Tchad : l'Etat recule sur la réduction des salaires dans l'Administration

Le front social a finalement eu raison de la décision gouvernementale. Une semaine après l’annonce d’une coupe dans les salaires des fonctionnaires, l’Etat tchadien s’est rétracté face à la levée de boucliers des syndicats qui ont bruyamment fait entendre leur désapprobation du projet parfois même qualifié de « sadique ». Le cabinet d’Idriss Deby est désormais à la recherche d’une autre piste pour tenter de contrecarrer la conjoncture économique difficile dans le pays.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Les fonctionnaires tchadiens peuvent à nouveau souffler. Face à la virulente bronca des syndicats, le gouvernement tchadien a finalement décidé ce mercredi 10 janvier de renoncer à son projet d'abattement des salaires dans l'administration publique. Une victoire de la plateforme syndicale revendicative menée par l'Union des Syndicats du Tchad, qui n'avait pas hésité à qualifier la mesure gouvernementale de « sadique ».

Une coupe des salaires justifiée par l'austérité

L'année 2018 promettait d'être particulièrement mouvementée sur le front social avec les menaces de grèves paralysantes des différentes centrales syndicales. Aux prises d'une crise économique et financière alimentée par la chute des cours du pétrole, le gouvernement tchadien avait été placé sous cure d'austérité par le Fonds monétaire international (FMI). L'institution de Bretton Woods lui demandait de ramener de 378 à 348 milliards de FCA, la masse salariale qui a motivé une demande de prêt auprès du Cameroun, dans l'objectif de réduire son déficit budgétaire.

Et pourtant, malgré les efforts, ni la réduction de la voilure de l'équipe gouvernementale, ni le rabotage du budget de l'Etat n'ont résorbé une crise alimentée par la chute des cours du pétrole et exacerbée par les dépenses militaires consacrées à la lutte contre le terrorisme et la mauvaise gestion des recettes. Une situation pour laquelle le gouvernement avait fini par établir une feuille de route comprenant 16 mesures d'urgence.

Parmi ces mesures, le gouvernement a annoncé au cours de la semaine dernière, une disposition législative visant à un abattement échelonné compris entre 5 et 45% sur les salaires des fonctionnaires en fonction de la fiche de paie. Mais l'annonce de la mesure a provoqué une levée de boucliers des syndicats qui l'ont énergiquement rejetée. Ils ont finalement obtenu gain de cause!

A la recherche d'une solution pour relancer l'économie

Désormais, la patate chaude est entre les mains du gouvernement qui devra trouver une autre voie pour réduire le déficit et remettre le pays sur les rails économiques. Le plan quinquennal de développement (PND), porté par un Idriss Deby résolument engagé dans la multiplication des partenaires internationaux, nécessite jusqu'à 5 500 milliards de francs CFA et représente la dernière bouée de sauvetage du gouvernement.

Malgré la réduction des primes, la masse salariale va continuer d'être un poids. La marge de manœuvre du gouvernement est donc étroite. De la parade que le gouvernement va trouver, dépend l'avenir économique du pays.

Ibrahima Bayo Jr.

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