RDC : nouvelle attaque contre une résidence de Joseph Kabila

Joseph Kabila est-il visé par une tentative de liquidation ? Par une campagne de destruction de ses biens immobiliers en RDC ? Même si le chef de l’Etat congolais ne s’y trouvait pas, l’attaque qui a visé sa résidence alimente ces questions. En l’espace de troisf mois, c’est la deuxième attaque contre une propriété du président congolais. Les détails.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Les attaques contre des propriétés de Joseph Kabila semblent s'inscrire dans des célébrations religieuses. Dernière en date, celle de ce jeudi 29 mars, la veille du Vendredi saint dans la ferme du chef de l'Etat de Kabasha, dans la province du Nord-Kivu au sud-ouest de Béni.

Deuxième attaque sur la même propriété présidentielle!

Cette fois-ci, les soldats en faction chargés de la protection du ranch ont longuement échangé des tirs avec des assaillants, décrits plus tard par l'armée gouvernementale comme des miliciens Maï-Maï. Le bilan -non encore officiel- fait état d'un mort dans les deux camps. Les Forces armées de RDC (FARDC) se targuent même d'avoir pu capturer un milicien parmi les assaillants.

Cette nouvelle attaque rappelle celle de la Noël 2017 sur la même propriété. La ferme de Kabasha avait alors essuyé, dans la nuit du 24 au 25 décembre dernier, une attaque de rebelles également présentés comme appartenant à la milice Maï-Maï. Le chef de la sécurité de la résidence avait perdu la vie dans l'attaque sur laquelle une enquête est en cours.

Actifs depuis la deuxième guerre du Congo (1998-2003), les Maï-Maï sont des milices militarisées pour protéger les deux Kivu (Nord et Sud) des attaques de rebelles congolais en provenance du Rwanda. Mais leur composition s'est peu à peu mue avec des milices locales formées par des chefs coutumiers ou par les villages, sans que l'on sache qui les arme réellement.

Instrumentalisation ?

A Kinshasa, les attaques contre la propriété présidentielle sont interprétées comme un «coup» du pouvoir en place pour entretenir l'instabilité dans la région. On fait remarquer la concomitance de la nouvelle attaque avec le massacre de onze civils, dans une tuerie intervenue la veille dans le territoire de Beni et imputé à des ADF (rebelles ougandais) présumés.

Dans tous les cas, cette hypothèse n'est pas dénuée de sens. Laurent Désiré Kabila lui-même, le père de l'actuel président, avait intégré dans l'armée régulière une bonne partie des Maï-Maï qu'il flanquait du surnom de «Kadogo» («mon petit» en swahili). Ils étaient pour la plupart des enfant-soldats et lui ont permis de conquérir le pouvoir avec les AFDL en chassant Mobutu.

Les hypothèses planchent donc pour une instrumentalisation par le pouvoir en place de ces milices pour entretenir une instabilité que l'on pourrait imputer à des opposants politiques pour les mettre hors course lors de la présidentielle qui se profile pour le 23 décembre prochain. Sauf si c'est pour que cette instabilité serve de faire-valoir pour le report de l'échéance électorale.

Ibrahima Bayo Jr.

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