Afrique du Sud : en procès le 6 avril, Jacob Zuma rattrapé par le scandale Thales

La retraite présidentielle forcée risque de ne pas être de tout repos pour Jacob Zuma. Après plusieurs tergiversations, la justice sud-africaine a décidé de renvoyer l’ancien président sud-africain devant les tribunaux pour fraude, blanchiment d’argent et corruption dans l’affaire Thint-Thales. L’audience fixée au 6 avril prochain devrait acter de façon formelle, la mise en accusation de Jacob Zuma ainsi que de responsables du groupe français à l’époque des faits. «Mister Scandal» va-t-il se tirer d’affaire comme pour les plus de 700 cas de corruption le concernant devant la justice ?
Ibrahima Bayo Jr.

Le boomerang d'une affaire plusieurs fois enterrée puis déterrée par la justice. Le nouvel acte de ce feuilleton judiciaire s'ouvre le 6 avril prochain devant la Haute Cour de Durban, dans la province du KwaZulu-Natal, là même où le désormais ex-président sud-africain avait comparu en 2005.

Nouvelle mise en accusation dans une affaire à rebondissements

Plus d'une décennie plus tard, Jacob Zuma devrait se voir notifier une nouvelle mise en accusation formelle pour blanchiment d'argent, fraude et corruption dans l'affaire Thint-Thales qui ne cesse de connaître des rebondissements alimentés par de curieux vices de procédure ou de nouvelles découvertes effarantes des enquêteurs.

Pour remonter à l'origine de l'affaire au cœur de l'accusation visant Jacob Zuma, il faut remonter à 1999. Alors vice-président de l'Afrique du Sud sous la mandature de Thabo Mbeki, Jacob Zuma aurait touché 60 000 euros de rétrocommissions annuelles pour faciliter à Thint, filiale de Thomson CSF (devenu Thales), un marché de 4 milliards d'euros d'équipements de navires militaires.

Le tollé politique et médiatique du scandale avait d'ailleurs coûté son poste de vice-président à Jacob Zuma. Le volet judiciaire de l'affaire, volontairement inscrite dans l'opposition politique entre Mbeki et Zuma, avait alimenté un duel qui a fini par tourner à l'avantage du second, porté par le puissant Cosatu et la ligue des jeunes de l'ANC, le parti-Etat.

Schabir Shaik, l'homme d'affaires et conseiller financier de Jacob Zuma, condamné pour avoir joué le sulfureux rôle d'intermédiaire entre Thales et Zuma, a écopé de quinze ans de prison. Le retentissement de l'affaire a aussi participé à pousser Thabo Mbeki à la démission sous la pression savamment entretenue dans les couloirs de l'ANC.

Jusqu'où ira la résistance de Zuma aux scandales de corruption ?

Longtemps sur la sellette, «Mister Scandal» quant à lui résiste en dépit des accusations sur un pacte de protection conclu avec l'entreprise française pour faire annuler toute poursuite dès les débuts de l'esclandre. Mais cette fois-ci, Jacob Zuma, démissionnaire depuis la mi-février, pourra-t-il passer à travers les mailles du filet de la justice ? Rien n'est moins sûr.

Habitué aux esclandres, l'ancien président bénéficiait de son armure présidentielle quand il n'a pas cédé au début de sa présidence aux pressions de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, qui ont pesé de leur poids pour qu'une enquête ne vise pas le groupe français.

Cette fois-ci, seul face à la justice, avec une cote de popularité en apnée depuis sa quasi-destitution, Zuma ne devrait théoriquement compter sur aucun groupe de pression en guise de soutien, en tout cas public. Les données de l'équation judiciaire s'en trouvent donc résolument changées, nouvelles même. Mais «Mister Scandal» a toujours su se jouer habilement des règles pour échapper à «Dame Justice».

Pourra-t-il le faire pour les 700 autres cas de corruption et de compromissions dont il est accusé ? Seul le temps judiciaire pourra y apporter une réponse. Pour l'heure, de la remise présidentielle, les vieilles affaires se bousculent déjà aux portes des prétoires.

Ibrahima Bayo Jr.

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