Nigeria : les banques HSBC et UBS plient bagages et tournent le dos au géant africain

Les banques internationales, HSBC et UBS, ont décidé de fermer leurs représentations au Nigéria selon la Banque centrale. Aucune raison officielle n’a certes été donné mais cette décision qui intervient en pleine chute des investissements étrangers, intervient quelques semaines après une vive polémique entre le gouvernement de Buhari et HSBC sur les perspectives de l’économie nigériane en cas d’un second mandat pour le président sortant.
En septembre dernier, la présidence nigériane avait accusé HSBC de blanchiment d’argent à la suite d’un rapport de la banque internationale dans lequel, elle a estimé qu'un second mandat pour le président Buhari pourrait freiner la reprise économique du pays.
En septembre dernier, la présidence nigériane avait accusé HSBC de blanchiment d’argent à la suite d’un rapport de la banque internationale dans lequel, elle a estimé qu'un second mandat pour le président Buhari pourrait freiner la reprise économique du pays. (Crédits : Kevin Coombs)

C'est une mauvaise nouvelle pour le marché financier nigérian à un moment où l'économie de la première puissance du Continent retrouve des couleurs après près de deux ans de récession.

Selon une information rendue publique par la Banque centrale du Nigeria, CBN, les banques internationales HSBC Holdings Plc et UBS Group AG, ont décidé de fermer leurs bureaux de représentation au Nigéria. La CBN n'a pas détaillé les raisons officielles de ce départ, ni la date de la fin de leurs opérations dans le pays, et contacté par plusieurs médias, les directions des deux mastodontes ont refusé de commenter l'information publiée vendredi dernier.

Dans le rapport qui a accompagné l'annonce, la CBN a également annoncé que les investissements directs au Nigeria ont baissé alors même que parallèlement, le nombre de bureaux de représentation de banques étrangères est tombé à huit à la fin du mois de juin. Ainsi, au premier trimestre de l'année, les IDE reçus par le géant ouest-africain ont été estimés à 379,84 milliards de nairas soit environ 1,2 milliard de dollars, contre 532,63 soit 1,7 milliards de nairas à la même période de l'année précédente, soit une baisse de 29%.

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Malgré cette mauvaise passe, la banque centrale a pourtant estimé que les perspectives de l'économie nigériane pour le second semestre sont optimistes en raison notamment de la hausse des prix du pétrole et de la production. Cependant, elle a souligné que le poids de la dette extérieure ainsi que l'incertitude entourant l'élection présidentielle de 2019 constituaient des facteurs à risques.

Passes d'armes

Bien qu'aucun motif n'a été avancé pour justifier la décision des deux banques multinationales et multi-services, plusieurs faits de ces derniers mois, ont joué un rôle dans le départ de UBS et HSBC du Nigéria. Il y a quelques semaines, UBS avait par exemple estimé que le différend entre la banque centrale et la société de télécommunications sud-africaine MTN Group Ltd., sur le rapatriement de 8,1 milliards de dollars dans son pays, pourrait éroder la confiance des investisseurs dans le pays.

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Cependant, c'est avec la banque HSBC qu'une véritable passes-d'armes a eu lieu avec le gouvernement nigérian à la suite d'une note de la banque publié le 18 juillet. Dans le document, la banque a estimé qu'un second mandat du président Muhammadu Buhari, pourrait engendrer de nouveaux risques et même ébranler les perspectives économiques du pays, après un « premier mandat de stagnation de l'économie ». Le rapport a dressé un bilan peu flatteur du premier mandat, remettant en cause les progrès économiques, qui sont « limités », et anticipant « une nouvelle détérioration de la situation budgétaire », en particulier si rien n'est fait encore « pour réformer le système de taux de change ou pour procéder à des ajustements fiscaux qui peuvent diversifier les revenus du gouvernement ».

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Les services du président nigérian n'ont pas tardé à réagir et ont riposté à l'analyse de HSBC, qui a été même accusé par la présidence nigériane de blanchiment d'argent à hauteur de plus de 100 millions de dollars, déposés dans ses comptes par les dignitaires de l'ancien régime dictateur du général Sani Abacha. La présidence nigériane a ainsi estimé que HSBC, « n'avait aucun droit moral » de faire de telles « allégations », estimant que ce qui avait « tué l'économie du pays par le passé était le pillage sans limites des ressources de l'État par des dirigeants, qui ont été activement soutenu par des institutions du type HSBC ». La prise de bec s'est estompée car HSBC n'a pas voulu continuer dans la polémique, mais depuis, les relations de confiance ont pris un sacré coup.

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