RDC : Le subterfuge de Joseph Kabila pour rester au pouvoir jusqu’en 2018

Ceux qui se préparaient à une élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) en novembre 2016, voire en 2017, vont vite déchanter. Les électeurs congolais devront attendre avril 2018 pour se rendre aux urnes et choisir leur prochain président. Le subterfuge présidentiel semble fonctionner. Décryptage
Ibrahima Bayo Jr.
Joseph Kabila, Président de la République Démocratique du Congo

C'est l'une des principales conclusions du dialogue national présentées, ce lundi 17 octobre lors d'une plénière à Kinshasa, par le facilitateur des négociations désigné par l'Union africaine (UA), le Togolais Edem Kodjo. Agé de 45 ans, l'actuel président congolais sera maintenu à son fauteuil du « Palais de la Nation » jusqu'à la passation de pouvoir après la présidentielle désormais fixée au 29 avril 2018.

Le mandat de Joseph Kabila devait normalement suivre le cours constitutionnel et s'achever en décembre 2016. Mais tout au long de cette année censée être « électorale », le locataire du Palais de la Nation s'est muré dans un silence interrogateur quant à son avenir politique alors que la constitution congolaise lui interdit de se présenter à un quatrième mandat de 5 ans.

Dialogue dans la contestation

A l'approche de la fin de son dernier quinquennat à la tête du deuxième plus vaste pays d'Afrique, Joseph Kabila n'a jamais exprimé une claire intention de se représenter. Le président congolais a surtout laissé le soin à ses proches de lancer des ballons de sonde pour tâter le pouls de la population.

Mais depuis sa réélection en 2011 dont le scrutin est pointé du doigt en raison de fraudes présumées, Joseph Kabila fait face à une contestation populaire. Celle-ci s'est accentuée avec l'incapacité déclarée de la commission électorale nationale indépendante(Ceni) à organiser l'élection présidentielle de décembre 2016, prétextant un fichier électoral non actualisé et un manque de ressources pour financer les élections (la présidentielle doit être couplée avec les législatives et les locales).

La contestation s'est depuis emparée de la rue congolaise. Kinshasa, capitale de 10 millions d'habitants mais aussi d'autres villes ont été investies, le 19 septembre dernier par des jeunes, pour réclamer la convocation d'une élection présidentielle. La manifestation a été violemment réprimée et l'opposition, réunie autour du « Rassemblement », constitué en juin dernier, s'est retirée du dialogue national entamé début septembre et censé conduire le pays vers des élections apaisées.

Il faut voir dans le blocage politique en RDC, une volonté affichée de la majorité au pouvoir de donner la priorité aux élections locales. Une volonté qui s'oppose à celle d'une opposition qui veut se presser vers une présidentielle.

Remake et jeu de chaises ?

A 45 ans, Joseph Kabila Kabange de son nom complet, a été adoubé pour prendre la succession de son père Laurent-Désiré Kabila, tombeur de Mobutu et assassiné en 2001 dans de troubles circonstances. Alors chef d'Etat-major dans l'armée, le jeune homme de 29 ans entame son mandat par un dialogue inter-congolais. Ce dernier mit au point en 2003, un gouvernement de transition pour entériner l'accord de paix à la suite de la 2è Guerre du Congo mais surtout pour caser les chefs des groupes rebelles à la vice-présidence.

Joseph Kabila sera élu en 2006 puis réélu en 2011 non sans faire face à une polémique sur sa « congolité » (on l'accuse d'être originaire du Rwanda ou de la Tanzanie). Il doit aussi faire face à une rébellion interne qui déstabilisent le pays mais aussi à des tentatives de coups d'Etat. Aujourd'hui, le dialogue national qu'il appelle de ses vœux sonne comme un remake du dialogue inter-congolais.

L'accord prévoit notamment de désigner un premier ministre de transition au sein de l'opposition dans les 3 semaines à venir. La technique semble bien rodée : jouer sur le glissement de la date des élections, le temps d'affaiblir l'opposition. Pressenti à ce poste, Vital Kamerhe, président de l'UNC (Union pour la nation congolaise), est un ancien homme du sérail pour avoir été ministre. Certains y voient un jeu de chaises musicales qui permettrait à Joseph Kabila de se faire remplacer par Vital Kamerhe, le temps de revenir au pouvoir, à la Poutine !

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 18/10/2016 à 21:40
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La population congolaise a besoin de la paix et non de la violence;les congolais ont bcp souffert depuis 2001,rien ne marche,pas de classe moyenne.le social est oublié mais les politiciens continuent à distraire la population.trop c trop ayez pitié d...

à écrit le 18/10/2016 à 21:40
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La population congolaise a besoin de la paix et non de la violence;les congolais ont bcp souffert depuis 2001,rien ne marche,pas de classe moyenne.le social est oublié mais les politiciens continuent à distraire la population.trop c trop ayez pitié d...

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