Mauritanie : plébiscite pour Mohamed Ould Abdel Aziz

Avec 85% des électeurs qui se sont prononcés en faveur du « Oui » et 53,73% de taux de participation au référendum constitutionnel du samedi 5 août dernier, c’est presque un plébiscite pour le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Le scrutin a certes été largement boycotté par la coalition de l’opposition et la société civile qui dénoncent un passage en force. Mais pour les autorités mauritaniennes, le taux de participation témoigne de l’adhésion du peuple à l’initiative du chef de l’Etat dont les principales mesures consisteront en la suppression du Sénat, l’instauration de conseils régionaux et l’ajout de deux bandes rouges au drapeau nationale.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz peut supprimer le Sénat et ajouter deux bandes rouges au drapeau national. Les Mauritaniens viennent en effet d'approuver largement le projet de révision constitutionnelle initié par le chef de l'Etat et soumis au référendum le samedi 5 août dernier. Selon les résultats provisoires communiqués dans la soirée de ce dimanche  par la commission électorale nationale indépendante (CENI), sur les 1 389 092 d'électeurs inscrits sur les listes, 746 655 se sont prononcés lors du référendum du samedi, soit un taux de participation de plus de 53%. Sur les deux questions auxquelles les Mauritaniens étaient appelés à se prononcer, suppression du Sénat et modification de certaines dispositions de la constitution, le «oui» a recueilli plus de 85,61% des suffrages.


«Ces résultats montrent que, s'agissant du Projet de loi constitutionnelle référendaire portant révision de l'article 8 de la Constitution du 20 juillet 1991, sur 1 389 092 électeurs inscrits, 746.655 ont voté et sur ce nombre, 584 084 ont voté "OUI" contre 68124 "NON", alors que pour le Projet de loi constitutionnelle référendaire portant révision de certaines dispositions de la Constitution du 20 juillet 1991 le "OUI" a remporté 573 935 voix contre 67 146». Abdallahi Ould Soueid Ahmed, président de la CENI

Les résultats seront transmis au Conseil constitutionnel qui va statuer définitivement selon le président de la commission des sages de la CENI, Abdallahi Ould Soueid Ahmed, qui a fait preuve de leur «grande satisfaction pour les conditions d'organisation dans lesquelles cette consultation s'est déroulée».

Réforme contestée

Avec ces résultats et surtout le taux de participation, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a donc gagné son pari. Si les détails des résultats laissent apparaître plusieurs disparités entre les villes et les régions, dans l'ensemble, c'est presque un plébiscite pour le chef d'Etat mauritanien qui a fait de ce référendum contesté, une question d'honneur.

Le projet de révision constitutionnelle avait en effet  été retoqué par le Sénat, mais le président Ould Abdel Aziz a décidé de passer outre en convoquant directement le peuple au référendum. Le scrutin a été boycotté par la presque totalité des partis de l'opposition et de la société civile et une seule formation a fait campagne pour le «non».

La campagne électorale a été émaillée par plusieurs incidents et des violences électorales lors des manifestations publiques organisées par l'opposition qui a tenu, dimanche dernier, à dénoncer ce qu'elle appelle «une farce électorale qui a ouvert la voie à une fraude encore plus vaste». Au lendemain du scrutin, la coalition de l'opposition et des structures de la société civile ont en tout cas annoncé qu'elles rejetaient les résultats issus de ce référendum.

Les détracteurs de la réforme constitutionnelle s'inquiètent en effet que cela ne soit pas un truchement pour l'ancien général de vouloir rempiler pour un troisième mandat, alors que constitutionnellement, son second et dernier mandat arrive à échéance en 2019. Arrivé au pouvoir en 2008 à la faveur d'un coup d'Etat, élu en 2009 puis réélu en 2014, l'ancien général fait toujours mystère de ses ambitions, même si rien dans la réforme constitutionnelle n'ouvre la voie à cette fin.

La balle est donc désormais dans le camp de Mohamed Ould Abdel Aziz qui va devoir entériner la mise en œuvre des nouvelles dispositions constitutionnelles d'ici la fin de son mandat, dans un contexte politique encore très tendu à l'issue du référendum et qui devrait s'amplifier davantage, au fur et à mesure que s'approche le scrutin présidentiel de 2019.

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