Djibouti : la base chinoise inquiète le Pentagone

Les responsables militaires américains ne cachent pas leur inquiétude suite au lancement effective de la base militaire chinoise à Djibouti. Une présence qui pourrait faire craindre pour la suprématie militaire américaine en Afrique incarnée par Africom.
Amine Ater

L'ouverture de la première base militaire outre-mer chinoise à Djibouti fait grincer des dents du côté de Washington. En effet, pour le Pentagone la base de Djibouti sera probablement, « la première de beaucoup » de camps que Pékin compte construire au niveau mondial, ce qui pourrait exacerber les tensions entre les deux puissances mondiales.

Simple base d'attache pour Pékin

Les responsables sécuritaires et militaires américains ont déjà alerté leur hiérarchie et leurs alliés sur la rapidité de l'effort de modernisation de l'appareil militaire chinois entreprise par Pékin lors de la dernière décennie, notamment au niveau de l'aéronavale. L'Armée de libération populaire a rappelons-le annoncé la mise en place effective d'une base de soutien logistique à Djibouti en juillet dernier.

Selon les autorités militaires chinoises, cette base aura pour mission de servir de base d'attache aux missions humanitaire et de maintien de la paix en cours actuellement en Afrique et en Asie occidentale. La base devrait également servir pour des exercices militaires ou des évacuations d'urgence comme celle des ressortissants chinois évacués du Yémen par la marine chinoise.

En plus de faire son entrée dans le club des pays détenant une base à Djibouti, les américains redoutent également un renforcement des revendications territoriales de Pékin dans la mer de Chine méridionale, les relations avec Taïwan ou encore la promotion de son programme commerciale « One Belt, One Road ».  Des sujets qui représentent autant de motifs de friction entre Pékin et Washington.

Du soft au hard power ?

Bien que les autorités chinoises s'en défendent, les Etats-Unis craignent que la multiplication des bases militaires chinoises ne puisse concurrencer Africom (état-major de l'armée américaine chargée de l'Afrique). Pékin dispose à ce jour d'unités militaires détachées au maintien de la paix au Sud-Soudan et au Mali. Une région où la présence chinoise date de la guerre du Darfour, où les militaires chinois sécurisaient les exploitations de pétrole des opérateurs chinois. Un soutien qui a permis de maintenir le rythme de production de ses unités en pleine guerre.

Ce renforcement des capacités militaires chinoises au niveau africain, fait également craindre aux hauts commandement américain pour sa suprématie continentale, sachant que même les parapluies militaires français et anglais sont conditionné au soutien logistique américain. Preuve en est, les dernières interventions en Libye et au Mali qui ont été marquées par le support logistique américain sans qui ses opérations n'auraient pas pu se faire, la dernière décennie a également été marquée par la multiplication de « Black Ops », menées par les commandos et drones américains entre le Sahel, l'Afrique de l'Est et La région du Lac du Tchad.

Pour le Pentagone, le pire scénario serait que Pékin choisisse de mettre en place au niveau africain, une approche militaire calquée sur sa stratégie économique et qui pourrait déboucher sur une présence militaire chinoises, en Angola, en RDC, au Niger, en Ethiopie... Pour l'heure, Pékin ne détient que la base de Djibouti, un pays qui connait une forte concentration de troupes étrangères (françaises, émiraties, américaines, japonaises et allemandes) et dont les installations portuaires sont stratégiques pour les exportations éthiopiennes en direction de Chine.

Bien que les craintes américaines dépassent de loin les capacités réelles de l'appareil militaire chinois hors de sa zone naturelle, l'attractivité de Pékin au niveau africain pourrait déboucher sur l'installation de détachements militaires dans des zones marquées par l'instabilité et dont les gouvernements concernés ne verraient pas d'un mauvais œil cette présence. Reste à savoir quels seront les premiers mouvements africains au niveau militaire post-Djibouti.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 11/10/2017 à 10:21
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Comment faire autrement qu'applaudir l'arrivée de la Chine pour contrebalancer le poids américain qui, de toute évidence, ne s'est pas rendu compte que l'âge du colonialisme est bien révolu. Pour l'instant, l'on se demande si la marque de racisme Tru...

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