie ? L'Histoire nous dira.

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Commentaire 1
à écrit le 05/12/2016 à 17:55
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En voilà une nouvelle science qui nous crée le despotisme éclairé, suivons la science politique modernisée

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