Pour EXX Africa, les avancées économiques enregistrées en Djibouti sont trompeuses quant au potentiel d'investissement du pays. Dans son rapport spécial consacré aux perspectives d'investissements du pays, rendu public le 24 mai dernier, la société de renseignements spécialisés revient en détail sur ce qu'elle appelle «le mirage du succès économique» de ce pays de la Corne de l'Afrique.

EXX Africa révèle que le pays apparaît comme une destination d'investissement attractive et jouit d'une stabilité politique «apparente» qu'il tire de la présence de plusieurs bases militaires étrangères sur son territoire et son exposition relativement faible aux menaces régionales de sécurité.

«La situation stratégique de Djibouti, à proximité des voies de navigation les plus empruntées du monde, contrôlant l'accès à la Mer rouge et à l'Océan indien, continue à attirer des investisseurs étrangers africains, occidentaux, asiatiques et du Golfe, en particulier dans les secteurs de la marine, de la construction, de l'aviation, du carburant et de la défense», précise EXX Africa qui fait un zoom sur les atouts du pays.

Cependant, ajoutent agit par exemple de l'annulation d'une concession de terminal portuaire il y a deux mois, du favoritisme du gouvernement vis-à-vis de ses partenaires de développement préférés et du caractère de plus en plus nationaliste des autorités.

«Ces interventions sont susceptibles de dissuader d'autres investissements étrangers dans le secteur des services, alors que les ressources naturelles de Djibouti sont négligeables», indique EXX Africa.

«Du fait que l'économie du secteur public boursouflée de Djibouti dépend d'une survie financière assurée par les puissances régionales et qu'elle n'a pas su se diversifier par rapport au secteur des services portuaires, le potentiel d'investissement du pays est en réalité plutôt limité. Par ailleurs, les interventions nationalistes dans l'économie et l'affaiblissement de la stabilité politique indiquent que l'image actuelle du potentiel d'investissement de Djibouti est surfaite et non durable», ajoute-t-on.

La politique, l'autre handicap

Le contexte politique en Djibouti est l'autre handicap réel aux investissements dans le pays. EXX Africa relève qu'avec le boycott des élections locales et les exigences de réformes par l'opposition au président djiboutien qui rempile un quatrième mandat, le pays n'est pas aussi calme.

«Les forces de sécurité ont adopté une approche sévère pour réprimer les militants et les activistes de l'opposition. En réprimant la liberté d'expression et les droits politiques, le gouvernement a intensifié les allégeances à des clans indisciplinés et a augmenté les perspectives d'une insurrection armée. L'absence de clarté sur la succession présidentielle entraîne également des rivalités internes et gêne les perspectives d'une politique à long terme», analyse EXX Africa dans son rapport spécial sur Djibouti.