Angola : dos Santos quitte la tête du MPLA et annonce sa retraite politique

Après avoir cédé la présidence de la République à son ancien ministre de la Défense, l'ex-chef d'Etat angolais, Jose Eduardo dos Santos, a quitté la tête du parti au pouvoir ce samedi 8 septembre en annonçant par la même occasion sa retraite politique définitive. Une retraite qui ne s'annoncerait point paisible pour l'ancien homme fort de Luanda, vu ses nouvelles relations compliquées avec son successeur, le président Joao Lourenço.
(Crédits : Reuters)

C'est sans aucun doute la fin de l'ère dos Santos en Angola. L'ex-président angolais a quitté ce samedi la tête du parti au pouvoir, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), poste qu'il avait gardé depuis août 2017 alors qi'l cédait le pouvoir à son successeur Joao Lourenço.

Véritable siège du pouvoir en Angola, le désormais ancien «camarade numéro 1» avait souhaité y garder sa position en guise de prudence par rapport aux changements qui pouvaient survenir au cours de la phase de transition avec son successeur et ex-ministre de la Défense.

Ce passage de témoin signifie également pour l'ancien homme fort de Luanda sa retraite politique définitive. Agé de 76 ans, malade et sans influence, Jose Eduardo dos Santos restera désormais dans la discrétion.

Mais la retraite risque de ne pas être paisible pour le vieux président. «Le retrait de dos Santos est un tournant décisif dans la transition politique en Angola ... le passage de témoin entre lui et Lourenço a été chaotique et conflictuel», a indiqué Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House à l'AFP. L'analyste évoque ainsi une crispation entre les deux hommes née des changements opérés dès l'arrivée au pouvoir de Lourenço.

Le clan dos Santos en danger

Au lendemain de sa prise du pouvoir, ce dernier a promis des réformes pour relancer une économie déjà mal au point, en raison de la chute mondiale des cours du pétrole. Lourenço a tenté de réduire les influences de la famille dos Santos dans les secteurs stratégiques de l'économie, comme la compagnie pétrolière alors dirigée par Isabel dos Santos. Première grande décision, il limoge cette dernière de la direction de la Sonangol et son demi-frère Jose Filomeno, dit «Zenu», de celle du fonds souverain angolais. Celui-ci sera même inculpé pour de présumés détournements de fonds publics. Des changements qui n'ont pas été du goût de Jose Eduardo dos Santos. «Les changements sont nécessaires, mais ne devraient pas être aussi radicaux», allait-il déclarer en décembre dernier.

Mais dans le camp Lourenço, l'on estime que ces changements étaient nécessaires pour encourager les investisseurs étrangers.

«Le gouvernement fournira toutes les garanties aux étrangers qui investissent dans le développement de l'Angola (...) afin qu'ils ne perdent pas cet argent», avait déclaré le chef de l'Etat angolais lui-même. «Les mesures prises par Lourenço sont encourageantes. Il ne les a pas prises pour conforter son pouvoir personnel, mais pour le bien de tout le pays», justifiait pour sa part, l'ancien secrétaire général du MPLA, Marcolino Moco.

Selon certaines sources, le bras de fer entre les deux hommes continue jusqu'à ce jour, avec dos Santos qui voulait rester maître du parti jusqu'en avril 2019. Dans les rangs du MPLA, l'on évite pourtant d'évoquer une quelconque tension entre les deux leaders : «Tout s'est passé normalement, il n'y a eu aucune turbulence», a commenté la secrétaire générale de l'organisation des femmes du parti (OMA), Luzia Inglés.

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