Nigeria : la reprise confortée par des perspectives positives, un bon point pour Buhari

Le ministre des Finances du Nigeria et le directeur de la Banque centrale ont conjointement animé une conférence de presse, dimanche à Washington, en marge de leur participation aux AG de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Selon les deux responsables, le pays est en train de se remettre de la récession qu’il a traversée depuis 2015 et jusqu’en 2017. Avec un optimisme mesuré, Kemi Adeosun et Godwin Emefiele ont fait état de perspectives positives pour les prochains mois, ce qui constituera assurément un argument de campagne pour Muhammadu Buhari pour la présidentielle de 2019.
(De g. à d.) Kemi Adeosun, ministre nigériane des Finances, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, et Godwin Emefiele, gouverneur de Banque centrale du Nigeria, à leur arrivé à l'aéroport international Nnamdi Azikiwe d'Abuja, le 4 janvier 2016.
(De g. à d.) Kemi Adeosun, ministre nigériane des Finances, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, et Godwin Emefiele, gouverneur de Banque centrale du Nigeria, à leur arrivé à l'aéroport international Nnamdi Azikiwe d'Abuja, le 4 janvier 2016. (Crédits : Reuters)

C'est une bonne nouvelle que le président Muhammadu Buhari appréciera certainement à sa juste valeur, à quelques mois de la prochaine présidentielle (février 2019) où il se présentera pour un second et dernier mandat. Alors que son bilan sur le plan sécuritaire et de lutte contre la corruption reste assez maigre, les résultats enregistrés sur le plan économique sont plus parlants. C'est en tout cas ce que viennent de confirmer la ministre des Finances, Kemi Adeosun, et le gouverneur de la Banque centrale nigériane (CBN), Godwin Emefiele, lors d'une conférence qu'ils ont conjointement animée dimanche dernier à Washington, en marge des Assemblées générales de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Au cours de cette opération séduction, les deux responsables ont présenté l'évolution de la situation économique du pays ainsi que les «perspectives positives de croissance». A cette occasion, la ministre Kemi Adeosun n'a pas manqué de relever que la dynamique actuelle contrastait avec la situation de 2015, année de l'arrivée au pouvoir de Buhari et au cours de laquelle le Nigeria était entré en pleine récession avec une explosion de l'inflation, des réserves de change qui s'amenuisaient et le naira qui se dépréciait fortement face au dollar.

Aujourd'hui, le constat est tout autre, selon la ministre des Finances qui n'a pas caché son optimisme sur le maintien par le gouvernement fédéral de la nouvelle trajectoire prise par la croissance, laquelle est officiellement sortie de la zone rouge, il y a quelques mois. «Nous sommes convaincus que si nous mettons en œuvre avec diligence notre plan de relance économique, nous ferons croître l'économie», a assuré la ministre qui a souligné qu'il existe encore des marges pour renforcer accélérer les réformes structurelles.

«D'ici 2019, la croissance sera beaucoup plus robuste que son niveau actuel en 2018. Nous sommes donc très optimistes pour soutenir la croissance économique du Nigeria. Nous allons profiter de cette occasion pour accroître nos marges budgétaires, notamment en augmentant de façon significative notre base de revenus», a ajouté Kémi Adeosun, ministre des finances

La reprise se confirme donc, même si elle est encore lente. Mais pour le gouverneur de la CBN, le pays est sur la bonne voie, comme le confirment les prévisions de croissance de 2,5% pour cette année, avancées par le FMI et la Banque mondiale pour le Nigeria.

Godwin Emefiele a d'ailleurs révélé que les réserves de change du pays ont atteint 47,9 milliards de dollars et la Banque centrale continuera à les faire croître afin d'écarter tout risque de subir encore des chocs. «Si nous avions suffisamment de réserves, nous n'aurions pas subi les chocs de la récession», a indiqué le gouverneur qui a aussi assuré que des efforts concertés étaient en cours de mise en œuvre afin d'atteindre l'objectif de 80% d'inclusion financière d'ici à 2020.

Résilience, gouvernance et croissance inclusive

Lors de son intervention, la ministre a souligné que le gouvernement a réussi à renforcer la résilience macroéconomique du Nigeria, en particulier en révisant la composition de ses sources de financement, en reconstituant les réserves budgétaires, en renforçant les réserves de change et en se concentrant sur les stratégies de substitution des importations.

Kémi Adeosun a aussi réitéré l'engagement du gouvernement à maintenir le cap des objectifs poursuivis à travers la stratégie de relance économique et de croissance initiée par le chef de l'Etat. Il en sera de même en matière de renforcement de la gouvernance, notamment des entreprises publiques, ainsi que la rationalisation des dépenses publiques.

Elle a également annoncé les efforts consentis par le gouvernement fédéral afin de faire profiter les citoyens de cette reprise à travers notamment les filets sociaux mis en place. Dans ce cadre, Kémi Adeosun a confirmé que le gouvernement a effectivement recouvré une somme de plus de 322 millions de dollars du fonds Abacha provenant du gouvernement suisse et qui a été logée dans un compte spécial au sein de la CBN.

D'après ses explications, ces fonds ont été réservés au programme national de sécurité sociale du gouvernement. «L'objectif du projet national des filets sociaux de sécurité est de fournir aux ménages pauvres et vulnérables un accès à des transferts ciblés dans le cadre d'un système national élargi», a-t-elle fait savoir.

[Lire aussi : Nigeria : Buhari optimiste, mais prudent sur la fin de la récession]

Dans l'ensemble donc, les perspectives sont bonnes pour la première économie du Continent dont le ralentissement accentué, conjugué à celui de l'autre géant, l'Afrique du Sud, a fortement et négativement impacté la croissance africaine ces dernières années.

Pour le président Buhari surtout, lui qui a fait de la relance économique, la sécurité et la lutte contre la corruption les 3 défis prioritaires de son mandat, c'est un bon point en prélude aux prochaines élections. A condition évidement que le cap soit maintenu et renforcé et en veillant à ce que les fruits de cette relative embellie profitent aux Nigérians qui savent plus que partout ailleurs que la croissance ne se mange pas...

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