L'accord de paix avec l'Ethiopie sauve l'Erythrée des sanctions de l'ONU

La rançon de la paix ! L’accord de Riyad en septembre dernier a peut-être fait le lit de la décision de l’ONU. Ce mercredi 14 novembre 2018, à l’unanimité, le Conseil de sécurité a levé les sanctions en vigueur depuis 2009 contre ce pays de la Corne de l’Afrique. Une manière d’entériner la paix définitive dans la région ? Pas seulement.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

La résolution était une proposition de la Grande-Bretagne. Ce mercredi 14 novembre, lorsqu'elle est adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, elle entérine avec son vote la levée des sanctions contre l'Erythrée. Pour ce pays de la Corne de l'Afrique, c'est une victoire diplomatique majeure de voir levés l'embargo sur les armes, le gel des avoirs, ainsi que l'interdiction de voyager de certains hauts responsables.

Depuis la normalisation de ses relations avec l'Ethiopie, l'Erythrée a déployé toute sa diplomatie de couloirs pour tenter de lever ses sanctions que le Conseil de sécurité de l'ONU lui a infligées depuis 2009. Plus de dix ans après, à la faveur de son retour dans le jeu diplomatique sous-régional, plusieurs diplomates mandatés par Asmara ont rencontré des membres du Comité des sanctions ou des représentants de pays influents pour lever le blocus.

Les arguments de l'Ethiopie, pays qui siège en ce moment en tant que membre non permanent du Conseil, en faveur d'un geste d'encouragement pour pacifier définitivement la région, ont eu leur effet auprès des différentes délégations. Si l'on ajoute à cela que malgré le fait qu'ils conditionnent leur non-opposition au texte à une ouverture de négociations avec Djibouti, les Etats-Unis ne se sont pas cette fois opposés à la levée des sanctions, on comprend vite comment les choses sont allées si vite.

Pourquoi donc l'Erythrée n'a pas obtenu en plusieurs années de protestations ce qu'elle vient d'enregistrer ? Avec l'Accord de Riyad signé en septembre qui met fin à deux décennies de conflit avec son voisin éthiopien, le régime d'Isaias Afwerki s'est peu à peu départi de sa sulfureuse réputation de «Corée du Nord d'Afrique de l'Est». Pis, le pays était accusé de soutenir ou financer les réseaux terroristes dans la région, notamment les Shebab de la Somalie que combattent les Américains.

D'un autre côté, Asmara paye sans doute son hostilité envers Djibouti, devenue depuis l'installation des bases militaires américaine, française et chinoise, un pays stratégique pour les puissances occidentales et suscitant la jalousie des pays arabes du Golfe. Mais l'Accord de Riyad donne à l'Erythrée des arguments pour plaider l'ouverture à toute négociation. Ira-t-on jusqu'à un accord de Riyad Bis, plus élargi pour solder tous les différends entre les voisins à couteaux tirés ? Cela permettrait à la région d'être définitivement pacifiée.

Ibrahima Bayo Jr.

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