Cacao : la Côte d’Ivoire et le Ghana font appel à la BAD pour financer un projet de chocolateries

Dans le cadre de leur coopération bilatérale autour du cacao, la Côte d’Ivoire et la Ghana, les deux plus grands producteurs au monde, sont en train d’affiner leur stratégie. Les deux économies entendent désormais mettre le cap sur la transformation locale de la matière et sollicitent le financement de la BAD.
Ristel Tchounand
La Côte d'Ivoire et le Ghana assurent quelque 60% de la production mondiale de Cacao.

C'est le ministre ghanéen de l'Alimentation et de l'agriculture, Owusu Afriyie Akoto, qui l'a révélé hier, mercredi 20 septembre, au quotidien d'Etat Daily Graphic, s'adressant à la presse locale pour la première fois depuis son retour d'Abidjan, où il a assisté du 4 au 9 septembre au Forum sur la révolution verte en Afrique. Le Ghana et la Côte d'Ivoire ont conjointement sollicité la Banque africaine de développement (BAD) pour le financement d'un projet de chocolateries locales.

Sous forme de prêt et à hauteur de 1,2 milliard de dollars, cet enveloppe devrait servir à la mise en place d'«entrepôts et d'installations de fabrication de chocolat», d'après la même source. Un projet qui s'inscrit directement dans la logique du Forum dont l'édition 2017 était placée sous le thème de l'«Accélérer la marche de l'Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance d'économies inclusives et à la création d'emplois à travers l'agriculture».

Encourager la consommation de chocolat local

D'après Afriyie Akoto, l'appel des deux pays au financement de la BAD vise à garantir la réalisation de ce projet, chose que les deux Etats à eux seuls ne peuvent réussir aujourd'hui, vu l'impact lourdement négatif de la baisse des cours du cacao sur leurs budgets respectifs. Selon le ministre, le Ghana et la Côte d'Ivoire perdent chacun près de 2 milliards de dollars par an en raison de la chute des cours du cacao. L'objectif est donc d'apporter une valeur ajoutée à la matière première et d'encourager la consommation de chocolat local, a-t-il souligné.

Pour pallier les dommages collatéraux de la chute des cours du cacao, le Ghana et la Côte d'Ivoire -représentant 60% de la production mondiale- approfondissent leur coopération dans le domaine depuis avril dernier. Ils ont, dans ce sens, formé un comité technique conjoint dédié à la réflexion sur les meilleurs moyens d'optimiser leur stratégie afin de sauver le secteur face à la difficile conjoncture qui prévaut.

Chacun des deux pays se bat pour sortir la tête de l'eau. Le Ghana annonçait en juillet dernier un objectif de production de 1,5 million de tonnes par an d'ici quatre ans. A cet effet, le Ghana Cocoa Board, l'autorité nationale de régulation du secteur, vient d'emprunter 1,3 million de dollars à un consortium de 25 banques pour financer la production de la saison 2017-2018.

De son côté, la Côte d'Ivoire annonçait début septembre une prévision de production record de 2 millions de tonnes au terme de la campagne en cours. Mais parallèlement, le numéro 1 mondial en la matière lutte actuellement contre le swoollen shoot, un virus qui attaque la pousse du cacao et qui aurait déjà infecté 100 000 ha de café et cacao, selon le Conseil du café-cacao. Un plan de destruction et de restauration sur la période 2017-2022 va être déployé, mais la question reste un véritable défi pour la filière.

Il est indéniable qu'en tant que fournisseurs majoritaires de cacao au monde, le Ghana et la Côte d'Ivoire bénéficieraient énormément de la mise en place de chocolateries. Si pour l'heure les détails liés au projet restent encore confidentiels, l'initiative serait certainement acclamée par les défenseurs d'une transformation locale des matières premières agricoles notamment, à commencer par le président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui déclarait récemment : «Les économies les plus résilientes sont aussi celles qui valorisent sur place leurs produits bruts».

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 21/09/2017 à 18:50
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Ces genres d'initiatives devraient-être prises depuis bien longtemps sans même le concours de la BAD. Toujours à vouloir produire la matière première sans investir dans transformation qui est la véritable richesse(valeur ajoutée).

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