RDC : la maison de Joseph Kabila à Musienene ravagée par un incendie

Une enquête en cours sur la nature de l’incendie devrait dissiper les doutes ou confirmer les certitudes. Même si l’identité des auteurs n’est pas certaine, l’incendie à la Noël d’une des résidences de Joseph Kabila à Lubero a coûté la vie au chef de police chargé de sa sécurisation. Attaque Maï-Maï comme le laissent entendre les premiers commentaires ? Manœuvre d’un pouvoir sous la pression de la date fatidique du 31 décembre à minuit, coïncidant avec l’expiration de l’accord politique dont il tire sa légitimité menacée ?
Ibrahima Bayo Jr.

Noël d'une rare violence à Musienene, à 40 km au sud de Butembo, en territoire de Lubero dans le nord-Kivu. A 4 heures du matin, dans l'obscurité de la fraîche nuit du dimanche 24 au lundi 25 décembre, des hommes en armes ont l'audace de s'attaquer à la résidence... du président de la République, Joseph Kabila !

Une attaque imputée aux Maï-Maï...

Sans grande résistance de la part des deux policiers qui faisaient office de gardiens, les assaillants neutralisent la bâtisse présidentielle et y mettent un feu dont les dernières colonnes de fumée étaient encore visibles à l'aube. Dans leur attaque, le chef de la sécurité de la résidence présidentielle est mort, le corps calciné par les flammes. C'est la première fois qu'une propriété appartenant au chef de l'Etat est la cible d'attaque.

A la presse locale stupéfaite de l'attaque, Joy Bokele, l'administrateur du territoire, indique que l'identité des assaillants n'a pas pu être déterminée avec précision, mais qu'une enquête était en cours pour déterminer les circonstances qui ont conduit à l'incendie de la ville présidentielle. Mais d'autres sources imputent l'attaque à des miliciens Maï-Maï, des groupes armés restés actifs après la deuxième guerre du Congo et qui sèment la terreur dans la poudrière du Kivu.

Au milieu de l'instabilité politique, comment expliquer le manque flagrant de sécurité autour d'une résidence censée accueillir, même de façon occasionnelle, le chef de l'Etat ou des membres de sa famille ? Sous cape, la réponse suscite des suspicions sur une organisation supposée de cette attaque par le pouvoir afin de décréter l'insécurité pour retarder d'hypothétiques élections.

... mais à forte teneur de calculs politiques

Aux prises d'une opposition pratiquement disloquée, plus visible sur les réseaux sociaux que dans la rue, sous pressions internationales, le bail de Joseph Kabila au Palais de la Nation de Kinshasa, expiré depuis le 19 décembre 2016, avait été prolongé de justesse par un accord arraché le 31 décembre de la même année. Mais ce sursis locatif censé conduire à l'organisation d'élections locales, provinciales et présidentielles s'est progressivement transformé en période de brouillard politique.

Successivement, le manque de financements, l'enrôlement des électeurs, la décrispation du climat politique, l'insécurité dans les Kasaï et les Kivu, le pouvoir multiplie les prétextes et les manœuvres pour prolonger le mandat expiré de Joseph Kabila. Il n'est pas exclu que l'attaque de sa résidence, si elle aurait été commanditée par le pouvoir, entre dans le cadre d'une preuve pour justifier l'insécurité dans le Kivu.

Pour autant, la RDC s'achemine vers une date cruciale. Le 31 décembre 2017 à minuit, l'accord qui avait décidé du maintien au pouvoir de Joseph Kabila aura expiré. Le pays devra alors constaté le vide politique face un pouvoir qui renvoie l'organisation des élections aux calendes kinoises. Pour l'instant, en maître des horloges politiques, Joseph Kabila devra jouer un tour de génie pour sortir de cette situation qui le désavantage.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 27/12/2017 à 15:07
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Pourquoi Joseph Kabila continue avec des agissement pareils alors qu'il connaît que tôt ou tard il pourra abandonner le pouvoir et répondre à ses actes difficile à nommer. Ce qui me dérange, c'est la façon dont finissent les leaders congolais.

à écrit le 27/12/2017 à 12:57
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qui vivra verra,

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