La Banque mondiale lève des fonds pour parer à d’éventuelles pandémies

La Banque mondiale vient de réaliser une grande percée sur le marché financier à travers une opération de levée de fonds pour parer aux pandémies qui pourraient survenir notamment sur le continent. L'opération a attiré l'attention des bailleurs pour un record de plus de 200% de souscriptions, alors que ces derniers seront plus dans le rôle d'assureurs que de simples investisseurs, avec le risque de perdre leur portefeuille en cas de pandémie.
Le PEF est un mécanisme de financement inédit de la Banque mondiale pour protéger les pays les plus pauvres contre les pandémies.

Afin de faire face aux épidémies majeures de manière efficace, la Banque mondiale (BM) a lancé récemment une opération pour mobiliser des fonds. L'institution de Bretton Woods a effectué deux émissions obligataires distinctes avec une maturité de 36 mois, lesquelles ont permis de mobiliser plus de 320 millions de dollars, en plus des 105 millions de dollars collectés grâce aux opérations de swaps. D'après un communiqué de la BM, les émissions ont attiré des investisseurs de divers horizons. Au total et à l'issue de l'opération, l'institution a enregistré plus de 200% de souscriptions.

Les émissions sont basées sur un principe peu habituel, puisque la Banque mondiale versera aux porteurs un coupon régulier, plus un spread de financement. De leur côté, les investisseurs courent le risque de perdre en partie ou totalement leur portefeuille en cas de déclenchement d'une nouvelle épidémie. «Si un événement de déclenchement [une pandémie, NDRL] se produit, au lieu de procéder à un remboursement intégral, tout ou partie du capital est transféré au mécanisme de financement d'urgence en cas de pandémie (PEF, NDLR). Donc, les investisseurs agissent essentiellement comme des compagnies d'assurance», a déclaré Michael Bennett, chef des produits dérivés et du financement structuré au Département des marchés financiers de la Banque mondiale.

Le PEF ou Pandemic emergency financing facility est un dispositif mondial mis sur pied en 2015 pour se prémunir des pandémies mortelles et reposant notamment sur la création du tout premier marché de l'assurance contre le risque de pandémie.

Rappelons que les deux émissions distinctes couvriront des types différents d'épidémie majeure. Celle au coupon de 6,5% au-dessus du taux d'intérêt Libor dollar américain à 6 mois (taux interbancaire moyen auquel un grand nombre de banques veulent s'accorder des prêts non garantis en dollars américains sur le marché financier londonien) sera consacrée aux pandémies de grippes et aux infections à coronavirus, dont par exemple le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).

Quant à la seconde, à 11,1% au-dessus du Libor dollar américain, elle sera destinée à couvrir les filovirus comme Ebola, Marburg, les autres types de fièvre comme celle de la vallée du Rift ou la fièvre Lassa.

Une action anticipative contre les épidémies

L'opération réalisée par la BM à est surtout anticipative. Le but est d'accélérer la mobilisation des fonds par l'institution en cas d'épidémie de grande ampleur et non maîtrisée. Selon les prévisions, le PEF devrait permettre plus de 500 millions de dollars de couverture contre les pandémies. Le dispositif est inspiré du ravage causé par l'épidémie d'Ebola entre 2013 et 2014 avec à la clé plus de 11 000 personnes. La BM avait conclu que si les pays touchés avaient eu accès au financement dès le début de l'épidémie, 9 victimes sur 10 seraient encore vivantes.

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