Dettes cachées : Accra en mode « Damage Control »

Après Maputo, c’est à Accra de gérer « les dommages collatéraux » suscités par la découverte d’un déficit caché de 1,6 milliard de dollars. En effet, le Ghana risque de subir un audit de ses comptes qui pourrait s’accompagner du gel du soutien du FMI comme c’est le cas actuellement au Mozambique. Des représentants du gouvernement ghanéen et du FMI devraient entamer des négociations concernant le sujet. Une situation qui pousse Accra à sonder d’autres bailleurs de fonds potentiels notamment les banques chinoises.
Amine Ater
La découverte de 1,6 milliard de dollar de dettes cachées dans les comptes publiques ghanéens devrait poussé le FMI à lancer un audit externe des registres publics ghanéens.

Accra s'apprête à faire face aux conséquences de la découverte d'un déficit caché de 1,6 milliards de dollars, occulté par l'ancien gouvernement. Selon Moody's investors Service, cette hausse non prévue du déficit du Ghana aura un impact sur la volatilité des devises et par ricochet pourrait augmenter les besoins en financement extérieur du gouvernement pour faire face aux arriérés de cette dette. Une découverte qui pourrait également peser sur la dette souveraine du pays.

Moody's reste confiant pour la croissance

L'agence de notation a par ailleurs évalué la dette à long-terme du Ghana à B3, soit 6 niveaux en dessous de pays comme le Salvador, le Pakistan ou encore l'Argentine. En clair, la dette ghanéenne devrait atteindre un taux record s'établissant à 76% du PIB. Ce qui représente une hausse de près de 5% depuis novembre 2016, mois où le taux était de 71,9%. Un indice qui devrait enregistrer une légère contraction en 2018, selon les estimations de Moody's.

Au niveau du marché des devises, le Cedi sera également impacté. La monnaie devrait s'établir à 4,45 contre un dollar en 2017, pour atteindre 4,55 contre un dollar en 2018. Il n'empêche que Moody's reste optimiste en terme de croissance prévisionnelle du Ghana. L'agence prévoit une accélération économique estimée à 6,5% en 2017 et 7,5% pour 2018, alors que la croissance était de 3,8% lors de l'exercice précédent.

Le FMI aura son mot à dire

Le Fonds monétaire international (FMI) observe également avec attention le développement de la situation à Accra. Le Ghana est actuellement sous le coup d'un programme de soutien de l'institution financière, conclu en 2015 pour une durée de 3 ans. Un apport du FMI qui vient rappelons-le, après que les revenus des produits comme le pétrole et l'or dont dépend le trésor public aient fondus impactés par une conjoncture défavorable conjugué à des dépenses publiques gonflées. Suite à cette découverte, Accra devra faire l'objet d'une vérification de ces dépenses non divulguées.

Les modalités exactes de cet audit seront négociées entre le gouvernement ghanéen et le FMI, le 15 février prochain à Washington. Le Ghana risque de se retrouver dans une situation pareille à celle Mozambique qui a vu le soutien du FMI gelé suite à la découverte de dettes cachées. Une démonstration de force du bailleur de fonds qui a obligé Maputo à se plier aux exigences du FMI et permettre un audit externe de l'ensemble de ses comptes.

Parallèlement aux « comptes » que devra rendre Accra à l'institution financière, le gouvernement ghanéen a de son côté lancé une enquête interne pour déterminer les conditions ayant conduite à l'occultation des 1,6 milliard de dollar. La probabilité de « représailles » de la part du FMI a poussé le gouvernement ghanéen a lancé des négociations avec la China Development Bank Corp. Une manière de diversifier les sources de financements du pays, mais aussi de rééquilibrer les négociations avec le FMI.

Amine Ater

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