RDC : quel premier ministre pour la cohabitation avec Kabila ?

Trois semaines après la publication des conclusions du dialogue national, les Congolais devront patienter encore quelques heures pour savoir qui sera leur prochain premier ministre. Le choix de Joseph Kabila devra se porter, conformément à l'accord issue du dialogue national, sur un candidat de l'opposition pour diriger le gouvernement de transition. Une cohabitation annoncée dont la seule inconnue reste le nom du futur premier ministre. Revue d'effectif des principaux prétendants.
Ibrahima Bayo Jr.

Quel premier ministre va choisir Joseph Kabila ? Ce sera sans doute l'ordre du jour de toutes les discussions à Kinshasa et les autres villes de la RDC. Les Congolais devraient être fixés dans les heures qui viennent. En accord avec les conclusions du dialogue national, Joseph Kabila devrait choisir un premier ministre issu de l'opposition, dans les trois semaines qui suivent la présentation par Edem Kodjo, le médiateur de l'Union africaine, des clauses de cet accord paraphé par une partie seulement de l'opposition.

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La date butoir arrive à échéance ce lundi 14 octobre et déjà les spéculations vont bon train sur le potentiel successeur de l'actuel locataire de la primature, Augustin Matata Ponyo. Le nom du futur premier ministre de transition ne devrait donc plus tarder à être dévoilé.

La tentation du « jeu de chaises musicales »

Pressenti à ce poste, le nom de Vital Kamerhe est sur toutes les langues. A 57 ans, le président de l'UNC (Union pour la nation congolaise) émerge en effet en tête des favoris au poste. Tout le monde se souvient des efforts du quinquagénaire pour mener l'opposition à la table des négociations pour l'aboutissement de l'accord politique. Mais personne n'oublie que ce même Vitah Kamerhe est un homme du sérail, un ancien de la vieille garde de Joseph Kabila pour avoir été son directeur de campagne pour sa première élection par les urnes en 2006. Cet économiste de formation né à Bukavu dans le sud-Kivu, a également été plusieurs fois ministre avant de tomber en disgrâce et de prendre la voie de l'opposition. Certains verront sans doute dans la nomination de Vital Kamerhe, un jeu de chaises musicale qui permettrait à Kabila de se faire remplacer, le temps de trouver la parade pour revenir au pouvoir.

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Dans la course à la primature, Vital Kamerhe pourrait se voir ravir la vedette par Florentin Mokonda Bonza. Son poste d'ancien ministre et directeur de cabinet de Mobutu n'en cache pas moins une expérience avérée en politique. Des critiques montent en affirmant qu'il serait le pion de l'actuel président du sénat, le puissant Léon Kengo wa Dondo si ce dernier n'est pas lui-même le candidat qui avance masqué. En tout cas, son parti Convention pour la renaissance du Congo (CRC), lui a assuré son soutien dans un communiqué dès la publication des conclusions de l'accord politique. « Mokonda Bonza est un homme de compromis entre la Majorité et l'Opposition. Il a, à la fois, les énergies, stratégies, capacités intellectuelles et morales pour prendre à bras le corps, le processus vers l'alternance démocratique, lors des prochaines élections générales dont la tenue a été fixée à la fin du mois d'avril 2018 en RD. Congo », encense son parti.

Un pied de nez de Kabila à Tshisekedki

A 52 ans, Azarias Ruberwa, avocat de formation et ancien vice-président chargé de la « Commission politique, défense et sécurité » pourrait déjouer les pronostics. Ce protestant issu de Fizi, dans la province du Sud-Kivu pourrait mettre à profit son expérience d'opposant au sein Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Mais c'est surtout son expérience de consultant pour les questions de paix et de sécurité dans la région des Grands Lacs qui pourrait le propulser à ce poste.

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L'improbable Félix Tshilombo Tshisekedi, un des cinq fils du rival le plus farouche au président Kabila, pourrait jouer l'outsider dans cette course à la direction du gouvernement de transition dans cette sorte de série « Dallas » à la sauce kinoise. En charge des affaires extérieures de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l'homme serait couvé par sa maman très populaire au sein des militants qui la surnomment « Maman Marthe ». Celle-ci très active pour booster la carrière politique de son fils au point de le pousser à être chef à la place du père, verrait dans cette nomination, une formidable ascension politique. Seul hic, l'enfant de l'opposant est sans expérience et certains remettent en doute son niveau d'études. Mais si le choix de Joseph Kabila venait à se porter sur Tshisekedi junior, ce serait un pied de nez assez cocasse à Etienne Tshisekedi, tête de gondole de la défiance à Kabila.

La question qui subsiste est de savoir comment va se passer cette transition ? Ou encore si le successeur de Matata Ponyo, qui a présenté sa démission ce lundi matin même, aura assez de marge de manœuvre pour exister à côté de l'écrasant "héritier du Mzee". Au-delà, se pose aussi et surtout la question de la transition politique à l'horizon 2018, date de l'échéance de la prolongation du mandat de Joseph Kabila.

Ibrahima Bayo Jr.

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