Macroéconomie : Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, RDC… Les systèmes africains en mode résilience

Croissance, inflation, solde budgétaire… En dépit de la conjoncture mondiale défavorable, les pays africains devraient afficher une certaine résilience en 2023 et 2024, après une année de ralentissement, selon la toute première étude sur les performances et perspectives macroéconomiques du continent.
(Crédits : DR)

En 2023, le continent africain pourrait enregistrer une croissance moyenne de l'ordre de 4%, en légère hausse comparé à 2022 (3,8%), une année marquée par le ralentissement en raison du cocktail de chocs intérieurs et extérieurs avec lesquels les pays ont dû composer. Ces pronostics, qui sont en ligne avec l'optimisme du Fonds monétaire international (FMI) pour la région -en dépit de la récession attendue dans un tiers des économies du monde, émanent de la Banque africaine de développement (BAD) qui a publié ce 19 janvier le tout premier rapport sur les performances et perspectives macroéconomiques de l'Afrique, une étude qui sera réalisée deux fois par an avec comme cibles les décideurs et investisseurs internationaux, ainsi que tous les partenaires du développement du continent.

Les auteurs de l'étude rappellent toutefois que la performance économique du continent depuis l'an dernier est supérieure à la croissance moyenne de 2,9 % enregistrée en 2019, soit avant que ne surviennent les différents chocs qui feignent d'alourdir la machine du développement depuis trois an. Entre autres, la pandémie de Covid-19, les conflits en cours dans plusieurs pays africains, le conflit russo-ukrainien et ses incidences sur les chaines d'approvisionnement et les prix des matières premières.

Selon l'étude, les principaux indicateurs macroéconomiques sont attendus au vert pour plusieurs pays en 2023 et 2024. Le Niger et le Sénégal devrait dégager une croissance moyenne de 9,6% et 9,4%, tandis que l'inflation devrait y être faible, de 2,9% et 3,1%. La Côte d'Ivoire (7,1% et 3,1%), le Bénin (6,9% et 2%), le Togo (6,3% et 3%) devraient également connaitre une bonne croissance économique avec un faible niveau d'inflation sur les deux prochaines années.

« Le continent se porte bien malgré tout. Après la contraction de la croissance du PIB réel l'année dernière, les chiffres attendues n'ont pas seulement l'air positifs, mais peuvent vraiment rendre fiers. Le continent va de l'avant », a commenté le professeur Kevin Urama, Vice-président et économiste en chef de la BAD lors d'un point de presse hybride organisé ce jeudi.

L'inflation en question

Ces pays réaliseraient une performance exceptionnelle en termes d'inflation, car après un taux moyen continental de 13,8% en 2022, ce dernier devrait descendre 8,8%. En revanche, plusieurs pays africains bien qu'affichant une croissance au-dessus des 6%, devraient faire face à une forte inflation. C'est le cas de la République démocratique du Congo (RDC) où le PIB devrait bondir de 6,8 en moyenne sur les deux ans, mais l'inflation moyenne serait de 7,7%, contre 13,1% au 31 décembre 2022. Pire, l'Ethiopie pourrait gérer en moyenne 24,1% d'inflation.

Certaines économies dont la croissance n'est pas attendue extraordinaire, devraient cependant composer avec une inflation moyenne explosive : le Zimbabwe (120,4%), le Soudan (78,7%), la Sierra Leone (24%) ou encore le Ghana (19,5%).

En Afrique centrale en général, l'inflation devrait être plutôt maitrisée, sauf à Sao Tomé et Principe (11,3%), tandis que la Guinée équatoriale devrait rester en récession (-7,5% en moyenne sur les deux ans).

En termes de balance du compte courant et de solde budgétaire, le continent devrait faire mieux avec un déficit moyen respectif de 1,6% -grâce à une amélioration des balances commerciales résultant d'une hausse des exportations de produits de base- et de 4,3%, grâce à une meilleure performance des recettes. Sur ces deux indicateurs, l'Angola, la RDC, Djibouti, l'Erythrée, le Soudan du Sud et le Zimbabwe devraient s'en sortir avec des excédents sur les deux années.

L'Est, l'Ouest et le Centre mènent globalement le jeu

Dans le découpage sous-régional, l'Afrique australe est celle qui présente le moins de solidité sur la période, tandis que l'Afrique de l'Est dispose des agrégats les plus solides, avec une croissance pronostiquée au-dessus de 5%, quand l'Afrique de l'Ouest et Centrale devraient être au-dessus de 4%. Idem pour le Nord qui pourrait cependant fléchir 3,4% en 2024.

Au regard de ces données, le président de la BAD, Akinwumi Adesina a une nouvelle fois appelé à « l'unité » des pays africains et de leurs partenaires, afin de tirer parti de ces « bonnes perspectives » pour favoriser l'atteinte des objectifs de développement.

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