Mauritanie : des élections à multiples enjeux pour le président Abdel Aziz et l’opposition

Les mauritaniens votent ce samedi 1er septembre, pour le premier tour des élections législatives et locales. Plus de 1,4 million d’électeurs sont attendus pour départager les 98 formations en lice pour les différents sièges en jeu. Après le boycott de 2013, l’opposition compte ratisser cette fois large et ainsi contrecarrer les ambitions d’un troisième qu’on prête au président Abdel Aziz dont le mandat s’achève en avril 2019.
(Crédits : AMI)

C'est jour d'élections en Mauritanie. Depuis ce matin, 1.400.663 inscrits sur les listes électorales procèdent à l'élection des députés, des conseillers régionaux et municipaux. Un triple scrutin qui voit la participation de 98 partis politiques, dont ceux de l'opposition, qui a boycotté les législatives de 2013. Les opérations ont débuté, aux premières heures de la matinée, dans les 4035 bureaux de vote répartis dans le vaste et désertique pays et c'est dans un bureau de Nouakchott, que le président Mohamed Abdel Aziz a accompli son devoir civique en compagnie de sa femme.

« Au début des premières heures de cette journée électorale bénie, je saisis cette opportunité pour féliciter le peuple mauritanien pour l'atmosphère dans laquelle s'est déroulée la campagne électorale préparatoire de ces scrutins parlementaires municipaux et régionaux marqués par le calme et la discipline au sein de la démocratie réussie. Il s'agit inchallah d'un succès pour le peuple mauritanien », a confié à l'agence officielle AMI, le président Mohamed Abdel Aziz, après avoir accompli son vote.

Jusqu'en début d'après-midi, les opérations se déroulaient dans le calme avec une participation relativement importante selon les premiers constats des observateurs et médias venus couvrir l'événement.

Lire aussi : Mauritanie : face au président Abdel Aziz, Bouamatou appelle à la « désobéissance civile » et affiche ses ambitions

Un test pour la présidentielle de 2019

Le scrutin se déroule dans un contexte politique des plus incertains. Il intervient une année après le référendum constitutionnel controversé initié par le chef de l'Etat, mais surtout à moins d'un an de la prochaine élection présidentielle d'avril 2019. Après deux mandats légaux, le président sortant ne pourrait en principe plus se représenter conformément à la Constitution, même si le référendum de 2017 lui offre une nouvelle brèche pour se maintenir au pouvoir. C'est du reste l'un des plus grands enjeux de ce triple scrutin d'autant qu'au cours de la campagne électorale, Mohamed Abdel Aziz, a savamment entretenu le doute sur ses ambitions. « Ceux qui parlent souvent de troisième mandat doivent d'abord gagner les législatives et permettre à l'UPR d'obtenir une majorité écrasante au Parlement, car cette majorité est indispensable pour continuer la réalisation de nos projets », a-t-il par exemple affirmé lors d'un meeting électoral de son parti, l'Union pour la République (UPR). Des propos qui amplifient la polémique surtout que les partisans du chef de l'Etat multiplient les appels pour un nouveau mandat pour le président, « afin de finir le travail commencé en 2009 ».

Pour le président Abdel Aziz et la majorité, ces élections doivent donc servir de grand test pour s'assurer une victoire confortable, ce qui lui ouvrirait le boulevard pour prolonger son bail présidentiel.

L'opposition en embuscade

C'est justement cette ambition que les partis de l'opposition comptent contrecarrer en participant massivement aux élections législatives. A défaut de pouvoir mettre le président en cohabitions, l'opposition entend faire un score honorable qui illustrera le rejet par la population du régime actuel. Bien qu'elle prend part à ce scrutin en ordre dispersé, les principales coalitions de l'opposition affichent également de grandes ambitions pour ces élections et surtout les législatives. Dans un "appel à la résistance", publié à la veille du scrutin, l'ancien allié du chef de l'Etat, le milliardaire Mohamed Ould Bouamatou, a ainsi appelé à "un raz de marré électoral" en faveur des candidats de l'opposition afin de "barre la route à la dictature".

Après une campagne électorale particulièrement tendue mais qui s'est déroulée de manière générale dans le calme, les résultats des élections du 1er septembre, détermineront le rapport des forces entre la majorité et le pouvoir, à moins d'un an de la présidentielle où tous les scénarios sont encore possibles.

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