Sénégal  : lancement des travaux du plus grand ouvrage hydraulique du pays

Les travaux de Keur Momar Sarr 3 (KMS 3), la troisième usine d'eau, réalisée sur le lac de Guiers, ont été officiellement lancés ce 18 décembre dans la région de Thiès. Cet important ouvrage a nécessité un financement de 274 milliards de Fcfa et permettra, à terme, d'augmenter de 50% la production en eau de la région de Dakar.
Mounir El Figuigui
A terme, Keur Momar Sarr 3 permettra une meilleure disponibilité d'eau potable et devrait soulager les femmes de la pénibilité de la corvée d'eau.

Les travaux de Keur Momar Sarr 3 (KMS 3), la troisième usine d'eau, réalisée sur le lac de Guiers (nord du Sénégal, dans le haut-delta du fleuve Sénégal), ont été lancés en grande pompe ce 18 décembre à Fandène (commune de Thiès), en présence du chef de l'Etat, Makcy Sall.

Implantée dans la région de Louga (nord-ouest), KMS3 sera le plus grand ouvrage hydraulique de l'histoire du Sénégal, avec une capacité finale de 200 000 m3 par jour. Sa réalisation a nécessité un financement de 274 milliards de Fcfa et permettra d'augmenter de 50% la production en eau de la région de Dakar.

Une demande croissante en eau potable

A l'horizon 2035, cet important ouvrage devrait assurer les besoins en eau potable des populations de la région de Dakar et des localités traversées par la conduite du Lac de Guiers. D'après le ministère sénégalais de l'Hydraulique, le projet de cette troisième unité a été pensé avec l'objectif de répondre à une demande croissante en eau potable, notamment pour la capitale Dakar qui, à elle seule, mobilise 70% de la production d'eau potable du périmètre affermé.

«La croissance démographique, combinée aux activités économiques et aux nouveaux aménagements urbains et péri-urbains, justifie l'anticipation sur l'évolution de la demande. Les études réalisées lors du dernier recensement montrent que si rien n'est fait, le déficit de pointe de production, pour la région de Dakar notamment et les localités traversées par la conduite du Lac de Guiers, s'accroîtra pour atteindre 202 017 m3/j en 2025 et 390 888 m3/j en 2035 en 2035», explique une note du département de l'Hydraulique.

Des cofinancements de l'ordre de 262 milliards de Fcfa

Au-delà de son impact économique, KMS3 permettra de démocratiser l'accès à l'eau potable aux populations installées dans le périmètre des conduites d'adduction et de distribution. «Les couches vulnérables auront à leur disposition 85 000 branchements sociaux. La disponibilité de la ressource soulage les femmes de la pénibilité de la corvée d'eau. Dans ce périmètre Thiès, AIBD et Diamniadio, seront érigés 3 réservoirs de distribution pour un volume global 4400 m3», ajoute la même source.

Keur Momar Sarr 3, le projet d'approvisionnement en eau potable de la ville de Dakar devait initialement porter sur un montant de 87,2 milliards de Fcfa. Il est conjointement financé par l'AFD, la BEI, la BID, la Banque mondiale, la BAD et l'Etat du Sénégal, à travers la Société nationale des eaux (SONES).  «Les interventions des différents bailleurs de fonds se feront sous la forme de cofinancements pour un total de 262 milliards de Fcfa, soit 400 millions d'euros», détaille le document du département de l'Hydraulique.

Pour rappel, le Lac de Guiers est un plan d'eau de 170 kilomètres d'où provient la ressource brute traitée par les usines de Ngnith et de Keur Momar Sarr. Mis en service en 1971, Ngnith a une production de 45 000 m3/jour.

Outre Ngnith, la seconde unité de Keur Momar Sarr a une capacité de 135 000 m3/jour. Celle-ci a été construite dans le cadre du Programme eau à long terme (PELT, 2004-2008). Les deux unités assurent plus de 40 % de la production d'eau potable pour Dakar.

Avec la mise en fonction de KMS3 dès 2020, 610 000 personnes supplémentaires seront connectées au réseau de distribution d'eau potable, alors que les nappes souterraines seront, à partir de 2019, préservées de la surexploitation.

Mounir El Figuigui

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