Zimbabwe : sous la contestation, Mnangagwa réussit son «coup KO»

C’est ce qu’on appelle «un coup KO»! Dès le premier tour, Emmerson Mnangagwa est élu, selon les résultats annoncés par la Zec, la commission électorale zimbabwéenne. Sous la répression des partisans de l’opposition, sa victoire est contestée sur fonds de dénonciation de fraudes. Mais le successeur de Robert Mugabe avait-il seulement l’intention de quitter la State House, le palais présidentiel d’Harare ?
(Crédits : Reuters)

Les tendances des législatives ne laissaient plus aucun doute. Depuis le vote du 30 juillet, les résultats circonscription par circonscription laissaient une écrasante majorité à la Zanu-PF (au pouvoir).

Après une attente interminable du dépouillement des votes qui a donné lieu à la dénonciation d'une fraude scientifique et même à des manifestations violemment réprimées, la ZEC s'est décidée à plus de minuit passé dans la nuit du jeudi à annoncer les résultats du premier tour. Et ils sont sans surprise !

Avec avec 50,8 % des suffrages, Emmerson Mnangagwa passe dès le premier tour devant son principal rival Nelson Chamisa, crédité de 44,2% des voix. « Par conséquent, Emmerson Mnangagwa Dambudzo du parti de la ZANU-PF est déclaré président élu de la République du Zimbabwe, à compter du 3 août », comme l'atteste Priscilla Chigumba, la présidente de la ZEC lors d'une conférence de presse tardive à Harare.

Deuxième République

Et pourtant, quelques semaines avant le scrutin, les sondages donnaient les deux hommes au coude-à-coude très serré qui laissait envisager un second tour pour départager. Il semble désormais qu'avec son «coup KO», Emmerson Mnangagwa s'achemine vers ce qu'il a lui-même qualifié de «Deuxième République» dans un pays qui n'avait connu que Robert Mugabe depuis son indépendance, avant son éviction par un coup d'Etat du désormais nouveau président.

Avec des rues quadrillées dès l'attente des résultats par un impressionnant déploiement de camions blindés équipés de canon à eau et de militaires, presque aucune scène de liesse ou de protestation n'est venue troubler la tranquillité d'Harare. Pour la contestation d'une élection qu'elle estime frauduleuse, l'opposition tente la voie de la justice. «Les résultats sont faux, (...) nous les rejetons, nous allons dénoncer l'ensemble du processus devant un tribunal», proteste Morgan Komichi, porte-parole du MDC, le parti de Nelson Chamisa.

Après le coup d'état contre Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa se dirige donc vers un mandat de cinq ans. Dans son programme, le «Crocodile» a promis une diversification de l'économie et une justice sociale élargie. Un quinquennat où les militaires vont occuper une grande place dans ce qui pourrait être un régime très sécurocrate. A moins que la Cour suprême ne décide d'un scénario à la kényane en invalidant le vote.

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