La multinationale Gemalto, un des leaders mondiaux de la sécurité numérique, continue son expansion africaine avec le contrat de prestation de services qu'elle vient de remporter au Niger pour la réalisation du premier fichier biométrique électoral du pays. La multinationale a remporté l'appel d'offres lancé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et après plusieurs mois de négociations pour définir les conditions du marché, le contrat final a été officiellement signé le mercredi 20 février à Niamey entre le président de la CENI, Issaka Sounna, et le représentant de Gemalto, Jean Michel Dovieb, en présence du ministre des Affaires étrangères, Kalla Ankourao, et son homologue de l'Intérieur, Bazoum Mohamed, qui représentent l'Etat du Niger.

«C'est un pas décisif dans l'organisation des prochaines échéances électorales», s'est réjoui lors de la cérémonie de signature, le président de la CENI nigérienne qui a reconnu que «l'élaboration d'une liste électorale biométrique est un processus complexe, coûteux et chronophage». Un avis partagé par le représentant de Gemalto qui a toutefois fait savoir que l'opérateur technique mettre tout en œuvre pour réaliser le registre électoral biométrique dans les délais. «Nous avons pris toute la mesure des enjeux et nous prendrons toutes les dispositions pour réussir ce processus et satisfaire ses exigences», a déclaré Jean Michel Dovieb.

Meilleure offre financière

C'est à la suite d'un processus de sélection qui a été étalé sur plusieurs mois que Gemalto s'est vu confier la réalisation du premier fichier biométrique du pays. Au départ, près de 18 opérateurs avaient manifesté leurs intérêts. Au final, deux opérateurs ont été sélectionnés pour présenter leurs offres en raison des critères techniques, du coût et du délai imparti pour l'opération. Gemalto était en concurrence avec Idemia, un autre poids lourd du marché. Gemalto a présenté une offre financière de 19,6 milliards de Fcfa, et IDEMIA a proposé une offre de 38,6 milliards. Au final, la multinationale de droit néerlandais a été retenue en raison notamment du fait qu'elle a présenté l'offre la moins disante.

Après quelques mois de négociations, la CENI et Gemalto sont parvenus à un accord final et l'opérateur va désormais exécuter l'enregistrement biométrique des électeurs et l'établissement des cartes d'électeurs. Le montant final de la prestation n'a pas été divulgué, mais selon le budget estimatif des autorités, il devrait se situer entre 45 et 50 milliards de Fcfa.

Course contre la montre

Le choix de l'opérateur technique pour l'établissement du fichier biométrique est un grand pas dans la préparation des élections générales de 2020 et 2021 au Niger. Le pays avait envisagé par le passé de disposer d'un fichier biométrique électoral. Mais au regard du coût de l'opération, l'idée a été abandonnée jusqu'en 2017, au lendemain des élections générales de 2016 qui ont permis de relever plusieurs failles dans le fichier électoral classique. La loi électorale a ainsi été révisée en 2017 pour permettre la réalisation d'un registre biométrique.

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A deux ans des prochaines échéances, le défi est de taille pour Gemalto qui va devoir engager une véritable course contre la montre pour être au rendez-vous fixé dans le cahier des charges. En presque dix-huit mois, l'opérateur va devoir recruter et former près de 5 000 agents, déployer son matériel sur un pays vaste de 1 287 000 kilomètres carrés, recueillir les données, les traiter et enfin établir le fichier national et les cartes électorales.

Au final, il est attendu un «fichier électoral biométrique consensuel et fiable», un autre pari difficile puisque le processus électoral est actuellement plombé par une crise politique entre pouvoir et opposition. Cette dernière qui continue de boycotter la CENI et le nouveau code électoral adopté en 2017 n'a pas pris part au processus de sélection de l'opérateur technique en charge de la réalisation du fichier électoral biométrique et accuse déjà la majorité présidentielle de faire cavalier seul.

Pour cette première expérience au Niger, Gemalto compte sur l'expérience acquise en Afrique dans le domaine de la biométrie pour relever tous les défis. Sur le Continent, l'opérateur a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays avec Coesys, sa solution d'enrôlement et de vérification d'identité biométrique qui a été déployée pour la modernisation du registre électoral en Guinée, après le Bénin, le Burkina Faso, le Gabon et les Comores. Le groupe qui a son siège à Amsterdam est présent dans plusieurs pays africains où il offre des services de e-gouvernement au Gabon, en Afrique du Sud, en Côte d'Ivoire, au Maroc, au Nigeria, en Algérie ou en Tunisie, à travers ses bureaux basés à Johannesburg, Rabat, Libreville et Abidjan. Basée à Amsterdam aux Pays-Bas, la multinationale de droit néerlandais emploie près de 15 000 salariés à travers une cinquantaine de pays, et des clients dans plus de 110 pays. En 2018, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros selon les résultats du groupe publié le 14 février dernier, et en mars prochain, Gemalto tombera dans l'escarcelle d'une autre multinationale française, le géant Thales.