RDC : avec son mouvement « Ensemble », Katumbi se rêve en successeur de Kabila

L’opposant congolais Moise Katumbi a lancé ce lundi depuis Johannesburg son mouvement «Ensemble pour le changement». A la tête d’une coalition de partis politiques et d’autres opposants au président Kabila, l’ancien gouverneur du Katanga se positionne désormais comme un des candidats favoris pour le fauteuil présidentiel à l’occasion des élections de décembre prochain. Seul risque : provoquer une division au sein des détracteurs en vue du régime qui s’apprêtent également à se lancer dans la course.
Moise Katumbi, puissant homme d'affaires et autrefois membre du PPRD du président Kabila.
Moise Katumbi, puissant homme d'affaires et autrefois membre du PPRD du président Kabila. (Crédits : © Kenny Katombe / Reuters)

En fin tacticien politique, Moise Katumbe Chapwe sait plus que quiconque que la course au fauteuil présidentiel est une course de fond, particulièrement en RDC, et que les premiers à prendre le top départ auront une longueur d'avance. C'est en tout cas ce que laisse transparaître le lancement, ce lundi depuis Johannesburg en Afrique de Sud, de son nouveau mouvement «Ensemble pour le changement». C'est après trois jours de conclave de ses partisans, réunis au sein de plusieurs organisations notamment l'Alternance et le G7, que l'annonce a été faite et l'ancien gouverneur du Katanga déclaré président du mouvement et aussi son candidat pour la présidentielle de décembre prochain.

La candidature de Moise Katumbi, puissant homme d'affaires et autrefois membre du PPRD du président Kabila, n'est pas vraiment une surprise. Depuis sa dissidence du parti présidentiel et son rapprochement de l'opposition qui exigeait le départ de Joseph Kabila à la fin de son second mandat en 2017, c'est même un secret de polichinelle. Toutefois et bien que faisant figure d'un des prétendants favoris surtout avec la disparition l'année dernière d'Etienne Tshisekedi, l'opposition a jusque-là montré un semblant d'unité autour du départ de Kabila.

[Lire aussi : RDC: un an après sa mort, l'inhumation suspendue d'Etienne Tshisekedi]

 A présent que les élections se profilent malgré l'incertitude, Moise Katumbi se détache donc du bloc des opposants au sein duquel on compte plusieurs autres figures en vue, notamment Félix Tshisekedi qui a repris le flambeau de son père à la tête du principal parti de l'opposition. «A la suite de l'adoption de la loi électorale, de la fin de l'enrôlement des électeurs et de la publication par la CENI du calendrier des élections présidentielles, législatives et provinciales fixées au 23 décembre 2018, le moment est venu pour tous ceux qui soutiennent la candidature de Moise Katumbi Chapwe de se rassembler pour valider le programme de leur candidat, élaborer les stratégies électorales gagnantes et constituer autour du futur président une large majorité de pouvoir», détaille le nouveau mouvement qui a déjà tout d'un parti politique avec son emblème, son programme électorale, ainsi qu'une vitrine sur le web.

«Le peuple congolais attend avec impatience ces élections qui aboutiront à la première alternance démocratique et apaisée à la tête de la République Démocratique du Congo», poursuit encore le mouvement «Ensemble pour le Changement, avec Moise Katumbi». Par la même occasion, un appel a été lancé à l'endroit du G7, des autorités religieuses, personnalités politiques, mouvements katumbistes, organisations de la société civile, pour la constitution d'un large mouvement «pour relever avec Moise Katumbi, le défi du changement».

En rang dispersé

Dans le discours qu'il a prononcé devant les participants au conclave de Johannesburg, l'opposant en exil a déclaré «accepter avec humilité et responsabilité» la direction du mouvement pour qui il s'est engagé à le conduire à «la victoire électorale». Il a pris soin de ne pas froisser ses compagnons engagés dans l'opposition contre le régime de Kabila au sein de la coalition «Le Rassemblement». «Ce qui nous réunit ici, c'est avant tout le rejet de la dictature qui s'est installée dans notre beau pays et la volonté de bâtir un monde meilleur pour nos compatriotes», a scandé celui qui est par ailleurs dirigeant du célébré club de football TP Mazembé. Il a également profité de la tribune pour esquisser les grandes lignes de son programme politique, promettant par exemple de mobiliser 100 milliards de dollars pour relancer l'économie du pays, une fois élu.

L'absence à ce conclave des autres partis de l'opposition à Kabila n'est pas passée inaperçue. Il s'agit notamment, en plus de l'UDPS, de l'UNC de l'ancien président du Parlement, Vital Kamerhe ou même des représentants du MLC de Jean Pierre Bemba, actuellement détenu à la CPI. De quoi alimenter les suspicions de division au sein de la coalition de l'opposition, même si certains ténors s'en défendent. Samedi dernier lors d'un meeting à Kinshasa, Félix Tshisekedi a déclaré que c'est le droit de Katumbi de lancer son mouvement et de briguer la présidence et que cela n'altère en rien leurs combats communs de faire partir Kabila.

«Ne vous attaquez pas à Moïse Katumbi et ceux qui le soutiennent pour le fait qu'il a annoncé sa candidature pour que personne ne nous attaque quand on annoncera la nôtre !», a conseillé Tshisekedi.

La déclaration présage déjà une autre candidature issue des rangs de l'opposition et pour certains, cela confirme que le «Rassemblement» de l'opposition risque d'aller en rang dispersé à la prochaine présidentielle du 23 décembre prochain. La presse congolaise rapporte d'ailleurs que dans les prochains jours, plusieurs autres candidats de l'opposition vont annoncer leurs candidatures et des négociations pour conclure des alliances sont désormais en cours.

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Commentaire 1
à écrit le 15/03/2018 à 10:23
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nous disons courage a KATUMBI et bonne chance

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