RDC : Kabila élargit sa famille politique avec le Front commun pour le Congo

Le projet était dans les couloirs depuis avril 2017. Mais il n’a été scellé qu’au Conseil des ministres de ce jeudi 7 juin 2018, tenu dans le ranch de Joseph Kabila à Kingakati. Pour les prochaines échéances électorales, la majorité présidentielle et l’opposition qui siègent au gouvernement font bloc au sein du Front commun pour le Congo (FCC). Créée à l’initiative de Joseph Kabila, cette nouvelle machine électorale veut fédérer autour du nationalisme patriotique. Pourtant son objectif semble plus proche d’un élargissement de la famille politique du président.
(Crédits : Reuters)

Pour l'opposition extra-gouvernementale, la création du Front commun pour le Congo (FCC) conforte ses doutes sur la volonté supposée de Joseph Kabila de se porter candidat pour la troisième fois à la présidence. En violation de la constitution et des lois de la RDC.

Sans date précise, le projet devrait faire l'objet d'une présentation plus détaillée au public dans les prochains jours. Mais à l'issue du Conseil des ministres de ce 7 juin 2018 où sa charte a été adoptée, le FCC, soutenu à bout de bras par le président sortant, vient d'intégrer l'échiquier politique congolais. Au fait, de quoi s'agit-il ?

D'une méga-plateforme électorale au sein de laquelle les membres de la majorité présidentielle et l'opposition membre du gouvernement menés par Bruno Tshibala et Joseph Olenghakoy, sans perdre leur appartenance politique d'origine, se réunissent pour soutenir l'action de Joseph Kabila. Et chemin faisant, cette plateforme, placée sous l'«autorité morale» de Joseph Kabila, pousse ses membres à un devoir de solidarité pour aller aux prochaines élections en rangs serrés.

Joseph Kabila, le candidat unique du FCC, le flou persiste

Ce méga-congrès pourrait même « choisir de soutenir un candidat unique» à la présidentielle prévue en 2018, précise-t-on au gouvernement tout en se gardant de dévoiler si ce candidat sera Joseph Kabila ou si le président congolais va soutenir un autre candidat. A l'évidence, la création du FCC est la confirmation que les derniers opposants à avoir accepté de rejoindre le camp Kabila, ont été définitivement peints aux couleurs de la majorité présidentielle.

A l'analyse, après la création début 2017 d'une « centrale électorale», ce FCC devient une plateforme géante dans le paysage politique. Et le calcul est bien habile d'avoir ouvert son adhésion aux autres partis, en espérant profiter de la transhumance et du jeu d'alliances à l'approche des élections. Par ailleurs, en se posant en chantre du patriotisme, Joseph Kabila veut faire passer l'autre partie de l'opposition comme des agitateurs à la solde de leurs intérêts personnels ou de lobbys.

En plus des mystérieuses affiches promouvant un troisième mandat de l'actuel locataire du Palais de la Nation qui ont fait leur apparition, cette posture qui pourrait permettre de puiser les arguments pour justifier un nouveau glissement, même après expiration en décembre 2016, de son second et dernier mandat constitutionnel. Un point sur lequel se gardent bien de communiquer les membres de cette méga-plateforme.

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