Tchad : Déby réduit son gouvernement de 37 à 24 membres pour braver la crise

Le président tchadien a procédé, dimanche dans la soirée, à un profond remaniement de l’équipe gouvernementale. De 37 ministres, la nouvelle équipe est désormais composée de 24 membres dont une vingtaine de départs et une dizaine de nouveaux entrants. La principale mission du nouveau cabinet sera de surmonter la conjoncture que traverse le pays depuis quelques années en raison de la chute des cours du pétrole et de préparer la réforme constitutionnelle en cours.

C'est à une véritable cure de l'équipe gouvernementale que le président Idriss Déby Itno a procédé dans la soirée de ce dimanche 24 décembre à l'occasion d'un profond remaniement ministériel qui s'annonce comme un cadeau de noël pour le pays. De 37 ministres dans l'ancienne équipe, le nouveau gouvernement n'est composé que de 24 maroquins y compris deux secrétaires d'Etat et un secrétaire général du gouvernement.

D'après le décret lu à la télévision nationale, la nouvelle équipe du premier ministre Albert Pahimi Padacké, qui a été maintenu à son poste, est composée de 18 hommes et 9 femmes avec 19 départs et 8 entrants. Plusieurs départements ministériels changent de responsables mais aussi de dénomination avec des départs emblématiques, des jeux de chaises musicales mais aussi le retour d'anciens ministres tombés en disgrâce depuis quelques années.

Les départs les plus significatifs concernent par exemple Ahmat Mahamat Hassan au ministère de la Justice et des droits humains, qui est remplacé par celui qui occupait jusque-là  le poste de secrétaire général de la Présidence de la République, Djimet Arabi, ancien conseiller juridique du chef de l'Etat tchadien. Autres départs, Bachar Ali Souleymane à l'administration du territoire et la bonne gouvernance ou Ahmat Bachir au ministère de la sécurité publique. Ces deux derniers ministères fusionnent d'ailleurs pour laisser la place à un ministère de l'Administration du territoire, de la sécurité publique et de la gouvernance locale désormais chapeauté par Ahamadaye Abdelkérim Bokit. Le chef de la diplomatie en poste Hissein Brahim Taha cède aussi son poste à Mahamat Zene Cherif, jusque-là 'ambassadeur du Tchad à Addis-Abeba, en Ethiopie.

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Au ministère des finances et du budget, c'est  Abdoulaye Sabre Fadoul, qui a hérité du poste. Il assumait jusque-là le maroquin de secrétaire général du gouvernement, chargé des réformes et du dialogue avec l'assemblée nationale. Un ancien ministre, Aziz Mahamat Saleh, quitte le cabinet du premier ministre pour retrouver le gouvernement à la tête du ministère de la santé. Le cinéaste Mahamat Saleh Haroun à la tête du ministère du Développement touristique, de la culture et de l'artisanat est maintenu dans le gouvernement avec un changement de dénomination de son département qui s'agrandit et prend désormais le titre de ministère de la Jeunesse, du Tourisme, de la Culture, des Sports et de l'Artisanat.

Gouvernement de crise et de réformes politiques

Le remaniement ministériel était attendu depuis quelques mois. Depuis le dernier changement significatif en juillet dernier, des départs ont en effet été enregistrés à la tête de plusieurs ministères en raison notamment de divers scandales et dans le cadre de la moralisation de l'administration publique que prône désormais le président Déby. Certains ont été changés et d'autres gérés depuis par intérim. Cependant, ce profond chamboulement obéit à d'autres considérations.

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D'une part, il s'agit de faire face à la conjoncture économique dans laquelle est plongé le pays depuis 2014 avec la baisse des cours du pétrole et qui a provoqué une crise sociale et d'autre part gérer le délicat dialogue politique initié par le chef de l'Etat et qui devrait aboutir à une nouvelle modification de la constitution. Deux dossiers sur lesquels la nouvelle équipe est attendue avec un climat sociopolitique des plus tendus et surtout une crise économique qui est encore loin de tirer son épilogue en dépit de quelques signes positifs ces derniers mois.

Le nouveau gouvernement va devoir également gérer les menaces sécuritaires auxquelles le pays fait face notamment Boko Haram au sud-ouest, la crise centrafricaine au sud et la poudrière libyenne au nord-ouest. Sans oublier de veiller à redorer l'image du pays qui a été dernièrement ternie par plusieurs rapports d'ONG internationales sur des scandales financiers impliquant le régime et la crise diplomatique avec les USA provoquée par l'inscription du Tchad sur la liste des pays frappés par le « muslim ban » de l'administration Trump.

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