13 jeunes tués en Casamance : sous le choc, le Sénégal s'interroge sur les assaillants

Est ce le retour du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), un mouvement sécessionniste armé qui sévit dans cette région sud du Sénégal depuis 1982 ? En tout cas, le meurtre de 13 coupeurs de bois à l’arme lourde ce 6 janvier dans une forêt en périphérie de la frontière bissau-guinéenne, a relancé les spéculations autour du mouvement. Jusqu’au moment du deuil, l’identité réelle des auteurs est encore inconnue. Mais la tragédie fait craindre un retour de la violence dans cette région en recherche de paix. Détails.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

En plus de l'enquête ouverte sur les circonstances ayant entraîné l'assassinat des 13 jeunes, l'armée sénégalaise a envoyé une compagnie de 150 parachutistes pour venir en aide aux blessés et traquer les auteurs de l'attaque.

Une "attaque d'une rare barbarie"

Fait rare dans la communication gouvernementale, le Palais s'est fendu d'un communiqué fleuve qui détaille cette «attaque d'une rare barbarie». Et les mots ne sont pas trop forts au vu de la tragédie qui a eu pour cadre la Forêt classée de Bayottes, à 17 km au sud de Ziguinchor, en Casamance (sud du Sénégal). Que s'est-il alors passé ?

En fin de matinée de ce 6 janvier, à bord de charrettes, un groupe de jeunes originaires de Bourofaye Diola en Basse-Casamance est parti chercher du bois. Dans leur quête, les coupeurs de bois ont pénétré dans la Forêt de Bayottes, à quelques encablures de la frontière avec la Guinée-Bissau. Vers onze heures, les « bûcherons » tombent dans une embuscade. Ils sont froidement abattus à l'arme lourde par « une bande armée», selon le colonel Abdou Ndiaye, porte-parole de l'armée sénégalaise.

Les charrettes qui devaient servir à transporter le bois serviront finalement à transporter les cadavres des 13 jeunes, selon les premiers journalistes, des correspondants des radios locales, arrivés sur place. Neuf autres membres du groupe, blessés dans l'attaque sont aux soins à l'Hôpital de Ziguinchor.

MFDC ou seigneurs du bois, spéculations sur les auteurs de l'attaque

Pour l'heure, l'armée sénégalaise communique peu sur l'identité des assaillants. Mais une dépêche de l'Agence de presse sénégalaise (APS) indique que les coupeurs de bois « auraient dépassé la zone tampon séparant les positions de l'armée sénégalaise de celles des combattants du MFDC ». Les spéculations attribuent cette attaque au mouvement indépendantiste, actif depuis 1982 dans cette région sud du Sénégal.

Cette attaque imputée au MFDC intervient une semaine après l'appel du président Macky Sall lors de ses vœux de fin d'année pour le retour d'une paix « sans vainqueur ni vaincu » en Casamance. De l'avis de commentateurs, la coïncidence entre l'appel du pied et l'attaque peut faire penser à un signal envoyé aux autorités par le mouvement rebelle qui a perdu un de ses plus grands soutiens, l'ancien président gambien Yahya Jammeh.

De plus, la Forêt des Bayottes, sur la rive gauche du Fleuve Sénégal, constitue une des bases des maquisards du MFDC dans ce que l'on appelle « le front dormant ». Plusieurs rebelles portant les armes se refugient régulièrement dans les forêts pour mener une sorte de guérilla contre l'armée sénégalaise. Et au vu des armes utilisées dans l'attaque, il serait difficile de croire à une attaque de villageois contre les coupeurs de bois.

Pourtant, la piste du MFDC est à nuancer. Dans son récit fait à la RFM (radio privée), le seul rescapé de l'attaque évoque des hommes en tenue qui ont mentionné une bagarre antérieure avec les coupeurs de bois avant d'ouvrir le feu. Même si les « confidences » des assaillants sur la bagarre peuvent être interprétées comme un brouillage des pistes, le témoignage du rescapé orienterait l'enquête sur la piste d'un règlement de comptes ou d'une bataille pour le contrôle dans la coupe du bois.

Toutefois, la Casamance est sur le qui-vive. En dépit d'une perte de vitesse et de fissures dans le mouvement sécessionniste, le MDFC fait à nouveau parler de lui, directement ou indirectement. Et au vu du déploiement de l'armée sénégalaise, la région redoute le retour de la violence. La paix, fragile, est encore menacée.

Ibrahima Bayo Jr.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.